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Accusations de dopage : Camille Lacourt est-il mauvais perdant ?

"Ça me dégoûte de voir des gens qui ont triché sur les podiums." A l'issue de sa dernière et décevante épreuve olympique individuelle, Camille Lacourt a accusé d'autres nageurs de dopage. Déception ou véritable suspicion ?

Article rédigé par Robin Prudent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le nageur français Camille Lacourt après l'épreuve de 100 mètres dos aux Jeux olympiques de Rio (Brésil). (ODD ANDERSEN / AFP)

Pas de médaille olympique individuelle pour Camille Lacourt. Arrivé en cinquième position lors de la finale du 100 m dos lundi soir, le vice-champion du monde de la discipline a poussé un sérieux coup de gueule au micro de RMC, “Il y en a trois devant à qui je tire mon chapeau". Problème : il y avait bien quatre nageurs devant lui pendant cette course. Une critique à peine voilée contre le nageur chinois Xu Jiayu, médaille d'argent.

Camille Lacourt a même accentué ses critiques contre d'autres nageurs de la compétition : "Ça me dégoûte de voir des gens qui ont triché sur les podiums." Dans son viseur, le chinois Sun Yang, médaillé d'or du 200 m nage libre. "Il pisse violet !" a lancé Camille Lacourt, visiblement très remonté.

Une réaction furieuse qui lui a valu des critiques et des applaudissements, Camille Lacourt a-t-il été mauvais perdant ?

Oui, sa performance n'a pas été à la hauteur…

Pour certains, Camille Lacourt s'est montré clairement mauvais perdant en critiquant d'autres nageurs après sa propre défaite, qui signe la fin de ses rêves de médaille olympique en individuel. Le moment était particulièrement mal choisi selon l'ancienne nageuse française Sophie Kamoun, consultante à RMC : "Ses propos violents sur le dopage sont à mettre sous le coup de la déception".

D'autant que sa performance sur 200 m dos n'était pas à la hauteur des espérances. Avec un temps de 52"70, il réalise un moins bon score qu'aux derniers championnats du monde de 2015 (52"48).

"Il n'a pas réussi à élever son niveau des demi-finales alors qu'il semblait pourtant en avoir gardé sous le pied. Il est parti beaucoup trop prudemment", a analysé Sophie Kamoun.

Camille Lacourt a lui même reconnu qu'il n'avait pas atteint la performance qu'il imaginait. "Quand j'ai voulu accélérer, ça n'a pas répondu" a-t-il lancé après sa course.

… et il accuse sans preuve

Le nageur français n'a pas non plus donné de justification à sa critique de Xu Jiayu, arrivé en deuxième position dans la même épreuve. "Ça me déplaît d’être battu par un Chinois", a simplement affirmé Camille Lacourt après la finale de 100 m dos, alors que Xu Jiayu n'a jamais été condamné pour dopage.

Non, les soupçons de dopage se multiplient…

Avec ses déclarations chocs, Camille Lacourt est-il en train de briser l'omerta sur les cas de dopage dans la natation internationale ? Ses principaux soupçons visent en effet le nageur chinois Sun Yang, médaille d'or sur 200 m et contrôlé positif lors d'une analyse antidopage en 2014. Suspendu trois mois, son retour dans les bassins des Jeux olympiques a provoqué la colère de plusieurs nageurs, dont Camille Lacourt.

La veille, c'était le champion olympique australien Mack Horton qui avait critiqué son dauphin Sun Yang avec qui il avait partagé le podium du 400 m nage libre. "Je n’ai pas de respect pour les dopés", avait lâché l'Autralien, provoquant la colère des médias chinois.

Le chinois Sun Yang n'est pas l'unique cible des critiques de Camille Lacourt. Ce dernier a eu des mots très durs contre l'ensemble de sa discipline : "Je suis très triste de voir mon sport évoluer de cette façon."

… et Camille Lacourt n'est pas le seul à les formuler

Copieusement sifflée avant le début de sa course, la nageuse russe Yuliya Efimova, médaille d'argent olympique, fait aussi partie des nageurs critiqués. Le champion américain Michael Phelps avait déclaré à son sujet : "C'est triste que de nos jours il y ait des gens contrôlés positifs, même deux fois pour certains, qui ont quand même l'occasion de nager aux Jeux olympiques."

En filigrane, c'est une critique du Comité international olympique qui se dessine. Ce dernier ayant validé la présence de sportifs condamnés pour dopage, dont la nageuse russe, alors qu'elle avait été écartée des Jeux dans un premier temps.

Yannick Agnel, un autre nageur français, avait aussi exprimé sa déception peu avant les Jeux olympiques : "Que ce soit Park Tae-hwan, les Russes ou d'autres nations. On tape beaucoup sur les Russes parce qu'on a découvert le secret de polichinelle, mais je suis certain qu'il y a d'autres nations qui utilisent les mêmes moyens et ça c'est gravissime."

Avec ce coup de gueule, Camille Lacourt souhaite finalement alerter la Fédération internationale de natation, "J’espère que la Fina va vite réagir et arrêter ce massacre parce que ça devient triste." Une demande qui rejoint celle de Michael Phelps qui déclarait quelques jours auparavant : "Cela me fend le cœur et j'aimerais que quelqu'un fasse quelque chose à ce sujet."

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