Football : Arkema Première Ligue, élargissement... Ce qu'il faut retenir de la présentation de la nouvelle Ligue Féminine professionnelle

En marge des trophées du football féminin français, la FFF a révélé lundi la nouvelle identité de ses championnats au sein de la nouvelle ligue professionnelle. Exit la D1 Arkema, qui change de nom pour devenir l’Arkema Première Ligue.
Article rédigé par Gabriel Joly
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
Jean-Michel Aulas et Philippe Diallo, le 30 novembre 2023. (MAXPPP)

La professionnalisation du football féminin français s'accélère. Depuis le Pavillon Dauphine à Paris, le président de la FFF Philippe Diallo et son vice-président, Jean-Michel Aulas, ont officiellement présenté la nouvelle Ligue Féminine de Football Professionnel (LFFP), lundi 29 avril, dévoilant au passage la nouvelle identité de la D1 Arkema et de la D2 féminine.

L’objectif ? "Faire de la France la meilleure ligue européenne de football féminin professionnelle", alors que l'Hexagone a perdu son avance sur ses homologues étrangers comme l'Angleterre, qui bénéficie du professionnalisme depuis 2018.

Si son entrée en vigueur n'interviendra que le 1er juillet prochain, la LFFP doit "accompagner la professionnalisation des joueuses, contribuer à l'accompagnement et la structuration des clubs" afin d'enregistrer des progrès significatifs à l'horizon 2028. Pour la saison 2024-2025, le budget de la Ligue sera de 10 millions d'euros (contre 7,5 millions cette année), avec 50 à 70 millions d'euros alloués à la structuration des clubs sur cinq ans.

D'ici 2028, la Fédération entend également doubler son nombre de licenciées pour atteindre le seuil symbolique des 500 000 (250 712 au total en cette fin de saison). "Un chiffre très ambitieux mais atteignable au vu de la progression actuelle", selon Philippe Diallo.

Une vice-présidente pour épauler Jean-Michel Aulas à la tête de la LFFP

Sans surprise, Jean-Michel Aulas présidera cette Ligue dans la continuité de son engagement auprès du football féminin avec Lyon. Le dirigeant de 75 ans a été nommé jeudi dernier à l'unanimité par le Comité exécutif de la FFF. Il sera épaulé par plusieurs personnes dédiées à 100% à la LFFP, dont Paul-Hervé Douillard qui sera son directeur après avoir été responsable du projet performance fédérale de la Fédération.

"Dans la gouvernance, je serai amené à proposer un nom pour la vice-présidence aux côtés de Jean-Michel Aulas et ce sera une femme. On va assurer une forme de parité à la tête de cette Ligue professionnelle", a précisé Philippe Diallo sur beIN Sports dimanche. La candidature de cette numéro 2 "sera soumise à validation à la suite de l'Assemblée Fédérale de cette été", ajoute la 3F.

La D1 devient l'Arkema Première Ligue

L'ère de la D1 Arkema et de la D2 féminine est révolue. Les formations des divisions professionnelles évolueront désormais en "Arkema Première Ligue" et "Seconde Ligue". De quoi évidemment rappeler l'équivalent anglais de la Women's Super League, devenue une véritable marque à l'international. Le modèle à suivre.

"Il fallait faire preuve d'innovation. On voulait prendre la dimension du foot féminin sur le plan européen et mondial. Dans le logo, il y a une utilisation moderne dans l'écriture et une couronne qui rappelle le haut du trophée", a précisé Jean-Michel Aulas. "C'est génial, on a une structuration positive pour les clubs, les joueuses et la Fédération. A travers cette Ligue, de nombreux autres partenaires vont aussi trouver chaussure à leurs pieds", a salué la joueuse du Paris FC, Gaëtane Thiney.

