Bugs de la "goal-line technology" : "Pour mon silence, on m'a proposé de l'argent", affirme une ex-employée du prestataire
Une ex-employée de GoalControl,qui déploie la "gooal-line technology" en France, dénonce sur franceinfo les défaillances de la société. Elle explique que l'entreprise allemande lui a proposé de l'argent pour son silence.
Après deux nouveaux dysfonctionnements, mercredi 10 janvier, en Coupe de la Ligue, la Ligue française de football professionnel a décidé "de suspendre immédiatement et à titre conservatoire dès ce week-end l'utilisation de la goal-line technology".
Lors du match Amiens-PSG, "la GLT n'a pas fait vibrer la montre de l'arbitre sur le but d'Adrien Rabiot", et pendant Angers-Montpellier, "elle a fait vibrer à tort la montre de l'arbitre", explique la Ligue pour qui ces deux anomalies sont inacceptables.
L'ex-employée avait prévenu la Ligue des dysfonctionnements
Suzana Castaignède est une ancienne employée de l'entreprise allemande GoalControl, qui est le prestataire de la Ligue pour cette technologie en France. Elle assure à franceinfo qu''elle avait prévenu la Ligue. "Je leur ai dit que je me tenais à leur disposition pour leur donner toutes les preuves que GoalControl n'est pas correct dans son contrat, que leur système est totalement faillible, explique-t-elle. Pour mon silence, la société m'a proposée de l'argent. J'ai refusé et ils ont proposé de me réintégrer avec un très, très bon salaire, des conditions extraordinaires. J'ai refusé."
On ment à tout le monde. Ce serait moi, j'arrêterais la goal-line technology aujourd'hui.
Suzana Castaignedeà franceinfo
Une manipulation pour "valider artificiellement" les buts
L'ancienne employée décrit le dispositif déployé par GoalControl et la possibilité de pallier les défaillances du système. La ligne de but est filmée par des caméras et quand le ballon franchit la ligne, un signal est immédiatement envoyé à l'arbitre : sa montre vibre.
Le système laisse pourtant la possibilité pour un opérateur, en cas de bug, de prendre la main sur le système et de "valider artificiellement" les buts. "Cette manipulation s'appelait le 'trigger manuel', on appuyait sur deux touches du clavier et cela faisait vibrer les montres des arbitres. Sur une action litigieuse, on a énormément de pression pour prendre la décision, à nous seul, dans un van, devant nos écrans... Le système devait s'améliorer mais au fil des mois on se retrouvait seul, face aux arbitres, face aux délégués."
Il fallait que personne ne soit au courant de la supercherie. On mentait aux arbitres, aux délégués, seuls, sans l'appui de notre direction.
Suzana Castaignèdeà franceinfo
Contactée, GoalContact n'a pas souhaité répondre à franceinfo. Suzana Castaignède estime que la société imposait "un double jeu", avec une crainte : que ce qu'elle décrit comme des défaillances de leur système réputé "infaillible" soient reconnues. "Ils trouvent toujours des excuses farfelues pour justifier leurs bugs ! Qu'ils assument que leur système est défaillant !"
Suzana Castaignède estime qu'il faut "attendre" que ce soit "un peu plus performant" ou "réfléchir à un autre prestataire. On le voit à chaque journée de championnats, il y a des problèmes. Donc, il y a des bugs et c'est de pire en pire." Suzana Castaignède promet de révéler tous les secrets de GoalControl dans un livre à paraitre dans deux mois.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.