Grand entretien Euro 2024 : "On sait qu’on est l’équipe à battre", assure Guy Stéphan, sélectionneur adjoint de l’équipe de France de football

Article rédigé par Xavier Monferran
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le sélectionneur-adjoint des Bleus Guy Stephan, au micro de franceinfo le 20 mars 2024. (Service des sports / RADIO FRANCE)
En amont de deux matchs amicaux, le fidèle lieutenant de Didier Deschamps, sélectionneur adjoint des Bleus depuis 2012, se confie à franceinfo sur sa longévité, l'Euro à venir et Kylian Mbappé.

C'est la rentrée 2024 pour l'équipe de France de football. Les hommes de Didier Deschamps se retrouvent pour deux matchs amicaux face à l'Allemagne (samedi 23 mars à Lyon) et au Chili (mardi 26 mars à Marseille). À trois mois de l'Euro 2024 en Allemagne (14 juin-14 juillet), son fidèle adjoint depuis 2012, Guy Stéphan, s'est entretenu avec les journalistes de franceinfo, mercredi 20 mars.

franceinfo : Votre première compétition aux côtés de Didier Deschamps, c’était la Coupe du Monde au Brésil en 2014. 10 ans après, le plaisir est-il toujours le même ?

Guy Stéphan : Oui, je crois que ça s'appelle la passion, tout simplement. J'ai la chance d'avoir fait de ma passion mon métier. Et puis chaque jour, je suis heureux de vivre ça.

La complicité avec Didier Deschamps est-elle toujours la même ?

Oh oui ! C'est une complicité qui a débuté en 2009 à l'Olympique de Marseille. Trois ans, l'Olympique de Marseille. Et en équipe de France, depuis 2012. On sait quand ça commence, mais on ne sait pas quand ça s'arrêtera. Et Didier, je l'avais déjà connu en 2000 quand on a été champions d'Europe avec Roger Lemerre. C'est une complicité qui dure, qui a traversé quelques tempêtes certes… Mais surtout beaucoup de joie, beaucoup de bonheur.

Le rôle de numéro un, il ne vous manque pas ?

Quand je tapais contre le mur du garage de mes parents dans les années 60, je n'imaginais pas un jour que j’aiderais l'équipe de France à gagner une Coupe du monde, que je vivrais des moments si formidables. Alors oui, j'ai eu des possibilités d'être numéro un. Mais depuis douze ans, j'entraîne les meilleurs joueurs du monde, donc je peux difficilement trouver mieux. Quand on a goûté au très haut niveau… J'apprécie chaque jour le travail que je fais.

Nous sommes à moins de quatre mois de l’Euro en Allemagne, comment vous la sentez cette équipe de France ?

C'est difficile de prédire l'avenir, mais en tout cas, c'est un groupe avec beaucoup de qualités, et surtout avec un état d'esprit, une cohésion et une joie de vivre qui s'exprime au quotidien pendant les rassemblements. Donc il y a évidemment de l'optimisme. Mais on sait aussi qu'on est un peu l'équipe à battre, puisqu'on est vice-champion du monde. C'est toute la difficulté, mais c'est aussi très agréable de préparer une compétition comme cela, même si évidemment, les joueurs vont repartir dans leur club. On les reverra. Ce qu'on espère surtout avec Didier et l'ensemble du staff, c'est qu'il y aura de la fraîcheur. De la fraîcheur physique et mentale, parce que c'est extrêmement important pour une grande compétition. Mais ça, on ne le sait pas aujourd'hui.

À moins de quatre mois d’une compétition, c’est le dernier rassemblement avant la liste, est-ce que certains joueurs peuvent forcer le destin, et faire bouger les lignes ?

Je vais répondre oui pour plusieurs raisons. Une des raisons, c'est qu'il y a deux matches rapprochés. Il y a simplement trois jours d'intervalle entre le match de l'Allemagne et le match du Chili, l'un à Lyon et l'autre à Marseille. Didier l’a dit déjà annoncé, il y aura probablement beaucoup de changements, que ce soit en cours de match sur le premier ou que ce soit ceux qui seront titulaires pour le deuxième. Ça va être, pour une très grande majorité de joueurs, l'occasion de s'exprimer, d'entrée ou en cours de match. Il y a des joueurs qu'on n'avait pas vus depuis longtemps, comme Moussa Diaby, comme Matteo Guendouzi qui reviennent. 

Mais dans votre tête, vous avez déjà votre groupe pour l’Euro ?

Didier l'a souvent dit, il y a un noyau dur. Entre 17 et 18 joueurs, qui devraient être là sauf pépin physique, malheureusement. Et ensuite il faut continuer à construire le groupe, ou doubler les postes pour que la cohésion soit toujours là. Didier l'a aussi souvent dit, c'est pas forcément les 23 meilleurs qui sont là, ce sont 23 joueurs, très bons forcément, et qui peuvent vivre ensemble pendant 30 jours, 40 jours. On en a vécu ensemble en 2018, pendant 55 jours. Alors il faut être capable d'aller au bout et de garder cette cohésion, garder cette camaraderie et en même temps garder cette force. Pour que l'ensemble de l'équipe soit capable d'aller le plus loin possible.

Un rassemblement sans Antoine Griezmann [blessé] ça doit vous faire bizarre ?

Oui, oui, parce que ce n’est pas commun ! Il a fait 84 matchs avec nous, c'est énorme. Malheureusement, la machine a un petit peu déraillé. Il a mal au mollet et il va bien se soigner. On espère tous qu'il va revenir sur pied dans quelques semaines. Ce qui compte vraiment c’est qu’il guérisse.

"Il est parti pour faire une immense carrière."

Guy Stéphan sur Warren-Zaïre Emery

à franceinfo

Au milieu de terrain, il y a un joueur qui connaît une progression fulgurante, c'est Warren Zaïre-Emery. Vous avez déjà vu ça ?

Non, non (rires). Faire ça à 17 ans… Bon, il vient d'avoir 18 ans, mais il était déjà international à 17. C’est un milieu de terrain avec un gros volume de jeu, capable de "griffer". Quand je dis "griffer", c'est être capable d'aller chercher la balle dans les pieds de l'adversaire, de faire des contrôles orientés, d’orienter vite vers l’avant. En plus c’est quelqu'un de très agréable, quelqu'un qui est à l'écoute. Il est parti pour faire une immense carrière.

Et un joueur déjà mature…

Oui, oui. Et il est encore lycéen ! Il va passer son bac. Olivier Giroud [37 ans] pourrait presque être son père (rires). Voilà, ça montre la différence d'âge et malgré ça, il y a une complicité et il y a beaucoup d'échanges entre les joueurs.

La situation personnelle de Kylian Mbappé [qui quittera le Paris Saint-Germain en fin de saison] peut-elle perturber le collectif en équipe de France ?

Non, ça chambre un peu. "Alors, Kylian, ça y est, tu as choisi ?" Il vient de passer sept ans au Paris Saint-Germain et il semblerait qu'il ait pris une décision (rires). Je ne sais pas pour aller où encore, mais en tout cas, il est serein et il marque à chaque match. Pas à chaque match, mais presque. C’est un joueur hors norme.

Il joue un peu moins avec le PSG, c’est une bonne nouvelle pour l’adjoint de l’équipe de France que vous êtes ?

Pourquoi pas ? (rires) En tout cas, c'est un capitaine très fédérateur avec nous. Un capitaine très agréable dans le groupe, à l'écoute, qui échange beaucoup avec les jeunes et les moins jeunes. Il n'y a pas de changement dans son comportement.

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