14 clubs en première division à partir de la saison 2026-2027

Lorsqu'il avait convié les présidents des clubs de D1 et de D2 pour discuter du projet LFFP en février, Jean-Michel Aulas avait évoqué la possibilité d'élargir le championnat de France de 12 à 14 équipes. C'est désormais acté : deux clubs supplémentaires rejoindront l'Arkema Première Ligue à partir de la saison 2026-2027. Seule inconnue : comment seront choisies ces formations ? "J’aimerais bien avoir tous les grands clubs français masculins dans cette D1. De préférence au mérite mais intégrer un club directement en première division, moi, ça ne me choque pas", avait expliqué l'ancien patron de l'OL.

Une manière de signifier qu'il souhaitait voir des étendards historiques tel Marseille, Lens (encore en D2), Lille ou Bordeaux (relégués de D1), accroître l'intérêt porté à cette nouvelle formule. Par ailleurs, il sera prochainement donné comme possibilité aux clubs de recruter une 4e joueuse extra-communautaire pour "répondre à la concurrence des championnats étrangers".

La programmation du championnat sera, elle, sécurisée pour les clubs européens afin d'assurer des temps de repos à ces derniers avant des rencontres de Ligue des champions.

L'accent mis sur la professionnalisation de la D2

Avec désormais plus de 200 joueuses sous contrat à temps plein (soit 33% de plus en un an), une hausse de 25% des audiences TV depuis 2022-2023 et une affluence en hausse plus de 70% en deux saisons, la Fédération se félicite des "effets déjà visibles" sur la D1 après les premières mesures prises dans le cadre de la LFFP.

Sur la question des centres de formation féminins, Lille, le Havre et Dijon ont déposé un dossier afin d'ouvrir une structure la saison prochaine, rejoignant les six autres clubs ayant déjà reçu un agrément (OL, PSG, PFC, Montpellier, Fleury et Bordeaux). La Ligue professionnelle doit désormais s'attaquer à l'amélioration des conditions de la D2. 

Les joueuses de l'Olympique de Marseille et d'Orléans lors d'un match de D2, le 30 mars 2024. (MAXPPP)

Cela doit passer par la création d'une licence club spécifique - l'idée pour les clubs est de remplir des critères professionnalisants afin de bénéficier d'une dotation financière en échange - pour apporter "un encadrement technique et médical" et des infrastructures aux différentes écuries. Mais également par la hausse de huit à onze contrats minimum par club de D2 dès 2024-2025.

"Avec tous ces atouts, cela peut faire un football féminin encore meilleur. [La D2], ce n'est pas le niveau de l'équipe de France, c'est sûr. Mais il faut rattraper cela, avec des centres de formation et des staffs de la même qualité que le football masculin", a estimé le sélectionneur des Bleues Hervé Renard, qui suit de près le leader de D2, Strasbourg, entraîné par son ancien joueur Vincent Nogueira.

Une convention collective pour les joueuses encore en discussion

En mars, une recommandation patronale a été adoptée par les clubs de D1 et de D2 pour garantir "un maintien de la rémunération, sans condition d’ancienneté ni jour de carence, lorsqu’une joueuse se trouve en arrêt de travail ou en congés maternité", comme l'annonçait les syndicats Foot Unis et U2C2F. Mais le climat de professionnalisation induit par la LFFP doit permettre aux joueuses d'obtenir d'autres dispositions de la part des clubs, via la mise en place d'une nouvelle convention collective entre eux. 

"On a beaucoup travaillé avec les syndicats. Cette convention sera opérationnelle le 1er juillet, ce sera une convention très avant-gardiste. Elle ne permettra pas aux joueuses de gagner autant que les garçons mais il y aura une progression importante", a assuré "JMA" en zone mixte.

Autrement dit, fini les parcours avec la nécessité pour les footballeuses de travailler à côté pour subvenir à leurs besoins : les actrices de la D1 devraient au minimum gagner le SMIC. Reste que les négociations entre les clubs et les joueuses autour de cette convention collective ne sont pas encore finalisées. Le mois dernier, deux points de blocage persistaient : le droit à l’image des joueuses et la gestion des problèmes liés à la retraite.

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