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Equipe de France : "Les Jeux olympiques, c'est un rêve de môme pour Hervé Renard", confie son mentor Claude Le Roy

Avant de se voir confier le poste de sélectionneur de l'équipe de France féminine, jeudi, Hervé Renard a dirigé six sélections nationales masculines.
Article rédigé par Fabien Lévêque
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Claude Le Roy et Hervé Renard, lors de la rencontre entre le Togo et le Maroc, en Coupe d'Afrique des Nations, en janvier 2017. (ISSOUF SANOGO / AFP)

Il est celui qui a lancé la carrière d'entraîneur d'Hervé Renard. Claude Le Roy, surnommé "le sorcier blanc" grâce à ses bons résultats avec différentes sélections africaines, a longtemps collaboré avec le nouveau sélectionneur de l'équipe de France féminine, en faisant de lui son adjoint au Guizhou Renhe (Chine) en 2001, puis à Cambridge (D4 anglaise) en 2004, et en sélection ghanéenne, en 2007-2008. Hervé Renard a ensuite pris son envol, en devenant entraîneur principal, avec deux Coupes d'Afrique des Nations remportées avec la Zambie en 2012, et la Côte d'Ivoire en 2015, mais n'a pas connu la même réussite à la tête de Sochaux et de Lille, en France. Son mentor se réjouit de le voir désormais nommé sélectionneur de l'équipe de France féminine, jeudi 30 mars.

Franceinfo:sport : Etre sélectionneur de l’équipe de France féminine, c’est un challenge à la hauteur du personnage ?
Claude Le Roy :
Oui complètement, je crois que ça correspond complètement à son personnage, à ses passions, à ses envies. Une équipe de France, ce n’est pas rien pour Hervé, fût-elle féminine pour les esprits chagrins qui ont l’impression que le football féminin reste à des années lumières du football masculin, ce n’est plus le cas. Et je suis sûr qu’une Coupe du monde en tant que sélectionneur d’une équipe de femmes, après avoir participé à deux Coupes du monde en tant que sélectionneur d’équipes d’hommes, et puis surtout les Jeux olympiques, c’est un rêve de môme pour lui. La Coupe du monde arrive peut-être un peu trop tôt, il va avoir peu de temps même s’il est efficace pour obtenir des résultats.  

Il quitte l’Arabie saoudite pour relever le challenge de l’équipe de France, qu’est-ce qui le guide dans ce choix ?
Il me l’a dit, il n’y a pas le moindre irrespect par rapport à l’Arabie saoudite. Il y est resté quatre ans et il a mis en place une super équipe qui était compliquée à jouer, dont il avait tiré le maximum. Il n’avait plus l’impression qu’il y avait une marge de progression énorme, et à partir de là, son salaire qui était énorme, n’était plus forcément en adéquation avec ce qu’il pouvait apporter à ce pays. Et Hervé est quelqu’un qui a le vrai sens des valeurs. Le challenge d’une équipe de France l’a attiré et il va se retrouver avec son copain de promotion puisqu’il a joué avec Didier Deschamps en équipe de France cadets et ils dirigent tous les deux une équipe de France désormais.

Il a gagné à l’étranger, mais pas en France. Montrer de quoi il est capable en France, c’est quelque chose qui lui tient à cœur ?
Il y a un mauvais procès qui a été fait à Hervé. A Sochaux il a raté de très peu un véritable exploit (le maintien en Ligue 1, en 2013-2014), en accumulant les bonnes performances, et avec Lille je pense qu’il y avait un différentiel de perception avec le président qui l’a engagé. Peut-être qu’il le réduisait à une chemise blanche et qu’il ne le connaissait pas assez quand il l’a engagé. Je pense que Michel Seydoux a très vite porté un jugement de valeurs qui ne correspond en rien à l’homme. C’est quelqu’un d’une grande profondeur, et je pense que ce mariage raté, c’est de la faute des dirigeants lillois. Je suis sûr qu’Hervé aurait pu réussir un très beau coup avec le Losc.

Que l’équipe de France représente-t-elle pour lui ?
L’équipe de France, la Marseillaise, ce n’est pas rien pour Hervé Renard. Il est véritablement attaché à son pays et suit toutes les compétitions sauf peut-être le curling pour lequel il n’est pas vraiment passionné. Tout ce qu’il pouvait suivre, il l’a toujours suivi, avec une fibre patriotique intense. Je suis sûr que lors du premier match qu’il va disputer à la tête des Bleues, il y aura une très grande émotion chez lui au moment de la Marseillaise.

Que va-t-il amener à cette équipe, dans un contexte difficile ?
Sa rigueur, sa compétence, ses choix. Il n’aura pas peur de faire des choix. Même si Corinne Diacre a fait du très bon travail, avec de grands talents en France, il ne faut pas l'oublier. Entraîner, être sélectionneur, ce n’est pas faire plaisir à tout le monde. Mais comme il est d’une grande honnêteté, il n’y aura jamais de surprise pour les joueuses. Dans un groupe important, il faut surtout s’occuper des remplaçantes, passer du temps avec elles pour leur expliquer pourquoi elles ne jouent pas, et ça il sait le faire. Il n’est pas revanchard, il a été très marqué par la fin de son parcours avec Lille. C’est quelqu’un d’assez timide contrairement à ce qu’on peut penser, et d’une immense sensibilité. Il va vouloir montrer qu’on s’est un peu trompé sur lui. Son management est musclé parfois, mais il saura s'adapter.

Vous le voyez emmener cette équipe de France très haut ? Vers un titre ?
Je l’espère, mais je crois qu’il y a encore meilleur au niveau international. Les Américaines sont toujours là, il y a des équipes de grande qualité en Europe du Nord, les Espagnoles progressent, les Anglaises aussi… Il ne faut pas vouloir aller trop vite en besogne. La Coupe du monde arrive très vite mais va beaucoup l’enrichir dans la perspective des Jeux olympiques, et comme on sera à domicile, je pense qu’il faut absolument qu’il ramène une médaille.

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