Dusautoir : "je n'aurais pas pu faire plus"
Les raisons d’une retraite
Si Dusautoir a décidé de dire stop aux Bleus à 34 ans, c’est simplement parce qu’il avait fait son temps. "Je pars serein, parce que je n'aurais pas pu faire plus". Meilleur joueur du monde en 2011, trois Coupes du monde, un Grand Chelem en 2010, 80 sélections, Dusautoir a eu une carrière bien remplie. Il ne se voyait pas continuer pendant quatre ans jusqu'au prochain Mondial, seul objectif qui aurait pu le faire continuer. "Il était clair que je ne jouerais pas la prochaine Coupe du monde (en 2019 au Japon, ndlr). Je me suis toujours fixé de gros objectifs, mais celui-là n’est pas dans mes cordes", assure-t-il. Pas question pour lui de glaner quelques sélections de plus, s’il avait continué et augmenté encore son record de capitanat en Bleu, il aurait "fait preuve de vanité". "C’est la décision la plus sage", avoue le Toulousain qui veut désormais "penser un peu plus à (lui)…". Il estime aussi que continuer en Bleu, et disputer le Six Nations qui s'annonce, ne lui aurait pas forcément offert une plus belle fin.
Le poids du capitanat
Personne n’a été plus capitaine du XV de France que Thierry Dusautoir. Cinquante-six fois il est entré sur la pelouse brassard au bras. "Etre capitaine de l’équipe de France a été le plus grand honneur de ma carrière, mais c’est une charge qui demande beaucoup d’énergie et d’abnégation". Pour lui, le taiseux, ce capitanat a été un fardeau et une chance. "Un peu des deux", précise-t-il. "Pour l’assumer, il faut aller au plus profond de soi, faire évoluer sa personnalité. J’ai toujours dit ce que je pensais à mes sélectionneurs et à mes partenaires. Cela m’a parfois joué de mauvais tours, mais le capitanat m’a aussi permis d’apprendre énormément sur moi-même, de me tourner plus vers les autres, vers la presse, ce que je ne faisais pas naturellement". Durant la préparation du Mondial, certains joueurs se sont plaints de son exigence et de son intransigeance, mais lui ne se cache pas. Il n’a jamais fait de politique. "J’ai peut-être pris des coups que je ne voyais pas venir, ou j’ai peut-être été naïf à certains moments, mais toutes les personnes avec lesquelles j’ai joué, je peux les regarder dans les yeux", soutient-il.
Le fiasco du Mondial
Thierry Dusautoir aurait évidemment préféré une autre sortie que cette raclée face aux Blacks (62-13) en quarts du finale du Mondial. "J’étais très déçu de la façon dont les choses s’étaient terminées", note le Toulousain, mais il savait que personne ne choisit sa sortie. "Mon regret concerne la Coupe du mode dans sa globalité. La façon dont on n’a pas du profiter des moments que l’on a passés ensemble". Au début de la préparation, tout le groupe avait "l’objectif sincère d’arriver au bout", mais la réalité à rattraper le XV de France. "On a très vite été confronté à des limites déjà existantes dans le jeu et dans notre détermination". Sa plus grosse déception ? "Que l’équipe ait lâché mentalement" face aux Blacks. "On a lâché, on n’a pas été à la hauteur de l’événement", regrette-t-il. Extrêmement exigent avec lui-même, il assume son échec "de ne pas avoir réussi à faire comprendre certaines choses".
L’équipe de France et le rugby tricolore
Premier défenseur et plus beau symbole du rugby tricolore et du XV de France, Thierry Dusautoir "souhaite le meilleur à l’équipe de France" et son nouveau sélectionneur Guy Novès à qui il a annoncé la nouvelle. Une décision que son entraîneur à Toulouse a acceptée. "Il a besoin de repartir sur quelque chose de complètement neuf", estime Dusautoir. S’il n’a pas de solution miracle pour sortir du marasme laissé par Philippe Saint-André et, eux, les joueurs, Dusautoir pointe "le problème structurel du rugby français". "Je pense que cette fois, tout le monde a pris conscience qu’il fallait faire évoluer le modèle". Malgré ce triste dernier chapitre, son histoire avec les Bleus a été belle.
Le XV de France va lui manquer. "Je suis un peu ému, mais je suis surtout reconnaissant d’avoir joué en équipe nationale aussi longtemps (…) Ce frisson en entrant sur le terrain et qui te parcourt en voyant les stades pleins, les drapeaux, les supporters. La ferveur qui peut exister partout dans le monde. J’ai tellement de souvenirs… J’ai vécu des choses que peu de gens au monde connaissent", raconte-t-il. Notamment une finale de Coupe du monde perdue pour un point en 2011 – "ce n’était pas mon destin" -. Les gens n’oublieront pas Dusautoir en témoignent les nombreux messages de sympathie reçus par le joueur après le Mondial : ils "me disaient avoir apprécié mon passage en équipe de France, elles ont vu ce que je donnais sur le terrain et elles ont aimé ça". Si le XV de France va manquer à Dusautoir, l’inverse est totalement vrai aussi.
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