Tour des Flandres : et à la fin, c'est Deceuninck-Quick-Step qui gagne... Les six moments-clés de la victoire de Kasper Asgreen
• 54 kilomètres de l'arrivée : Kasper Asgreen saborde l'option "raid solitaire" de Mathieu van der Poel
La Deceuninck-Quick-Step était de l'aveu de tous l'équipe à battre ce dimanche sur ce Tour des Flandres. Le "Wolfpack" (surnom auto-affublé qui signifie "meute") de Patrick Lefévère a voulu donner le ton dès le premier passage du Vieux Quaremont (2,2 km à 4% de pente et 11,6% au maximum), un des juges de paix du Ronde. Mathieu van der Poel comptait bien en faire la scène d'une de ses attaques signature, pour mieux s'isoler aux avant-postes. Heureusement, Kasper Asgreen veillait au grain. Pour protéger les chances de son leader Julian Alaphilippe, le Danois s'est jeté dans les roues de "MVDP" pour l'empêcher de frapper un premier grand coup.
Voir sur Twitter
• 48 kilomètres de l'arrivée : Julian Alaphilippe oblige les favoris à se découvrir
Le premier coup est l'œuvre de Julian Alaphilippe, justement. Asgreen et van der Poel sont repris, un premier groupe de contre, avec notamment Florian Sénéchal en premier étage de la fusée Deceuninck- Quick-Step, s'en va. Les deux rivaux van der Poel et Wout van Aert (Jumbo-Visma) s'observent, Alaphilippe en profite pour prendre la roue de son compatriote Christophe Laporte (Cofidis) et s'échapper. Quelques kilomètres plus loin, le maillot arc-en-ciel en remet une couche dans le si sélectif Koppenberg (600 m à 11,6%, pente maximum à 22%). Derrière, on n'a pas d'autre choix que de réagir et de passer la vitesse supérieure pour ne pas voir le champion du monde s'envoler.
Voir sur Twitter
• 38 kilomètres de l'arrivée : la garde rapprochée d'Alaphilippe répond présent
La jonction est faite entre les favoris, mais au prix de gros efforts. Si certains cadors retrouvent des couleurs comme Van Aert ou Van Avermaet (AG2R-Citroën), de nombreux outsiders disent au revoir à la victoire finale. Surtout, Alaphilippe a réussi à faire l'écrémage sans déplumer les siens. L'Autrichien Marco Haller (Bahrain-Victorious) s'enfuit en tête, sans que les gros bras n'y redisent quoi que ce soit.
Kasper Asgreen et Florian Sénéchal en profitent pour revenir dans le même groupe que leur leader. L'essoreuse Deceuninck – Quick-Step a encore l'avantage numérique. C'est d'autant plus important que Mathieu van der Poel attaque un kilomètre plus loin dans le court mais raide Taaienberg (530 m à 6,6%, pente max. à 15,8%). Ils ne sont plus que six devant, dont deux Deceuninck : Alaphilippe et Asgreen.
Voir sur Twitter
• 27 kilomètres de l'arrivée : Asgreen déclenche, Alaphilippe lâche
C'est l'instant décisif de ce Ronde 2021. Celui qui a fait passer Kasper Asgreen du statut de bras droit à celui de patron. Alors que le groupe de tête s'accorde un instant de répit après la jonction réalisée par Anthony Turgis (Total-Direct Énergie) et pendant un ravitaillement, le Danois place un franc démarrage. Wout van Aert a encore un bidon dans la main quand il contre, seul Mathieu van der Poel prend la roue. Julian Alaphilippe, lui, n'a plus les jambes. "On a très bien couru, Kasper était très fort, a expliqué le Français à la RTBF. J’étais bien mais pas assez pour l’accompagner dans les derniers kilomètres. Ils étaient un cran au-dessus et Kasper a fait un grand numéro."
Voir sur Twitter
• 17 kilomètres de l'arrivée : Asgreen dernier rempart au show van der Poel
Dans le troisième et dernier passage sur le Vieux Quaremont, Mathieu van der Poel fait tout pour se rapprocher du doublé. Le Néerlandais place au sommet une attaque surpuissante, qui cloue sur place van Aert. La sensation de puissance dégagée par le champion des Pays-Bas est telle qu'on en oublie qu'à son rythme et avec un gros braquet, Kasper Asgreen n'explose pas. Mieux, il arrive à rentrer, au prix d'un effort énorme. "Notre plan était de sauter dans tous les contres, on a parfaitement couru aujourd'hui" a expliqué Asgreen à notre micro après la course. "À chaque fois que j’attaquais, je sentais que Asgreen était facile dans ma roue", a pour sa part noté van der Poel à la RTBF à l'arrivée.
Voir sur Twitter
• Sprint final : La guerre d'usure pour Asgreen
Le duel semblait si déséquilibrée dans un sprint entre Mathieu van der Poel et Kasper Asgreen. Le leader de l'équipe Alpecin-Fenix est un des coureurs les plus explosifs du peloton, capable de rivaliser avec les meilleurs en sprint. C'est ainsi qu'il avait soulevé le Ronde en 2020, devançant Wout van Aert, pourtant pas doté des plus petites cuisses du cyclisme mondial. Moins puissant, Asgreen a gagné la bataille stratégique et psychologique en masquant au mieux son meilleur état de fraîcheur. À 50 mètres de l'arrivée, "MVDP" a flanché brutalement. Pas Asgreen.
"Sur des courses aussi dures, après tant de kilomètres, on peut être un sprinteur hyper explosif, au final c’est ce qui reste dans les jambes qui fait la différence, a analysé Julian Alaphilippe à la RTBF. Kasper a fait ça bien aujourd’hui." "Un sprint après 260 kilomètres n'est pas le même qu'après 200 kilomètres, a abondé Mathieu van der Poel. J'ai senti un peu plus tôt que j'étais à la limite. Kasper avait sans doute encore de la réserve. Je dois bien reconnaître que je suis tombé sur un gros morceau."
Un de plus dans le clan Deceuninck-Quick-Step, au réservoir sans fin sur les courses d'un jour. Après l'hégémonie individuelle de Tom Boonen, la formation de Patrick Lefévère a su se réinventer en multipliant les cartes sur les classiques. L'équipe belge en est à cinq Monuments depuis la retraite de son ancienne star fin 2017, avec un cinquième vainqueur différent (Niki Terpstra, Bob Jungels, Philippe Gilbert, Julian Alaphilippe et donc Kasper Asgreen).
Voir sur Twitter
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.