Cinq questions encore sans réponse sur l'arrestation d'un Français en Ukraine
Selon les services secrets ukrainiens, Grégoire M. préparait une quinzaine d'attentats pendant l'Euro. Mais de nombreuses zones d'ombre entourent son interpellation.
Grégoire M., un Français jusque-là sans histoire, a été arrêté le 21 mai avec un arsenal de guerre à la frontière ukraino-polonaise. Interpellé par les services secrets ukrainiens, il est suspecté de préparer 15 attentats en France pendant l'Euro. Mais l'affaire comporte de nombreuses zones d'ombre.
Comment un jeune de 25 ans peut-il financer l'achat d'un tel arsenal de guerre ? Avait-il un complice ? Un homme seul peut-il vraiment préparer une quinzaine d'attaques terroristes ? Francetv info recense cinq interrogations qui restent sans réponse.
Comment a-t-il pu s'acheter cet arsenal ?
Repéré en décembre 2015 en Ukraine, Grégoire M. a été interpellé le 21 mai à la frontière ukraino-polonaise après six mois d'enquête, en possession de 125 kg de TNT, deux lance-roquettes antichar, cinq fusils d'assaut Kalachnikov et plus de 5 000 munitions, ont affirmé les services ukrainiens (SBU). Immédiatement, l'ampleur de cet arsenal de guerre suscite les interrogations : comment un jeune de 25 ans peut-il financer un achat qui se chiffre au bas mot en dizaines de milliers d'euros ? Les enquêteurs ne l'expliquent pas.
Son arrestation a-t-elle été mise en scène ?
Son arrestation a été entièrement filmée, sous différents angles et par plusieurs caméras. La vidéo a été diffusée par les services de sécurité ukrainiens. Elle débute avec des images tournées dans un garage, où l'on voit un homme charger des armes dans une camionnette blanche. La deuxième séquence montre l'interpellation musclée d'un jeune homme portant un tee-shirt rouge. La scène se déroule dans ce qui ressemble à un poste-frontière. Les forces de l'ordre arrivent précipitamment et le plaquent au sol.
Une dernière séquence montre l'arsenal que le jeune homme transportait. Certains observateurs s'interrogent sur cette arrestation qui ressemble pour eux à une mise en scène. La décision de diffuser, lundi 6 juin, cette vidéo alors que l'arrestation remonte, selon le SBU, au 21 mai, a également soulevé de nombreuses questions. Les services secrets ukrainiens affirment, eux, que leur intention était d'attendre la fin de l'Euro 2016 mais que les fuites dans la presse française les ont obligés à rendre l'affaire publique.
Qui est le second suspect arrêté ?
Sur la vidéo, un deuxième homme apparaît clairement à l'image. Il se trouve dans le véhicule, avec le Français, et il est lui aussi interpellé et plaqué au sol par les forces de l'ordre. Aucune information sur l'identité ou le rôle de ce deuxième homme n'a filtré jusqu'à présent. "Peut-être que nous en parlerons plus tard. Mais pour l'instant, sans autorisation de l'enquêteur, je ne peux pas révéler de détails. C'est dans l'intérêt de l'enquête", a déclaré la porte-parole du SBU, Olena Guitlianska.
Ses projets d'attentats sont-ils avérés ?
Selon les services secrets ukrainiens, Grégoire M. ciblait une mosquée, une synagogue et des centres d'impôts pour montrer son opposition à la politique migratoire de la France, à "la diffusion de l'islam" et à "la mondialisation". Ces services n'indiquent pas comment un homme seul et sans réseau aurait pu perpétrer un nombre aussi important d'attentats.
De leur côté, les enquêteurs français semblent privilégier la piste du trafic d'armes, sans visées terroristes. Une enquête a été ouverte et confiée à l'Office central de lutte contre la criminalité organisée et au service régional de la police judiciaire de Nancy. Les enquêteurs français n'ont "rien pour confirmer ou infirmer une éventuelle piste terroriste" et vont demander "des compléments d'informations" aux Ukrainiens, selon une source policière.
Pourquoi Kiev n'a pas averti la France ?
Les Ukrainiens n'ont pas prévenu leurs homologues français qu'ils surveillaient un Français sur leur territoire, selon une source policière française. D'après une autre source policière, ce sont les gardes-frontières polonais qui ont fait le premier signalement à la France. Ensuite, l'attaché de sécurité intérieure couvrant la zone a récolté avec difficulté des éléments auprès des autorités ukrainiennes.
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