Une course cycliste "pour la paix" à Sarajevo
Le coup d’envoi des commémorations du centenaire du déclenchement de la première mondiale a été donné hier à Sarajevo. Toute la semaine, des concerts et des expositions vont être proposés au public jusqu’à samedi, jour du centième anniversaire de la mort de l’archiduc François Ferdinand, assassiné sur le pont Latin.
Hier, plus que cet anniversaire, c’est du siège de la ville qu’il a été question à l’occasion de la première édition du critérium cycliste de Sarajevo parrainé par le Tour de France. Entre 1.000 et 2.000 cyclistes, vêtus de jaune et venus de toute la région, ont couru sur la tristement célèbre "Sniper Alley", le long de tous ces immeubles qui portent encore les stigmates de la guerre, les traces d’impacts de balles.
Un peu moins de 20 ans après la fin du siège, les habitants de la région, de Sarajevo qu’ils soient de l’est, côté serbe, ou du centre côté bosniaque, ont tous roulé pour la paix, heureux de laisser derrière eux ce passé trop douloureux. Pour Jasmin, 24 ans, étudiant en économie à Sarajevo, "Tout le monde à encore ces images en tête. Les gens qui ont perdu des proches se souviennent de tout ce qui a pu se passer, mais aujourd’hui cette course était une bonne occasion de positiver et de se tourner vers le meilleur" .
A quelques mois des élections, programmées en octobre, les élus présents hier ont tenu à faire bonne figure. Le maire de Sarajevo Est, côté serbe, et le maire de Sarajevo, côté bosniaque, se sont retrouvés au départ et à l’arrivée pour un moment de partage inhabituel. "Ce n’est pas une campagne politique que nous faisons", affirme Ivo Komsic le maire de Sarajevo. "Nous voulons faire quelque chose de beau à Sarajevo" .
La réconciliation avance
Symboliquement, Ivo Komsic, et Nenad Samardzija maire de Sarajevo Est ont posé ensemble pour les photographes à côté de Christian Prudhomme le patron du Tour de France, du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian et de Roland Gilles l’ambassadeur de France à Sarajevo .
La réconciliation progresse, si l’on écoute Nenad Samardzija. "Depuis que je suis arrivé il y a un an, les tensions n’existent presque plus. Nous avons d’ailleurs entamé ensemble la préparation des Jeux olympiques d’hiver de la jeunesse programmés en 2017 à Sarajevo. C’est quelque chose qui nous aidera pour l’avenir" ».
Les ennemis d’hier travaillent désormais ensemble, mais c’est encore loin d’être suffisant pour Roland Gilles l’ambassadeur de France en Bosnie Herzégovine. "Ce pays est encore partagé avec des discours nationalistes. Les communautés ne vivent pas, ne partagent pas suffisamment. Par exemple l’enseignement entre communautés différentes n’est pas partagé. Ce qui sépare les jeunes générations. Il y a encore des progrès à faire" .
Les manifestations sportives permettent de créer un lien. Mais il faudra plus que cela pour continuer de rapprocher, afin de poursuivre la grande réconciliation engagée.
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