Élections à la FFR : le bras-de-fer se durcit
Pas de conciliation et une campagne qui pourrait virer à l'affrontement judiciaire : l'élection à la Fédération française de rugby (FFR), maintenue le 3 octobre malgré la demande de report de l'opposition, s'annonce de plus en plus tendue. "On va utiliser tous les moyens possibles." Contacté par l'AFP, Florian Grill, candidat face au président sortant Bernard Laporte, n'a pas fait mystère de son intention de lancer une procédure de référé pour tenter de faire repousser les élections fédérales au 12 décembre.
Saisi comme conciliateur par Ovale Ensemble, la liste d'opposition, au motif que le confinement avait donné un coup d'arrêt à sa campagne, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a conseillé mercredi un report de deux mois afin de "sécuriser" l'élection, c'est-à-dire en annulant le risque de recours judiciaire. Mais le CNOSF a également donné raison à la FFR en déclarant que "rien n'imposait a priori" le report. S'estimant "dans son bon droit", la FFR a donc confirmé la date du 3 octobre et mis en avant des garanties de bon "fonctionnement démocratique" : vote électronique et décentralisé, suppression des procurations...
Campagne perturbée par le Covid-19
Pas de quoi satisfaire Florian Grill qui s'est déclaré candidat très tôt, dès juin 2019, mais s'estime lesé par les deux mois de confinement durant lesquels il n'a pas pu mener une campagne classique. Un point sur lequel le CNOSF lui a donné raison. S'il monte au front judiciaire, c'est que le président de la Ligue Île-de-France dit avoir d'autres arguments à faire valoir : l'absence d'égalité sur l'accès au fichier des clubs et la publication en mai d'un manifeste, signé par 16 présidents de Ligues régionales, de soutien à la gouvernance sortante.
Pour Grill, soutenu par sept anciens internationaux dont Serge Blanco, Fabien Pelous, Abdelatif Benazzi ou Jean-Claude Skrela, "l'utilisation des moyens de la Fédé et des Ligues" par le président sortant est "une une vraie incartade au code électoral". La FFR, elle, considère que la campagne de l'opposant n'a pas été réellement interrompue pendant le confinement, son équipe ayant communiqué par visioconférence et sur les réseaux sociaux, et que le risque judirique encouru est donc "mineur". Surtout, elle pointe le risque de deuxième vague épidémique en cas de report des élections à décembre : "l'incertitude sanitaire de cette fin d'année représente un risque réel".
Après la bataille des chiffres, la bataille judiciaire ?
Elle représente aussi un risque pour les caisses de la Fédération, qui mise sur six matches du XV de France à l'automne, contre trois habituellement, pour les remplir. Un pari dénoncé par Ovale Ensemble, qui affirme que le budget 2020-2021 prend en compte un Stade de France plein (80 000 places) le 31 octobre pour accueillir l'Irlande. Faux, répond la Fédération, qui affirme avoir prévu l'hypothèse d'une annulation des tests d'automne. "La bonne santé financière de la FFR lui permettrait de pouvoir assumer cette situation difficile sans pour autant la mettre en péril", affirme l'instance dans un document dont l'AFP a obtenu copie.
L'équipe de Laporte dit avoir étudié un budget réduit de 15 à 20% si la crise venait à durer et entend maintenir coûte que coûte son plan de soutien des clubs amateurs, doté de 21 millions d'euros. "Le rugby français peut compter sur la situation financière robuste de la FFR avec une trésorerie de 76 millions d'euros dont 59 millions de fonds assurance, des fonds propres estimés à 32,5 millions et près de 110 millions assurés jusqu'en 2024 grâce à nos contrats partenaires", affirme le trésorier Alexandre Martinez dans ce même document. La guerre des chiffres, déjà en vigueur depuis 2016 sur la baisse des licenciés (-32 000 comme le dit la FFR, -54 000 comme l'avance l'opposition), risque désormais de se doubler d'une bataille judiciaire...
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