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La FDJ prend l'air

Le dernier Tour de France a signé le retour au premier plan de la Française des Jeux avec deux victoires d'étape et des coureurs souvent aux avant-postes. A défaut de livrer la botte secrète de la formation tricolore, le docteur Gérard Guillaume a levé le voile sur l'un des secrets du travail de récupération : le Bol d'air.
Article rédigé par franceinfo
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Le Bol d'air Jacquier. N'allait pas croire qu'il s'agisse de mettre les coureurs au grand air après une course. Non. On parle plutôt d'un appareil qui facilite la récupération des coureurs. Pas d'objet de torture en vue, le fameux Bol d'air Jacquier aide depuis plus de 60 ans les individus, qu'ils soient sportifs ou non, à mieux respirer, faciliter le travail de récupération, lutter contre le stress oxydatif, le vieillissement ou encore la pollution, à travers un principe d'oxygénation cellulaire naturel. Pour toutes ces raisons, le docteur Gérard Guillaume, médecin de la Française des Jeux, tente de convertir ses coureurs.

Rhumatologue, spécialiste des médecines douces et médecin de la FDJ depuis 1999, le docteur Guillaume s'est toujours intéressé aux méthodes alternatives de récupération. Lors du dernier Tour de France, il a décidé d'utiliser le Bol d'Air au quotidien. " Cela fait 15 ans que je connais cet appareil. Je dois être l'un des seuls médecins d'équipe à l'avoir systématisé pour ses effets sur la respiration et sur l'assimilation de l'oxygénation. On l'a utilisé pour la première fois en stage. Je l'ai amené plusieurs fois par la suite sur les courses la saison passée, pour juger de ses effets", explique-t-il.

Pas question de l'imposer aux coureurs, mais plutôt de les laisser se familiariser et se l'approprier. Pour cela, le Dr Guillaume a pu compter sur trois ambassadeurs de choix, Sandy Casar, Matthieu Ladagnous et Arnold Jeannesson, qui étaient déjà rodés à son utilisation. "Je l'ai connu l'année dernière, explique Casar. Tous les soirs et le matin quand j'ai le temps, j'en fais cinq ou six minutes. Moi qui ai beaucoup de problèmes respiratoires depuis le début de l'année (2012), beaucoup de rhumes, ça m'aide très bien."

Une meilleure oxygénation du corps

Le Bol d'air Jacquier, commercialisé par l'entreprise Holiste, utilise les principes actifs de l'huile essentielle de résine de pin pour les transformer en porteurs d'oxygène. Ceux-ci pénètrent dans l'organisme et délivrent, via l'hémoglobine, de l'oxygène (plus de 100 fois leur poids). Pas de risque de taux anormaux lors de contrôle : il n'y a pas de création d'hémoglobine, mais une meilleure oxygénation du corps. Pour cela, il suffit d'effectuer une séance d'au moins trois minutes le plus fréquemment possible (plusieurs par jours si possible) en se positionnant face à la machine et en respirant les vapeurs dégagées. Dès lors, une sensation de bien-être s'empare de chaque individu qui réagit différemment aux vapeurs: meilleure respiration, meilleure récupération. En résumé, une meilleure capacité de défense de l'organisme contre les radicaux libres.

A voir les résultats de la FDJ lors du Tour de France 2012 (deux victoires d'étape pour Thibaut Pinot et Pierrick Fédrigo; 10e place au général pour Pinot et 22e pour Casar), on y voit peut-être les conséquences d'une utilisation quotidienne. "On n'innove jamais sur le Tour de France. On a commencé avant, en stage au mois de mai, puis sur le Dauphiné avant le Tour. Ensuite, lors de la Vuelta," confie-t-il. Pour que son utilisation soit optimale, il ne faut pas brusquer les coureurs, mais les inciter à l'ajouter à un planning déjà très serré durant trois semaines de course. "Il n'y a pas de contrainte. Ils sont totalement libres de l'utiliser ou non. C'est davantage un problème de planning et de disponibilité. Sur le Tour, on avait un appareil pour neuf coureurs. Si le garçon est libre, mais pas l'appareil. Il ne revient pas et passe à autre chose", admet le toubib de la formation française.

Un protocole à l'étude

Si aucun coureur ne s'est vraiment montré réfractaire durant la saison, le Dr Guillaume espère en généraliser l'utilisation au sein du groupe en 2013. Pour cela, il a commencé à apporter le Bol d'air durant le stage de préparation en décembre. "Ils ont davantage de temps pour pouvoir le voir, reconnaît-il. La promotion se fait en interne, entre coureurs. Dès lors qu'ils en trouvent un bénéfice, ils le font savoir et les autres s'y mettent".

"C'est difficile de juger des effets. On fait plein de choses. Comment isoler les effets?" s'interroge le docteur qui est à l'origine d'une étude qui va être menée à l'UFR Staps de Besançon, sous la houlette de l'entraîneur de la FDJ Frédéric Grappe, afin de " mesurer et quantifier" les effets du Bol d'air sur des individus divers (saturation d'oxygène, mesures respiratoires, stress oxydatif, etc.) pour avoir des paramètres et sortir des données de sensation. Le médecin de la FDJ espère ainsi développer un protocole d'utilisation du produit.

Si les réactions peuvent être propres à chaque individu, le docteur Guillaume a déjà tiré une première conclusion globale : "rare sont ceux qui le font juste avant une course. Il n'aime pas trop et préfère une séance juste après le petit-déjeuner, suffisamment longtemps avant le départ." Pour lui, il ne faut de toute façon pas une utilisation "ponctuelle". "Si on veut un effet sur la préparation, sur la récupération, il faut l’utiliser en dehors de la compétition, pour l’appréhender", conclut-il. "L'utiliser de façon ponctuelle n'aura aucun effet autre qu'une sensation de bien-être sur le moment. Pour un effet sur la récupération, la préparation et la lutte contre le stress oxydant, il faut un travail sur la durée." La FDJ se prépare donc à la vie au grand air.

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