Confier les clés du PSG à Zlatan Ibrahimovic, est-ce bien raisonnable ?
L'attaquant a signé un nouveau contrat avec le Paris Saint-Germain, à 15 millions d'euros annuels jusqu'en 2016.
"Je souhaite absolument que le PSG soit mon dernier grand club." En paraphant un contrat à 15 millions d'euros jusqu'en 2016, mardi 24 septembre, Zlatan Ibrahimovic, 32 ans en octobre, a réintégré le club des attaquants les mieux payés du monde. Cristiano Ronaldo émarge à 17 millions annuels, suivi par Lionel Messi à 16 millions. Le Suédois renforce son statut de star de l'équipe et d'unique icône du club. Est-ce bien raisonnable pour le PSG ? Oui, assurément.
Il est le patron de l'équipe
La scène se passe à la mi-temps d'un match contre Troyes, à l'automne 2012, où le PSG propose une bouillie de football. Dans les vestiaires, Zlatan Ibrahimovic fulmine et harangue ses coéquipiers : "Mes fils jouent mieux que vous !" Incontestablement, Zlatan a l'ascendant sur ses partenaires et même sur son entraîneur, qu'il a appelé "Laurent" et pas "coach" peu après son arrivée. Lors du stage du PSG en Suède cet été, alors que les joueurs dînaient ensemble, quand Zlatan s'est levé de table, le groupe l'a suivi comme un seul homme, rapporte Le Parisien.
Sans parler du petit message adressé par voie de presse à Edinson Cavani, l'attaquant uruguayen arraché à Naples pour 64 millions d'euros cet été : "Il devra s'adapter à son nouvel environnement. C'est normal. A chaque fois que je suis arrivé dans un club, j'ai dû m’adapter aux joueurs déjà en place, à l'entraîneur, au public, à la ville. Une recrue doit toujours adapter son jeu à la façon dont joue sa nouvelle équipe."
Il est la figure du club
Zlatan Ibrahimovic est aussi le joueur qui a fait franchir un cap au PSG sur le plan médiatique. Si l'équipe est connue dans le monde entier, elle le doit au passage de David Beckham six mois la saison passée, mais aussi à l'investissement dans la durée du Suédois. Deux indices : son arrivée a permis au PSG de rattraper l'OM au nombre de maillots vendus, comme le note 20 Minutes, et son autobiographie a fait un carton (85 000 exemplaires vendus en France) comme un footballeur n'en avait plus fait en librairie depuis Aimé Jacquet après le Mondial 1998.
Il s'inscrit (enfin) dans la durée
Mieux vaut tard que jamais : Zlatan Ibrahimovic est en train d'apprendre le français, près d'un an et demi après son arrivée au PSG. "Je prends des cours, reconnaît-il dans une interview sur le site du club. Je suis encore un peu timide mais je parlerai bientôt." Récemment, le défenseur brésilien Thiago Silva confiait au Figaro qu'il s'était aussi mis à la langue de Molière.
Le signe que les stars parisiennes veulent rester au club. Jusqu'à présent, la langue parlée dans ce vestiaire très cosmopolite était l'italien. "Le Paris Saint-Germain sera le seul club dans lequel j’aurai joué plus de trois ans, je m'y sens vraiment bien !", s'enthousiasme l'attaquant suédois.
Le PSG n'avait pas le choix
"Le salaire est la référence du talent d'un joueur, bien plus que l'indemnité de transfert", analyse Vincent Chaudel, économiste du sport chez Kurt Salmon, contacté par francetv info. Si on se base uniquement sur ce critère, "Ibra" est-il le 3e meilleur joueur du monde ? Pas forcément, mais sans lui, le PSG n'est plus la même équipe. "Paris a tout intérêt à le fidéliser : son départ fragiliserait le club et enverrait un mauvais signal au marché, comme le départ de l'entraîneur Carlo Ancelotti la saison dernière. En lui offrant un contrat à un niveau qu'il ne trouvera nulle part ailleurs, ils s'assurent de la présence d'Ibra pour quelques années."
Ce nouveau contrat s'inscrit dans une politique de bétonnage de ses meilleurs joueurs par le club parisien. Tour à tour, Marco Verratti, Salvatore Sirigu et Thiago Silva - qui a expliqué au Guardian (en anglais) avoir accepté 12 millions d'euros annuels pour "nourrir sa famille" - ont signé des contrats de long terme. Blaise Matuidi va suivre. Après avoir dépensé une fortune sur le marché des transferts pour bâtir une équipe compétitive en un temps record, le PSG cherche maintenant à dissuader ses meilleurs joueurs de céder aux sirènes du Real Madrid ou du Bayern Munich en les surpayant.
Surpayé, Ibrahimovic ? Sans doute. "Comme Chelsea en son temps, le PSG ne fait pas encore assez rêver les grands joueurs, c'est pour cela qu'il doit offrir un plus pour les attirer et les convaincre de rester", poursuit Vincent Chaudel. Cet été, la rumeur du retour d'"Ibra" à la Juve a bruissé en Italie. Et quelques mois plus tard, il signe un contrat fortement revalorisé.
"A chaque fois que je planifie mon futur, je le change. Je me voyais bien rester cinq ans à Barcelone, car c'était mon rêve, mais je n'en ai fait qu'un", explique Zlatan Ibrahimovic dans une interview à la BBC (en anglais). Que le PSG se méfie, l'agent d'"Ibra" a déjà laissé entendre dans Le Parisien qu'il comptait bien monnayer un dernier contrat dans un pays exotique pour son poulain.
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