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Rennes, vous reprendrez bien une coupe ?

Depuis le départ surprise de son président Olivier Létang, le Stade Rennais a la gueule de bois. Toujours troisièmes de Ligue 1, les Bretons titubent depuis quelques jours, avant d’affronter les amateurs de Belfort en quart de finale de Coupe de France ce mardi. Mais pas de panique : une petite coupe, c’est exactement ce qui convient aux Rennais. 
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
 

Ils sont fous ces Bretons. Alors que le Stade Rennais se portait bien, installé sur la troisième place du podium en Ligue 1, le club a piqué sa crise. Son président Olivier Létang a été débarqué, sur fonds de tensions avec la famille Pinault, propriétaire du club. Son entraîneur Julien Stéphan a été soupçonné d’avoir comploté dans le dos de son président, et a dû démentir. Un délitement aussi sportif, puisque en une semaine, Rennes a vu son retard sur Marseille s’accentuer (de 3 à 7 points), et son avance sur Lille fondre de 6 à 1 point. De quoi donner le tournis. Mais la coupe ce soir à Belfort peut remettre Rennes à l’endroit. 

Deux épopées qui ont tout changé

En réalité, la coupe, ou plutôt les parcours en coupes ont enclenché une dynamique qui a permis au Stade Rennais de devenir un candidat crédible à la troisième place de Ligue 1 cette saison. Autrement dit, un potentiel club de Ligue des champions. Tout commence en décembre 2018, lorsque le club breton arrache in extremis sa place en seizièmes de finale de Ligue Europa, après une ultime victoire contre Astana (2-0). Poussive, cette qualification débouche sur une épopée pas exceptionnellement longue (Betis Séville en 16ème, Arsenal en 8ème), mais intense. Au point qu'elle change le cours de la saison des Bretons, et même de l’Histoire du club. Mais pas à elle seule.

Début janvier 2019, Rennes obtient une autre qualification miraculeuse, en Coupe de France cette fois. Menés 2-0 contre Brest (alors en Ligue 2), les Bretons arrachent la séance de tirs au but, pendant laquelle ils sont de nouveaux menés (3-1). Accrocheur, Rennes renverse encore la vapeur et poursuit sa route. Là encore : le début d’un parcours historique. Après avoir écarté St-Pryvé St-Hilaire (N2), Lille, Orléans (L2) et Lyon, les Bretons renversent Paris dans une finale spectaculaire, après avoir été menés 2-0. Une victoire aussi inattendue qu’historique pour un club orphelin de trophée depuis 1971. Ensemble, ces deux épopées changent la destinée du Stade Rennais, jusque-là catégorisé comme club de perdants, habitué à décevoir.

  (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Rennes ne fait plus rire

Au delà des émotions offertes aux supporters bretons, ces deux épopées en coupe ont changé le visage du Stade Rennais. D’abord, le club s’est enfin débarrassé de son étiquette d’éternel looser. Mieux, il est devenu une équipe qui compte dans le football français. La preuve, Rennes attire de plus en plus de joueurs ambitieux - ce à quoi Olivier Létang était tout sauf étranger -, comme le Portugais Raphinha, arrivé pour 20 millions d’euros cet été. Dernier exemple en date : la signature du champion du monde Steven Nzonzi en janvier. Pour Alexis, supporter rennais de 22 ans : « La Coupe de France et la Ligue Europa n’ont été que des révélateurs. Cela nous a donné un max de crédit aux yeux du football français ».

Plus que son image aux yeux du grand public, le club a surfé sur ses résultats positifs (si l’on excepte la dixième place de Ligue 1 l’an passé). Aujourd’hui troisième de Ligue 1, Rennes, dont beaucoup se moquait, ne fait plus rire personne. Le Stade Rennais provoque même un engouement inédit. Si le public a toujours été fidèle, l’ambiance au Roazhon Park a franchi plusieurs paliers en quelques mois. En témoigne le dernier derby contre Nantes, ou le déplacement de 3 000 Rennais à Glasgow pour un match d’Europa League contre le Celtic, alors que Rennes était déjà éliminé. « Cela a changé la mentalité des supporters qui sont beaucoup plus fiers d’être rennais maintenant. On est beaucoup plus nombreux en déplacements », explique Benoît du Roazhon’s Call. Il poursuit : « Cela a donné confiance à tout le monde et placé le club dans un cercle vertueux ».

Un quart, et ça repart 

A l’arrêt en ce moment, le Stade Rennais pourrait donc reprendre ses récentes bonnes habitudes et relancer sa saison contre Belfort grâce à la coupe. « On joue d’une certaine façon notre saison, estime Alexis. On est tenant du titre. On a un statut à faire respecter. Les événements récents ne nous aideront pas. Si on loupe le coche, on passe pour des billes et c’est le meilleur moyen pour perdre du rythme en Ligue 1 ». 

Mais le supporter rennais n’est pas inquiet : « Rennes a été à l’aise dans ses matches couperets. On est une équipe de Coupe de France peut-être ». Pour Benoît, ça ne fait même aucun doute, mais ce n’est pas assez : « Devenir une équipe régulière, ce serait mieux ». En accrochant la troisième place de Ligue 1 par exemple. D’ici là, Benoît espère voir les Rouge et Noir se qualifier ce soir contre Belfort : « Pour faire parler du terrain plutôt que des coulisses, et pour garder l’espoir de retourner au Stade de France ». Et y sabrer le Champagne ? Après tout, c’est bien là le but d’une coupe. 

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