Fifa : les remplaçants de Blatter et Platini eux aussi soupçonnés de pratiques douteuses
Les présidents de la Fifa et de l'UEFA, suspendus pour 90 jours, pourraient être remplacés par le Camerounais Issa Hayatou et l'Espagnol Angel Maria Villar Llona. Mais des soupçons pèsent sur les deux hommes.
Sepp Blatter et Michel Platini au repos forcé. Les présidents de la Fifa et de l'UEFA ont été suspendus 90 jours par la commission d'éthique de la Fifa, après l'ouverture d'une enquête par la justice suisse sur un versement de la Fifa à Michel Platini, qui s'élèverait à 1,8 million d'euros. Sepp Blatter sera remplacé par le Camerounais Issa Hayatou, président de la Confédération africaine de football (CAF). Michel Platini n'aura pas de suppléant "pour l'instant", explique l'UEFA, mais c'est l'Espagnol Angel Maria Villar Llona, président de la Fédération espagnole de football, qui devrait le remplacer si c'était le cas.
L'annonce, faite jeudi 8 octobre, réjouira peut-être ceux qui appellent à faire le ménage au sein de l'instance internationale du foot. Mais qu'ils ne se réjouissent pas trop vite : les deux intérimaires ne sont pas davantage des exemples de probité. Francetv info revient sur les points noirs de leur parcours.
Hayatou est accusé d'avoir vendu sa voix au Qatar
"Hayatou passerait-il les tests d'intégrité auxquels il serait soumis s'il était candidat à la présidence de la Fifa ?" s'interrogeait, il y a quelques jours, une membre de l'ONG Transparency International, citée par Bloomberg (en anglais). Il a en tout cas été "réprimandé", en 2011, par le Comité international olympique (CIO) pour "conflit d'intérêt". Il avait reçu 20 000 dollars de la part de la société de marketing ISL, partenaire de la Fifa, un paiement destiné à la CAF, selon Issa Hayatou, mais effectué sur son compte personnel. Selon le journaliste de la BBC Andrew Jennings, ce paiement était un pot-de-vin en échange de l'attribution des droits télé de la Coupe du monde.
L'an dernier, le quotidien britannique The Sunday Times a aussi accusé le Qatar d'avoir acheté la voix du patron du foot africain pour l'attribution du Mondial 2022. Il aurait été invité à des réceptions luxueuses, se serait vu offrir des billets pour des matchs, et la CAF a bénéficié de juteux contrats de sponsoring de la part de l'émirat, résume The Telegraph (en anglais). Issa Hayatou a démenti ces allégations, tout comme celles d'une lanceuse d'alerte qui lui reprochait d'avoir reçu un pot-de-vin du Qatar, avant de retirer ses accusations.
Enfin, Issa Hayatou, qui s'est engagé à réformer la Fifa, a fait supprimer la limite d'âge au poste de président de la CAF. A 68 ans, il n'aurait sinon pas pu se présenter à un huitième mandat. Il est en poste depuis 1998, année où Sepp Blatter a pris la tête de la Fifa : c'est d'ailleurs en tant que vice-président ayant le plus d'ancienneté qu'Issa Hayatou a été désigné comme remplaçant.
Villar est visé par une enquête du comité d'éthique
Angel Maria Villar Llona est le vice-président le plus haut placé de l'UEFA, et devrait donc assurer l'intérim à la place de Michel Platini. Pourtant, en novembre 2014, les médias rapportaient qu'il était, lui aussi, visé par une enquête du comité d'éthique de la Fifa.
Selon le Guardian, il aurait refusé de collaborer avec l'ancien procureur américain Michael Garcia, chargé d'un rapport sur les conditions d'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022. Un rapport qui n'a jamais été rendu public.
Villar était le président de la candidature de l'Espagne et du Portugal pour le Mondial 2018, accusée d'avoir conclu un accord d'échange de voix avec la candidature du Qatar pour 2022 (l'attribution des deux éditions était décidée au même moment). Une violation des règles dont Sepp Blatter a lui-même reconnu l'existence.
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