Équipe de France : rigueur, exigence, bienveillance... Plongée au cœur de la "méthode Thierry Henry" chez les Bleuets

Plaisir, exigence, performance et bienveillance sont les maîtres-mots de la méthode Thierry Henry, nommé sélectionneur de l'équipe de France espoirs à la fin du mois d'août dernier. Une méthode qui a évolué depuis son premier passage sur un banc, à Monaco en 2018. "Heureusement, j’ai changé", glisse-t-il en conférence de presse, avant la rencontre des Bleuets mardi 17 octobre contre Chypre (18h30), en éliminatoires pour l'Euro 2025. Réputé pour être intransigeant avec lui-même mais aussi avec les autres, Henry pensait et analysait encore comme un joueur. Mais son expérience à l’Impact Montréal, en 2020, a été un moment charnière dans sa jeune carrière.

L’année Covid m’a beaucoup changé. Vous vous retrouvez dans un hôtel pendant quatre mois à jouer des matches à l’extérieur, à devoir gérer les egos, ce n’est pas toujours évident.

Thierry Henry,

lors d'une conférence de presse

"On apprend beaucoup sur le plan humain. Ça m’a vraiment aidé. Je peux te dire qu’il y a six ans, je pense que je n’aurais pas eu le même discours, mais c’est un peu normal aussi", rembobine le deuxième meilleur buteur de l’histoire des Bleus. Il a donc su mettre de l’eau dans son vin. "Tu reçois une éducation et des fois, ce sont les joueurs qui te rééduquent. Surtout avec les nouveaux codes, ce qu’ils ont à gérer et que, nous, on n’avait pas à gérer."

Un cadre rigide, pour offrir ensuite plus de liberté

C’est l’un des mots qui revient aussi souvent : le cadre. Thierry Henry s’appuie sur des règles à respecter, sur et en dehors du terrain, pour donner dans un second temps plus de liberté à ses joueurs. "Ce sont des méthodes professionnelles, on fixe un cadre de travail collectif où dans ce cadre, tout le monde doit s’épanouir", détaille pour Franceinfo son adjoint chez les Bleuets, Gérald Baticle. "Il est exigeant dans la performance. Mais l’idée, c’est de prendre du plaisir sur et en dehors du terrain, que les joueurs ont envie de venir en sélection espoirs et que nous, on les aide à être dans la performance. Et que ce soit dans leur vie de groupe, dans des moments de partage de vie, il faut qu’ils prennent du plaisir sur le terrain."

Mais il y a des règles élémentaires à respecter : Thierry Henry ne transige par exemple pas sur la ponctualité. "Si un joueur arrive en retard à table, il doit servir un de ses coéquipiers durant tout le repas", glisse à France Info un habitué du groupe espoirs. Idem s’il y a un retard pour prendre le car, le retardataire ne sera pas attendu. Question de respect.

Les joueurs au diapason

Henry, un "passionné, habité" par le football dixit Gérald Baticle, adore échanger sur le sujet avec les joueurs et le staff. Avenant, chambreur, il sait mettre la bonne distance quand il le faut. Il est aussi à l’écoute des conseils de ses adjoints. "Il est très ouvert, on a beaucoup d’échanges, et je cherche toujours à argumenter au maximum pour, au bon moment, lui amener des choix à faire, des maux de tête à avoir", précise Baticle, tout sourire. "Puis dans d’autres moments, je fais en sorte qu’il n’ait aucuns maux de tête pour qu’il soit lucide".

Une méthode qui semble plaire aux joueurs. "On a énormément de respect pour le joueur qu’il a été et l’entraîneur qu’il est", avance, admiratif, le milieu de terrain monégasque Maghnes Akliouche à France Info. "C’est une légende, il a marqué le football, donc on est très à l’écoute des conseils qu’il peut nous donner".

Thierry Henry, une main de fer dans un gant de velours. "Les joueurs se sont impliqués, engagés dans ce processus", conclut Gérald Baticle. "Les moments où c’est le plaisir, c’est l’éclate. Les moments où il faut être sérieux, c’est le sérieux total, la recherche de l’efficacité et de la performance". L’efficacité et la performance sont au rendez-vous pour le moment, puisque les Bleuets ont remporté leurs trois premiers matches sous Thierry Henry.