Le Maghreb du foot attend son printemps arabe
Un an après la victoire de la Zambie face à la Côte d'Ivoire en finale de la CAN 2012, la tendance se confirme. Le football africain est de nouveau dominé par l'Afrique noire, comme dans les années 80. La parenthèse arabe –victoire de la Tunisie en 2004 puis triplé de l'Egypte en 2006, 2008 et 2010- semble bien révolue.
Maroc et Tunisie déçoivent
Premier de cordée, le Maroc vient de concéder deux matches nuls (0-0 contre l'Angola, 1-1 face au Cap-Vert) avant de disputer un quitte ou double devant l'Afrique du Sud poussée par tout un peuple. La tâche s'annonce ardue pour les Lions de l'Atlas qui devront impérativement s'imposer à moins d'un heureux concours de circonstances dans ce groupe A.
Même obligation de gagner pour la Tunisie mercredi face au Togo. Un match nul serait synonyme d'élimination après la déroute face à la Côte d'Ivoire samedi (0-3). Les joueurs de Sami Trabelsi avaient pourtant attaqué la compétition par une victoire (1-0) face au voisin algérien dans un derby attendu par de nombreux Maghrébins. Une sortie de route serait très mal ressentie au pays.
L'Algérie totalement muette
L'Algérie, justement, constitue la grande déception de cette CAN sud-africaine. Battue dans les dernières minutes au premier match, les hommes de Vahid Halilhodzic sont tombés de haut en s'inclinant samedi (2-0) face au Togo présenté à tort comme le petit poucet du groupe D. Même une victoire face aux Ivoiriens ne suffirait pas lors de l'ultime match pour s'en sortir. Les Fennecs, incapables de marquer le moindre but, ne verront pas les quarts de finale et c'est une énorme déception pour tout un peuple qui voyait ses protégés (au moins) en demi-finales.
Joueurs talentueux
Les raisons de cet échec s'expliquent difficilement. Les joueurs maghrébins sont pétris de talent. Certains évoluent dans de bons clubs européens, et ils sont parfois bien connus de la Ligue 1 comme Younes Belhanda (Montpellier), Youssef El-Arabi (ex-Caen, aujourd'hui à Grenade), Kamel Chafni (Brest) pour les Marocains, Aymen Abdenour (Toulouse), Issam Jemaa (ex-Brest, aujourd'hui au Koweit), Saber Khlifa (Evian-TG) pour la Tunisie, Carl Medjani (Ajaccio) pour l'Algérie. Certains évoluent même dans de bonnes formations européennes: Medhi Benatia (Udinese) ou Sofiane Feghouli (Valence).
Palmarès très moyen
Le Maroc, l'Algérie et la Tunisie figurent au palmarès de la CAN. Mais ils n'ont gagné qu'une fois, et hormis les Aigles de Carthage victorieux en 2004 sous la férule de Roger Lemerre, cela commence à dater (37 ans pour les Lions, 23 ans pour les Fennecs). Idem pour leurs grandes performances en Coupe du monde: le Maroc avait atteint les huitièmes de finale en 1986 au Mexique, ne s'inclinant que sur un coup-franc de Lothar Matthaüs à la 88e minute contre la RFA (0-1). Et quatre ans auparavant, l'Algérie, pourtant victorieuse au premier tour de la RFA (2-1), était passée à la trappe, victime de l'entente "immorale" entre les Allemands de l'Ouest et les Autrichiens). Seule la Tunisie n'a jamais laissé un souvenir marquant lors d'un Mondial.
Supporters très déçus
Le problème des Tunisiens est conjoncturel. Trabelsi, qui a formé un groupe à forte identité locale (12 éléments sur 23) doit combattre le manque de compétition au pays. Le championnat a débuté le 7 novembre (7 journées) dans un climat tendu socialement, guère propice à l'épanouissement des joueurs. "L'équipe nationale est peut-être la seule chance d'unir les politiques et le peuple. Les Tunisiens sont tous derrière le drapeau", a confié à L'Equipe l'ancien joueur de l'Ajax.
Vahid: "C'est la honte"
Côté algérien, la déception est encore plus cruelle. "Je ressens une énorme honte", a confié Halilhodzic à l'issue du match face au Togo, les yeux hagards. "On est tous très abattus. Quand je vois les gens qui ont fait 10 000 kms pour venir nous soutenir, je comprends leur déception. D'autant que le piège, c'est d'avoir cru qu'on pouvait aller loin avec tout ce qui était écrit sur nous. Je vous l'avais dit", a souligné l'ancien coach du PSG.
Reste le Maroc qui, sans être flamboyant, peut encore sauver la face à condition de faire un truc ce soir sur le terrain du pays organisateur. L'honneur du football maghrébin est en jeu. Au Royaume chérifien, personne ne comprendrait que la sélection nationale ne sorte pas du groupe le moins relevé de la CAN.
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