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Nabil Fékir pousse Antoine Griezmann sur le banc

L'éclosion de Nabil Fékir et la campagne actuelle pour sa titularisation a fait une victime collatérale, Antoine Griezmann. Le gaucher de l'Atletico Madrid, pourtant très en jambes en ce début de saison avec son club, devrait débuter sur le banc la rencontre face au Portugal. Celui qui était à la mode en 2014, année de Coupe du monde, paye autant la forme étincelante et le potentiel de Nabil Fékir que sa propension à être plus efficace sous le maillot bleu quand il sort du banc. Il aura l'occasion de le prouver une nouvelle fois à Lisbonne contre le Portugal.
Article rédigé par franceinfo
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L'attaquant tricolore Antoine Griezmann

Un triplé vous facilite la vie. Face à Caen, Nabil Fékir a pour la première fois de sa carrière en Ligue 1 fait trembler trois les filets dans un match, offrant ainsi un succès important à un OL malade depuis le début du championnat. Surtout, il n'y avait pas meilleur timing pour le réaliser juste avant le rassemblement de l'équipe de France. Avec ses trois buts - quatre en quatre rencontres de Ligue 1 -, Fékir a parfaitement défendu sa cause auprès de Didier Deschamps. Même si le sélectionneur n'avait pas besoin de cette prestation pour estimer l'attaquant lyonnais, ses trois buts tombent à pic alors que Deschamps cherche encore le bon coéquipier pour accompagner Karim Benzema en attaque.

"Je n'ai pas attendu qu'il mette un triplé pour lui faire confiance. Il a intégré le groupe France et il va maintenant falloir qu'il s'affirme, ce qui va passer par du temps de jeu pour continuer sa progression. Titulaire ou pas titulaire, ça dépendra de comment ça se passera. Mais en terme de potentiel Nabil a vraiment beaucoup de qualités", a expliqué le sélectionneur en conférence de presse. Un tel potentiel ne peut pas être confiné au banc des remplaçants, d'où il avait débuté chacune de ses quatre sélections. Contre le Portugal, une place de titulaire lui est promis. Comme le football ne se joue toujours pas à 12, cette entrée dans le onze pousserait sous la guérite des remplaçants, l'infortuné Antoine Griezmann qui n'a toujours pas su réitérer sous le maillot bleu, ses performances en Liga.

Plus performant en tant que remplaçant

On ne présente plus le natif de Macon qui, à 13 ans, a franchi les Pyrénées pour rejoindre la Real Sociedad. En Espagne, il a été formé à l'école du tiki-taka et a explosé chez les Basques. Sept buts pour ses deux premières saisons (2010-2011 et 2011-2012), puis 10 (2012-2013), 16 (2013-2014) et 22 (2014-2015) et une troisième place des buteurs de Liga derrière les deux monstres Lionel Messi et Cristiano Ronaldo. Ses prestations n'ont évidemment pas échappé à Didier Deschamps qui l'a appelé pour le match contre les Pays-Bas en mars 2014 à trois mois du Mondial auquel il sera convié. Au Brésil, il participera activement au bon parcours des Bleus et ses larmes de tristesse après l'élimination contre l'Allemagne ont rappelé qu'un footballeur avait encore un coeur et pouvait pleurer de déception.

Après le Mondial, son transfert à l'Atletico Madrid devait finir de l'installer dans la hiérarchie offensive de l'équipe de France. Mais plus d'un an après, la place de Griezmann n'est pas toujours précisément établie. En bleu, car chez les Colchoneros, il est devenu un pilier de l'équipe de Diego Simeone. A Madrid, après des débuts compliqués, il a fait son trou en attaque. En neuf et demi, il s'est éclaté en soutien de Mario Mandzukic. Chez les Bleus en revanche, il n'a jamais réussi à se lâcher. Dix-huit sélections, cinq buts, mais peu de prestations abouties quand il était titulaire. En impact-player, il a toujours été intéressant, puisque ses cinq buts (Paraguay, doublé contre la Jamaïque, Arménie et Albanie) ont été inscrits lorsqu'il entrait sur la pelouse. Des chiffres qui jouent en sa défaveur alors qu'il postule pour un des trois postes offensifs.

Ailier ou neuf et demi?

A Madrid, Griezmann a prouvé sa valeur dans un système à deux pointes où il pouvait tourner autour d'un grand, percuter, solliciter des une-deux, sans oublier de faire le pressing, la grande marotte de Diego Simeone. Sous le maillot tricolore, Griezmann est plus souvent exilé sur un côté, à gauche où il avait moins de repères. Inhiber, beaucoup moins tranchant balle au pied, il était à mille lieux du joueur flamboyant qu'il est en Liga. Pourtant, avec Benzema le courant passe bien, les deux joueurs pratiquent le même football, fait de technique et de ballons dans les pieds. Mais le costume de titulaire parait trop grand pour le joueur de 24 ans. La titularisation de Fékir contre le Portugal sonne comme une sanction pour l'autre gaucher des Bleus, déjà buteur avec l'Atletico cette saison. Lui, comme Fékir ou Martial, a "besoin de temps" pour confirmer un "potentiel très intéressant" d'après Deschamps.

Mais à force de stagner - chez les Bleus - Griezmann pourrait bien voir filer un des strapontins de l'attaque qui lui semblait promis après le Mondial et la retraite de Franck Ribéry. Le 4-4-2 concocté par Deschamps face au Portugal lui aurait très bien convenu. Ce nouveau schéma n'est pas une solution définitive mais il exploiterait au mieux les qualités de Nabil Fékir et celles d'Antoine Griezmann. Et c'est là tout le paradoxe puisque à l'heure où Deschamps fait des innovations tactiques, Griezmann occupe désormais l'aile gauche à l'Atletico. Que Griezmann se rassure, le 4-3-3 de l'équipe de France n'est pas enterré et la place d'ailier gauche pas encore attribuée. Il l'occupera sur la durée s'il se montre décisif en club et en sélection. Dès en ce soir contre le Portugal lors de son entrée en jeu?

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