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Le réalisateur du Tour de France: "Il y a trop de motos sur les courses"

Jean-Maurice Ooghe, réalisateur du Tour de France depuis 1997, est bien placé pour connaître les dangers éventuels liés aux motos dans les courses. Selon lui, la mort du coureur belge Antoine Demoitié, à Gand-Wevelgem dimanche, tient de la fatalité même s’il pense que les instances doivent réfléchir à une amélioration de la sécurité des coureurs notamment en réduisant un peu le nombre de motos présentes ou en créant un pool de motos pour mieux réguler le nombre de suiveurs.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
 

"Il y a eu quelques cas d’accidents dus à des motos depuis l’année dernière mais difficile de dire si c’est un problème particulier ou la loi des séries. Je vais vous donner mon sentiment. Ce n’est évidemment pas une certitude absolue. En 2015 à la Clasica San Sebastien, Greg Van Avermaert a été renversé par une moto alors qu’il était en tête et qu’il pouvait gagner. Je pense qu’il y a trop de motos sur les courses aujourd’hui. Sur un plan provenant d’un hélicoptère, on a bien vu qu’il y en avait un nombre excessif. Maintenant, on ne peut pas faire sans, comme le dit Dan Martin. Sur le Tour de France, il y avait déjà des motos dans les années 30 et il en faudra toujours.

"ASO, ce sont des grands pros"

Il faut distinguer les motos prioritaires, celles de commissaires de course d’abord qui ont un rôle de régulation indispensable, puis celles de la télévision qui couvrent la course. Il y en a cinq, les fameuses motos images. Après, il y a deux motos son (celles avec les journalistes de France Télévisions, NDLR). Mais il y a des dizaines de motos en tout sur la course. C’est vrai que c’est dangereux mais les organisateurs sont des grands pros. Avec Amaury Sport Organisation, c’est bien régulé. Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France, nous réunit avant le début du Tour avec tous les motards et Thierry Gouvenou, le directeur technique des épreuves ASO.

Il y a aujourd’hui d’autres motos qui n’étaient pas là il y a quelques années comme les motos fraîcheurs ou les motos transportant des journalistes ou des photographes. Il y a parfois une certaine concurrence entre les motos photographes et les motos journalistes. Tout le monde veut être au cœur de l’évènement et il y a davantage de journalistes des chaines d’infos qu’avant.

"Les plus belles images ne méritent pas de mettre des vies en péril"

Ce qu’il se passe depuis quelques temps doit forcément interpeller les instances. Même s’il y a une part de hasard, on doit tous réfléchir car même le meilleur des pilotes peut avoir un accident impliquant un cycliste. Dans le cas d’Antoine Demoitié, j’ai vu qu’il y avait un début de polémique sur l’arrivée tardive des secours extérieurs à la course. Le procureur a ouvert une enquête.

Ce que je peux vous dire, c’est que le radiodiffuseur hôte du Tour de France pour le compte de France Télévisions, Euro média France, choisit des motards expérimentés. Le pilote apprend d’abord sur des courses plus petites avant de faire le Tour et de prendre un caméraman avec lui. Une des solutions pourrait venir de la création d’un pool pour diminuer les motos présentes. Les plus belles images ne méritent pas de mettre des vies en péril".

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