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Ce que l'on sait du Français arrêté en Ukraine en possession d'armes et d'explosifs

Les services ukrainiens accusent cet homme, âgé de 25 ans et originaire de Meuse, d'avoir voulu préparer une quinzaine d'attentats en France pendant l'Euro.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le Français de 25 ans arrêté le 21 mai 2016 en Ukraine, en train de charger sa camionnette. Photo diffusée par les services secrets ukrainiens. (SBU)

Il a été arrêté en Ukraine le 21 mai en possession d'armes et de 125 kg d'explosifs. Un jeune Français de 25 ans est soupçonné d'avoir voulu préparer des attentats avant et pendant l'Euro 2016. Mais quel était son véritable objectif ? Des zones d'ombre subsistent encore. Voici ce que l'on sait, et ce que l'on ne sait pas encore, sur lui et sur ses intentions, lundi 6 juin.

Un Lorrain "très agréable" et "fou de vaches"

Le Français arrêté est un Lorrain originaire de Bar-le-Duc, qui vit dans un gros corps de ferme à Nant-le-Petit (Meuse), à 25 km de Saint-Dizier, selon L'Est républicain et Le Républicain lorrain. Son domicile a fait l'objet d'une perquisition, au cours de laquelle des composants d’explosifs et un tee-shirt siglé d'un groupe d'extrême droite ont été saisis. Agé de 25 ans, Grégoire M. est inconnu des services de police.

La maire de Nant-le-Petit, un hameau de 84 habitants, a dressé le portrait d'un "gamin très agréable avec ses voisins, intelligent et sympathique, qui était prêt à rendre service". Ce que confirment les voisins, qui le présentent comme quelqu'un de très discret. "On le voyait rarement, parce qu'il partait en déplacement en Alsace", où il travaille, témoigne l'un d'eux dans L'Est républicain.

Grégoire M. est inséminateur : il aide les éleveurs à gérer la reproduction de leur troupeau. Il a été embauché il y a un an par la coopérative Elitest basée dans les Vosges. "Affecté dans le Bas-Rhin, il figure comme remplaçant dans le catalogue 2015-2016. C'est d'ailleurs au volant d'une voiture de la société qu'il a été intercepté", précise L'Est républicain. Le directeur technique de cette coopérative le décrit comme "un salarié irréprochable".

Comme on peut le voir sur son profil Linkedin, il était auparavant pédicure pour bovin. Interrogé dans la presse régionale, un agriculteur chez qui il est intervenu le décrit comme "un grand gars sec, qui portait alors des lunettes" et le dépeint comme "un bon jeune, un fou de vaches".

Arrêté en possession d'un arsenal de guerre

Grégoire M. est arrivé en Ukraine en décembre 2015. Selon le SBU, les services secrets ukrainiens, il s'est fait passer pour un bénévole, venu soutenir l'armée ou les réfugiés. Puis il a pris contact avec des unités militaires dans l'est du pays, en proie à un conflit entre forces ukrainiennes et séparatistes pro-russes, afin d'acquérir des armes et des explosifs.

C'est à ce moment-là que le SBU s'est intéressé à lui. "Le travail a ensuite duré près de six mois, pendant lesquels nous avons documenté chacun de ses faits et gestes", a relaté Vasyl Hrytsak, patron des services secrets ukrainiens. Ils ont ensuite décidé de lui tendre "un piège", afin de l'arrêter en flagrant délit.

Le citoyen français, qui préparait selon eux "15 actes terroristes" en France, a ainsi été arrêté le 21 mai à la frontière ukraino-polonaise en possession d'un arsenal de guerre : 125 kg de TNT, deux lance-roquettes antichar, cinq fusils d'assaut Kalachnikov et plus de 5 000 munitions. Lundi après-midi, les services secrets ont mis en ligne sur Twitter des photos de cet homme en possession d'armes.

"Au début, nous pensions qu'il s'agissait d’une organisation terroriste classique. Mais nous sommes tombés sur une organisation en France qui est mécontente du pouvoir", commente Vasyl Hrytsak. Selon lui, Grégoire M. a fait part de son opposition à "la politique de son gouvernement concernant l'arrivée massive d'étrangers en France, la diffusion de l'islam et la mondialisation".

Ses intentions réelles restent floues

Selon le SBU, Grégoire M. préparait des attentats contre une mosquée, une synagogue et des centres des impôts en France avant et pendant l'Euro. Toutefois, les enquêteurs français n'ont "rien pour confirmer ou infirmer une éventuelle piste terroriste" et vont demander "des compléments d'informations" aux Ukrainiens, selon une source policière citée par l'AFP.

Une source judiciaire confirme à francetv info que le projet terroriste de cet homme de 25 ans n'est pas avéré. Des vérifications sont en cours. Pour l'heure, une enquête préliminaire a été ouverte par la juridiction interrégionale spécialisée de Nancy, pour trafic d'armes. Les premières investigations ont été confiées à la brigade criminelle du service régional de la police judiciaire de Nancy. L'Office central de lutte contre la criminalité organisée est également saisi.

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