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Euro 2016 : Lille sur le qui-vive avant le match Russie-Slovaquie

Après les violences à Marseille, le dispositif de sécurité a été revu à la hausse à Lille, qui accueille mercredi la rencontre entre la Slovaquie et la Russie.

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des supporters russes viennent soutenir leur équipe qui joue contre la Slovaquie, mercredi 15 juin 2016 à Lille (Nord). (FABIEN MAGNENOU / FRANCETV INFO)

"J'attends le patron pour savoir si je vends la bière ou pas." Au Palais de la bière à Lille, une rixe a éclaté, mardi 14 juin, entre plusieurs dizaines de supporters alcoolisés, venus en France pour l'Euro 2016, avec des jets de chaises. Mercredi matin, la place de la gare de Lille-Flandres, où se trouve la brasserie, est toujours prise d'assaut par des centaines de fans de foot, dont un fort contingent de Slovaques. Certains ont même fait le voyage en voiture, comme l'indique une plaque d'immatriculation. 

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En prévision du match Russie-Slovaquie qui doit débuter à 15 heures, et après les violences qui ont émaillé la rencontre Angleterre-Russie le week-end précédent à Marseille, un arrêté préfectoral interdit la vente d'alcool à emporter, son transport et sa consommation dans les espaces publics, "de mardi 18 heures à vendredi 6 heures". Au supermarché Carrefour voisin, des palettes barrent les rayons de bières et de vins, sous la vigilance d'un agent de sécurité.

En terrasse, la bière coule à flot dans une ambiance détendue

Dehors, un agent de police surprend un groupe de Slovaques avec une petite bouteille de whisky, leur demande de la ranger, puis repart. En revanche, les terrasses voisines sont remplies et la bière coule à flot. L'interdiction préfectorale ne concerne pas la consommation d'alcool sur place. Une enseigne de viennoiseries et de café a même installé un fût pour l'occasion. Les affaires sont les affaires. 

"Il faut rester aux aguets", nuance un patron, derrière son comptoir, avant de conseiller une bière à deux Russes, près de la place Rihour. Malgré tout, l'ambiance reste bon enfant. Drapeaux, écharpes, tenue militaire en velours rouge, chants... Difficile de croire à la menace tant redoutée et à la possible présence de hooligans.

"A Marseille, nous avons bu de la vodka avec des Anglais, c'était très amical", glisse un supporter russe, en pleine séance photo des bâtiments lillois. Un peu plus loin, sur la Grand-Place, deux amis moscovites racontent leur soirée au Vélodrome. "Après le but, les Anglais ont jeté des gobelets vers nous, se plaint l'un d'eux. Mais sinon, nous n'avons jamais vu de violence ou entendu de chants hostiles. Pas encore."

Dans la matinée, un groupe d'Anglais et de Gallois publie une petite vidéo tournée à Lille (Nord), où il est question de "niquer les Russes". Le temps de les rejoindre, plus personne. Sur la Grand-Place, un drapeau anglais est déroulé à une terrasse, sans que cela n'émeuve personne.

Des supporters anglais sur la Grand'Place de Lille (Nord), mercredi 15 juin 2016, en marge de la rencontre entre la Russie et la Slovaquie. (FABIEN MAGNENOU / FRANCETV INFO)

"Faire que la fête soit belle"

"Notre but, c'est de faire en sorte que la fête soit belle", indique en fin de matinée le commissaire Olivier Dimpre, en charge du dispositif de sécurité dans le centre-ville. "Nous traitons les voyous, nous n'avons pas d'échelle entre les différents groupes de supporters." Plus de 3 900 agents sont mobilisés dans le Nord, dont plus de 1 900 policiers de la sécurité publique, des CRS ainsi que des gendarmes. Et dix compagnies de CRS sont également engagées pour assurer la sécurité. Des policiers slovaques et anglais complètent le dispositif.

Après les violences de Marseille, la menace de violence est réelle. Quelque 43 supporters russes ont été placés en garde à vue à Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes). Soupçonnés d'avoir participé aux violences à Marseille, certains ont déjà été transférés au centre de rétention administrative de Nice, avant d'être expulsés. Les commerçants lillois, eux aussi, préfèrent anticiper. "Après la rencontre, je vais ranger le mobilier, confie l'un d'eux, sur la Grand-Place. Dimanche dernier, jour d'Allemagne-Ukraine, les tables ont volé."

Quelques minutes avant le début de la rencontre, alors que les supporters russes et slovaques ont déserté les rues du centre-ville, des dizaines d'Anglais, dont la sélection joue jeudi à Lens (Pas-de-Calais), donnent de la voix et brandissent des drapeaux affirmant la supériorité de leur équipe sur les autres.

Les forces de l'ordre, sur le qui-vive, rattrapent ceux qui seraient tentés de quitter les terrasses leur verre à la main. L'après-midi s'annonce longue. Et plus tendue encore lorsque le coup de sifflet final aura retenti au stade Pierre-Mauroy, libérant à nouveau les supporters russes dans les rues de la capitale nordiste. Cela se passera-t-il bien ? "Peut-être, peut-être pas", répond l'un des Britanniques. "Moi je m'enfuis", prévient un autre.

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