"Il ne fait pas beaucoup de bruit, mais il parle avec le ballon": rencontre avec Maghnes Akliouche, révélation de l'équipe de France Espoirs
Ce qui frappe en premier quand on rencontre Maghnes Akliouche pour la première fois, c’est son regard. Un bleu perçant : celui d’un requin. "Si vous regardez dans ses yeux, il y a quelque chose qui vous dit qu’il ne faut pas faire n’importe quoi avec lui", glisse à son sujet le sélectionneur des Espoirs Thierry Henry.
Une détermination que Maghnes Akliouche, né le 25 février 2002, a travaillée en région parisienne. "J’ai commencé comme tout le monde, en bas de mon bâtiment vers 4-5 ans", explique-t-il à franceinfo, sous l’impulsion de son père, grand fan de foot. "Puis je suis rentré à l’Institut national du football Clairefontaine, j’y suis resté deux ans avant de rejoindre Monaco. Une étape très importante, qui m’a beaucoup aidé dans la discipline et la régularité de la performance. Quand je reviens, je revois les bâtiments, ça me rappelle de bons souvenirs."
"Thierry Henry nous a demandé de revenir avec des chaussures"
Le joueur grandit sur le Rocher, à Monaco : arrivé à l’âge de 15 ans, en 2017, il franchit les étapes une à une. Il y croise même un certain… Thierry Henry, pas encore coach de l’ASM. "J’ai un souvenir de lui quand j’étais au centre de formation. Il était venu à la cafétéria. On était en claquettes. Il nous avait demandé de revenir avec des chaussures", sourit-il. Désormais, il s’assoit à la même table que "Titi" et boit ses paroles : "On est très à l’écoute des conseils qu’il peut nous donner."
Après avoir gravi les échelons, être passé par le groupe élite – l’équipe réserve a été enlevée du championnat national, désormais l’équipe composée que de jeunes du centre de formation, enchaîne les matches amicaux en France et à l’étranger -, Maghnes Akliouche toque à la porte de l’équipe première du club monégasque. Sa première apparition en Ligue 1, c'était en 2021, au Groupama Stadium de Lyon : neuf apparitions cette saison-là, puis 22 la suivante avec un premier but, lors de l’élimination contre Rodez, en 32e de finale de la Coupe de France.
Un créatif à l’appétit collectif
Plutôt discret, c’est sur le terrain qu’il exprime pleinement son talent : un profil qui colle parfaitement avec ce que souhaite Thierry Henry. Un numéro 10, à l’ancienne, qui ajoute à sa panoplie des atouts un peu moins habituels. "Ce qui m’impressionne le plus c’est la façon dont il presse, dont il veut toujours la balle, son activité, son envie, son intention", détaille le sélectionneur des Espoirs, lors de la conférence de presse, lundi.
Et de préciser : "Je ne parle pas de ses qualités qui sont énormes, notamment se tourner, aller vers l’avant, faire la dernière passe. Ce qui m’impressionne, c’est son travail sans ballon. Cette intelligence de s’arrêter à deux mètres avant de se faire manger par un dribble. Et non se jeter bêtement dans le pressing. Il a cette faculté de compréhension avec et sans la balle."
L’entraîneur adjoint des Espoirs, Gérald Baticle, interrogé par franceinfo, sur le milieu, est aussi sous le charme : "C’est un joueur qui a faim, c’est très important dans un groupe d’avoir ce type de profil, qui transmet son appétit aux partenaires, souligne l’ex-coach d’Angers. Pour nous, c’est un bonheur d’avoir ce type de joueur, ça ne fait pas beaucoup de bruit, mais ça parle avec le ballon et c’est ça le plus important dans le football." Un portrait qui sied au joueur de 21 ans. "C’est très élogieux", glisse-t-il, les yeux qui pétillent, sourire en coin, "et c’est ce que j’essaye de véhiculer, cette détermination. On me donne une minute, deux minutes, j’essaye d’être tout le temps à 200%."
Fan de Zidane et d’Iniesta, Akliouche se définit comme un "créatif", qui "peut et permet d’aider les coéquipiers dans les 30 derniers mètres". Et d’ajouter : "Marquer ou faire la passe ? Les deux sont importants, l’objectif, c’est d’être décisif, s’il y a les deux, c’est bien", fait-il remarquer, tout sourire.
Cela tombe bien, contre l’OM, pour sa première titularisation de la saison, il a réalisé les deux : un doublé, et une passe décisive. "Une fierté, face à un tel adversaire" et des maux de tête pour son entraîneur Adi Hütter : "Il s’entraîne de manière fantastique, ce n’est pas facile pour moi, car j’ai beaucoup de joueurs qui postulent pour débuter dans le onze."
Du temps de jeu à Monaco malgré la concurrence
Avec un effectif pléthorique, la concurrence du Russe Golovin, du Japonais Minamino – tous deux internationaux titulaires dans leurs sélections -, voire de son ami de formation Eliesse Ben Seghir, Maghnes Akliouche a fort à faire. "Il y a une concurrence très forte, dans un grand club comme Monaco, c’est logique, concède-t-il à Franceinfo. Mais elle est très saine, elle nous pousse vers le haut, à être très performants à l’entraînement et lors des matches, c’est une très bonne chose".
Et de conclure : "Aujourd’hui à mon poste il y a un joueur comme Golovin qui fait partie des tous meilleurs en Ligue 1. Rien que de m’entraîner avec lui, j’apprends beaucoup au quotidien l’un de l’autre. C’est important de le regarder, mais aussi de montrer quand on en a l’opportunité."
Et des opportunités, Maghnes Akliouche en aura cette saison : si Monaco compte sur lui, Lille est venu aux renseignements et a même proposé un peu plus de 10 millions d’euros pour s’attacher ses services. Refus du club de la Principauté. "Le club me fait confiance, j’y ai été formé, et il m’a donné ma chance dans le haut niveau, c’est clairement ce qui a pesé dans la balance. J’espère faire de grandes choses avec ce club." Et de continuer à faire ce qu’il sait faire de mieux : parler avec le ballon.
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