Les trouble-fêtes maliens se frottent au Nigeria
Tombeurs des hôtes de la compétition, l'Afrique du Sud, les hommes de Seydou Keita n'en sont pas à leur premier hold-up puisqu'ils avaient déjà sorti le pays organisateur en 2012 (le Gabon) et même en 1994 (la Tunisie), lors de leur toute première participation à la CAN. Conscients de leur statut d'outsider, les Aigles n'ont qu'un objectif : faire mieux que leur troisième place l'an passé.
Le football pour relever la tête
Toujours en guerre contre des troupes islamistes, le Mali voit aujourd'hui dans son équipe de football une issue, un moyen de relever la tête. Une portée symbolique que les joueurs tentaient de saisir, dimanche soir, à l'issue de la séance gagnante des tirs aux buts. "Cette victoire signifie beaucoup", expliquait Seydou Keita. "Vous voyez le drapeau qui ne flotte pas qu'au nord et au sud du Mali, mais aussi à l'extérieur. Il n'y a que le football qui peut apporter cela. Tout le Mali doit être fier, et nous on l'est".
Le capitaine de la sélection est bien l'emblème de ce Mali qui résiste et surprend, souvent un genou à terre, toujours apte à se relever. En quart de finale, comme ses coéquipiers, il vit une première mi-temps cauchemardesque (0-1), dépassé par des Sud-africains plus offensifs et incisifs. Laissant passer l'orage, Keita parvient à égaliser d'un coup de tête rageur à l'heure de jeu, avant de laisser le rôle de héros à Soumbeyla Diakité. Le portier du Mali sort deux tirs aux buts et qualifie les siens sous les yeux du Président du pays organisateur, Jacob Zuma. Gâchant ainsi, une fois de plus, une liesse nationale.
Seydou Keita, "le grand frère"
Nommé meilleur joueur du match à trois reprises déjà depuis le début de la compétition, Seydou Keita porte actuellement son équipe à bout de bras. Parti jouer dans le championnat chinois comme l'avait fait Didier Drogba avant de signer à Galatasaray, il est loin de connaître les mêmes déboires que son adversaire ivoirien cette année, transparent avec les Éléphants. Pour sa sixième CAN, l'ancien joueur du FC Barcelone n'a jamais semblé aussi fort et serein. "Il joue très juste", estime Patrice Carteron, le sélectionneur malien, à RFI. "Il est dans une forme exceptionnelle et il nous apporte beaucoup, sur et en-dehors du terrain".
Ses partenaires confirment. Pour le Rennais Cheick Fantamady Diarra (20 ans), "c'est le grand frère. […] Il nous guide bien et c'est à nous de faire comme lui". Mêmes louanges du pensionnaire des Queens Park Rangers, Samba Diakité : "c'est un joueur qui m'apprend beaucoup, qui apprend beaucoup à l'équipe. Il est humble, il est simple, c'est un super joueur". Et sympa : en bon capitaine, il a offert à son gardien une montre incrustée de diamants après la victoire face à l'Afrique du Sud. Comme pour le remercier d'avoir permis au Mali d'espérer encore un peu.
Le duel des Aigles
Mais pour se retrouver à Johannesburg le 10 février prochain, les Aigles devront d'abord se défaire des Super Eagles. La sélection du Nigéria, d'une régularité affolante (14 demi-finales en 17 participations à la Coupe d'Afrique), a marqué les esprits en sortant le géant ivoirien en quart.
Malgré un premier tour faiblard, les acolytes de John Obi Mikel ont ainsi donné raison à leur sélectionneur, Stephen Keshi. Ce dernier, à la tête de l'équipe depuis novembre 2011, avait préféré ne pas retenir certains grands noms du football nigérian pour privilégier la nouvelle génération (Emmanuel Emenike, co-meilleur buteur du tournoi, ou Victor Moses, le milieu de Chelsea). Un choix risqué, mais payant, ce qui n'a pas toujours été le cas pour coach Keshi. Il y a trois ans, notamment, lorsqu'il s'était fait limoger pour mauvais résultats de la sélection malienne… qu'il connaît donc très bien.
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