Euro 2016 : à Marseille, des hooligans russes "très organisés" face à des hooligans anglais "de circonstance"
Les heurts qui ont éclaté à Marseille, vendredi et samedi, en marge du match Angleterre-Russie, ont terni la fête dans la cité phocéenne.
Ils ont gâché la fête. Au deuxième jour de l'Euro, quelque 600 supporters anglais et russes se sont violemment affrontés dans le centre-ville de Marseille, samedi 11 juin, en marge du match Angleterre-Russie. Bilan : au moins 31 blessés, dont un Anglais qui restait dimanche matin entre la vie et la mort après avoir reçu des coups de barre de fer.
>> Cinq questions sur les heurts à Marseille en marge d'Angleterre-Russie
"Les hooligans russes considèrent ça comme un sport"
Comment expliquer ces heurts ultra-violents ? Pour le populaire tabloïd britannique The Sun, les coupables sont clairement définis : il s'agit "des hooligans et voyous russes", dont certains étaient armés de couteaux. Et pour cause : les hooligans russes, "ce sont des vrais, des durs. Des gens qui considèrent ça comme un sport", acquiesce dans L'Equipe le doctorant Ronan Evain. Selon ce spécialiste du supportérisme russe, "ils ont entre 25 et 35 ans, et sont très entraînés, très organisés".
Pour désigner les Russes qui se sont battus à Marseille, le terme 'hooligan' n'est pas usurpé.
A Marseille, "il y avait des supporters de plusieurs clubs, du Lokomotiv Moscou, du Torpedo, du Spartak et de plus petites équipes, qui se sont réunis pour faire ce qu'ils ne font pas chez eux : se battre en pleine ville". "Même si l'Angleterre ne compte presque plus de hooligans, ils ont sans doute été attirés par ce vieux fantasme de 'se faire un hool' anglais'...", poursuit Ronan Evain, parlant d'un véritable "commando" doté de "vraies stratégies d'agression".
Face aux Russes, des hooligans anglais "de circonstance"
Face à ces hooligans russes ? Des Anglais pour beaucoup "suralcoolisés" selon les policiers déployés sur place, et chez qui "il n'y avait rien de structuré", observe le chercheur Ronan Evain. "Beaucoup, du côté anglais, sont des hooligans de circonstance", abonde le sociologue Patrick Mignon dans Le Parisien. "Le hooliganisme anglais est en voie de disparition. Il n'existe plus dans les clubs, mais il survit autour de l'équipe nationale, surtout quand elle se déplace à l'étranger, et plus encore pour une grande compétition comme l'Euro. On se dit qu'on part plusieurs jours, qu'on va s'amuser", ajoute le chercheur.
Les Anglais débarquent à Marseille comme ils iraient à Ibiza, pour faire la bringue. Et si certains d'entre eux s'embrouillent avec des supporters russes, ça peut vite déraper.
Pour ces "hooligans de circonstance", "l'occasion fait le larron". "Ils n'ont pas forcément un billet pour le match, ils viennent faire la fête dans les cafés autour du stade, comme en Angleterre (...) Ils portent le maillot blanc anglais avec la croix de saint Georges, le foot est fondamental pour eux, et si on les échauffe, ils font front", décrit encore Patrick Mignon.
La crainte de la tache d'huile
Ces violences entre Anglais et Russes feront-elles tache d'huile ? A Nice, en tout cas, une bagarre a aussi éclaté samedi soir, entre des Niçois et des supporters nord-irlandais. Pour un bilan de sept blessés, dont un souffrant d'un traumatisme crânien, avant le match qui doit opposer dimanche après-midi la Pologne et l'Irlande du Nord à l'Allianz Riviera.
Dimanche après-midi, le Parc des Princes à Paris accueillera lui le match Turquie - Croatie, deuxième des cinq rencontres de cet Euro, après Russie-Angleterre, classées "niveau 3" sur une échelle de risques de 4. Les trois autres matchs jugés "à haut risque" sont Allemagne-Pologne jeudi au Stade de France, Angleterre-Pays de Galles le même jour à Lens, et enfin Ukraine-Pologne le 21 juin, une nouvelle fois à Marseille. Tous feront l'objet d'un dispositif de maintien de l'ordre renforcé.
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