: Ădito 2020, annĂ©e erratique
Si l'annĂ©e 2020 Ă©tait une cuvĂ©e de vin, ce serait certainement l'un des pires millĂ©simes. On parlerait mĂȘme d'une sacrĂ©e piquette Ă cĂŽtĂ© de laquelle le Beaujolais nouveau passerait pour un RomanĂ©e-Conti. Pas besoin d'ĂȘtre un Ă©minent Ćnologue pour dĂ©crĂ©ter que le cru 2020, en sport comme dans tous les autres domaines, fait sacrĂ©ment mal Ă la tĂȘte. Comme le virus qui a pourri la rĂ©colte.Â
Comme une coquille vide
Alors, Ă©videmment, tout le monde va parler d'annus horribilis, car c'est toujours chic dans un Ă©dito, mais quelques cours de latin 3e langue au lycĂ©e n'embelliront jamais la catastrophe mondiale qui a frappĂ© la planĂšte. Le sport n'y a bien sĂ»r pas Ă©chappĂ© mais la pudeur impose de minimiser l'impact de la Covid-19 sur ce qui reste de l'ordre du loisir ou de la compĂ©tition. Pour autant, cette annĂ©e noire nous a aussi, et paradoxalement, rappelĂ© combien le sport nous Ă©tait bĂ©nĂ©fique, que ce soit Ă travers sa pratique en club ou en tant que simples tĂ©lĂ©spectateurs. PrivĂ©s de cet exutoire, nous nous sommes rendus compte Ă quel point il nous manquait.Â
Si le sport s'est frayé un chemin, souvent à tùtons, pour reprendre ses droits, il lui aura manqué, et il lui manque toujours, ce qui en fait son sel : le public. Les matchs, les courses, les combats... tous auront sonné bien creux en 2020. Du tournoi de pétanque de Jouy-en-Josas aux Jeux Olympiques de Tokyo en passant par l'Euro de foot, tous les événements ou presque ont été annulés pour raisons de sécurité. Et pour les rares qui échappÚrent à ces interdictions, ce fut souvent pour offrir de tristes huis-clos, voire des bulles sanitaires dignes de films de science-fiction.
L'odyssée de l'espÚce
Dans ces conditions, les fĂ©dĂ©rations et les associations du monde entier sont elles aussi tombĂ©es dans une faille spatio-temporelle. Les coĂ»ts financiers sont, sinon irrĂ©versibles, en tout cas trĂšs difficiles Ă combler. Quand la faille devient faillite... Mais comme le sport c'est aussi ('et surtout' diront les cyniques) beaucoup d'argent, il fallait bien relancer la machine coĂ»te que coĂ»te. Alors, dans des arĂšnes vides ou sur des routes dĂ©peuplĂ©es,  Lewis Hamilton, le Bayern Munich, Rafael Nadal, sont restĂ©s incontournables et d'autres tels que Marte Olsbu Roeiseland  ou Tadej Pogacar ont fait souffler un vent de fraĂźcheur sur une planĂšte masquĂ©e. Pauline Ferrand-PrĂ©vĂŽt, Martin Fourcade et Julian Alaphilippe ont Ă©galement apportĂ© leur pierre Ă l'Ă©difice en mettant du baume bleu sur les plaies. Tous ces champions, et bien d'autres, ont su entretenir la flamme vacillante d'un an de disgrĂące qui a nous a Ă©galement enlevĂ© Kobe Bryant, Christophe Dominici et Diego Maradona. Que des artistes. La symbolique est forte.Â
Malgré ce marasme, le sport et l'homme plus généralement, ont courbé l'échine, résisté et trouvé des solutions pour faire face à une crise sanitaire à laquelle personne n'avait été préparé. Si 2001 avait été l'odyssée de l'espace, 2020 a été celui de l'espÚce. Celle-ci a plus que jamais besoin de vibrer en ces temps de doutes et c'est le rÎle du sport que de nous procurer cette joie. Une joie étouffée en 2020, mais une joie qui respire encore.
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