Tour de France 2021 : "J'ai forcé mon destin"... Le joli coup de Guillaume Martin, nouveau dauphin de Tadej Pogacar
Présent dans l'échappée du jour, Guillaume Martin est désormais deuxième du général à 4'04'' du maillot jaune Tadej Pogacar.
Ce n'était sans doute pas son objectif du jour, lui qui avait annoncé en début de Tour de France viser des victoires d'étape sans ambition au classement général. Mais au soir de cette 14e étape, samedi 10 juillet, voilà Guillaume Martin (Cofidis) deuxième du classement général, devancé de 4'04" par le maillot jaune Tadej Pogacar (UAE-Emirates). "On a toujours quatre minutes d'avance, ce qui est une bonne marge", relativisait d'ailleurs le leader du général.
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"J'ai tenté, UAE-Emirates (l'équipe de Pogacar) ne pouvait pas courir tous les lièvres. J'ai forcé mon destin"
Guillaume Martinà France Télévisions
Le Français, que le peloton a laissé partir dans l'échappée du jour, était pointé à 3'57" de Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma), troisième au général. Un écart suffisamment important pour qu'il se glisse dans la bonne échappée, qui a mis longtemps à se former après une première partie de course avalée à grande vitesse. "C'était une étape encore super dure. J'ai vu une opportunité dans la bosse en milieu de course. C'était risqué, j'ai dépensé beaucoup d'énergie pour faire vivre cette échappée. Sur une arrivée comme cela en descente, je savais que la victoire d'étape allait être dure à jouer", expliquait-il en souriant à l'arrivée. "On a vu que c'était une étape difficile qui convenait aux caractéristiques de Guillaume (Martin). Il a tenté crânement sa chance et on sait que c'est un attaquant", s'est réjoui le manager général de Cofidis, Cédric Vasseur.
Onzième sur la ligne à Quillan, le grimpeur de la formation nordiste a profité de l'inertie des formations EF Education-Nippo du deuxième du général Rigoberto Uran et de Jumbo-Visma, celle de Jonas Vingegaard, pour combler un écart pourtant conséquent. S'il est toujours très loin du Slovène, il compte samedi soir 1'14" d'avance sur le Colombien, désormais troisième. "On me demandait si je n'étais pas trop près pour qu'on ne me laisse pas de bon de sortie. C'est un Tour particulier avec beaucoup d'opportunités et je vais continuer de les saisir", a continué Guillaume Martin.
Choix cornélien pour Martin
Le Français devra sans doute faire un choix désormais : faire une croix sur ses ambitions initiales d'un bouquet car trop proche au général, ou viser un podium à Paris, alors qu'il n'a jamais conclu un Tour de France dans les dix premiers. "C'est une bonne journée, je suis content de la course de l'équipe et du tempérament agressif que j'ai pu montrer. D'habitude, on est un peu sur la défensive. Cette année je n'ai pas envie de m'embêter avec ça, je veux prendre des risques et aujourd'hui ça semble payant", a-t-il dévoilé sans trop en dire à l'arrivée. "Pour nous, c'est un résultat fantastique", a poursuivi Cédric Vasseur.
À moins que les pentes d'Andorre ne décident pour lui, lui faisant payer ses efforts consentis au pied des Pyrénées. "Dans le final, j'ai eu un petit problème de déshydratation, je me sentais sans force. J'espère que je vais bien récupérer pour demain", a-t-il conclu. La journée de repos prévue lundi dans la principauté pourrait ensuite lui faire beaucoup de bien avant d'attaquer une dernière semaine décisive.
Très à l'aise dans les Alpes avec une huitième place au Grand-Bornand et une quatrième place le lendemain à Tignes, le grimpeur doit limiter la casse dans les Pyrénées s'il souhaite conserver sa position. "Ils (les favoris) considèrent sûrement qu'il est moins fort qu'eux en montagne et ils vont essayer d'aller lui récupérer du temps demain ou mardi", analysait son compagnon d'échappée Valentin Madouas (Groupama-FDJ), 12e de l'étape. "Les Pyrénées, ça avait bien fonctionné l'année dernière pour Guillaume (Martin). Ce qui va être important, c'est de bien gérer l'étape de demain et de ne pas avoir de contrecoup", a prévenu son dirigeant.
Un contre-la-montre qui ne l'avantage pas
Les quatre prochaines étapes sont très montagneuses avant le contre-la-montre de la 20e étape. Un exercice dans lequel Guillaume Martin ne brille pas. Celui-ci avait concédé plus de deux minutes à Rigoberto Uran et près de trois minutes par rapport au quatrième du général, Jonas Vingegaard, sur les 27 km du chrono de la cinquième étape, en Mayenne. "Avoir Guillaume (Martin) juste dans la roue de (Tadej) Pogacar, on ne sait pas ce qui peut arriver sur le Tour de France. Paris est encore loin, il reste une semaine. Je suis très optimiste au moment d'aborder la dernière partie du Tour. Pogacar est au-dessus de tout le monde mais il n'est pas à l'abri d'une défaillance", glissait dans un sourire le manager général de Cofidis.
Guillaume Martin n'en est pas encore là et sa deuxième place redonne des couleurs à une Grande Boucle moribonde pour les Tricolores. "Il a tenté, c'est vraiment super pour lui, saluait Valentin Madouas. Il a dit qu'il ne jouerait pas le classement général et finalement il fait son plus beau Tour de France. Il s'est retiré un peu de pression et c'est forcément bénéfique pour lui."
"La France attend un coureur pour le Tour et je pense qu'aujourd'hui Guillaume (Martin) nous a donné beaucoup d'émotions. Le coureur normand est peut-être le maillot jaune du courage. Peut-être qu'il va faire des rêves en jaune, car quand on est deuxième, on a qu'une envie c'est d'aller chercher la tunique jaune", a conclu un Cédric Vasseur aux anges.
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