Jack Bauer : "A 400m, j'ai cru que c'était gagné"
- Quel est votre premier sentiment à l’arrivée de cette 15e étape ?
Jack Bauer : "Aucune fierté, rien que de l’amertume, de la déception. C’est le rêve de tout coureur de gagner une étape sur le Tour. Dans les 100 derniers kilomètres, avec la météo changeante, le vent, la pluie, on y a vraiment cru avec Martin (Elmiger). J’ai tenté de mettre un dernier coup dans le final. Franchement, à 400 mètres de la ligne, j’ai cru que c’était gagné. Ce n’est que dans les tous derniers mètres que j’ai compris".
- Pourquoi avoir tenté votre chance sur cette étape ?
J.B. : "Si on prend une échappée, ce n’est pas juste parce qu’on a les jambes. C’est une question de motivation, de bagarre… Après ces deux derniers jours suffocants, beaucoup ne voulaient pas aller dans l’échappée ce matin. Beaucoup voulaient un sprint. Moi, j’estimais qu’il y avait un coup à jouer. Surtout pour l'équipe : sans Talansky, nous avions besoin d’un bon résultat. On a donc pris le pari de partir aujourd’hui, et comme vous l’avez vu, il s’en est fallu de peu. Si près et si loin à la fois…"
- Qu’a-t-il manqué pour que votre échappée aille au bout ?
J.B. : "A deux, nous n’étions sans doute pas assez pour espérer quelque chose. Aller au bout à deux après 220 kilomètres, c’est un gros pari. J’ai absolument tout donné et je suis très déçu, ça s’est sans doute vu à ma réaction sur la ligne d’arrivée. Sur une course comme le Tour, il y a tellement de hauts et de bas : aujourd’hui, il y avait une petite chance pour que ça soit un haut. En équipe ce matin, nous avions décidé de lancer quelqu’un dans l’échappée".
- Comment avez-vous réagi au retour du peloton ?
J.B. : "A 5 kilomètres de l’arrivée, j’avais des bonnes jambes et j’étais quasiment sur à 100% que l’étape allait se jouer entre lui et moi. La route était compliquée, glissante, c’était déjà dur pour moi et Martin, donc pour le peloton… Nous avons commencé à nous chercher un peu en vue du duel final, sans doute un peu trop. L’écart était encore suffisant à un kilomètre de la ligne. Martin a tenté, j’ai sauté dans sa route, puis je suis parti à 400 mètres de la ligne. Trop juste".
- Cette victoire aurait-elle eu une signification particulière ?
J.B. : "Oui, les cinq derniers jours étaient très compliqués et une victoire d’étape aurait été un bel accomplissement. Quant à devenir le premier Néo-Zélandais vainqueur d’étape sur le Tour, l’idée n’a même pas traversé mon esprit. Je sais que Julian Dean, mais aussi Christopher Jenner il y a quelques temps, ont eux aussi failli y parvenir. Ils ont d’ailleurs tous les deux remporté un contre la montre par équipes. C’est sûr que ça aurait été une fierté, pour moi, pour ma famille. Mais j’ai tout donné. C’est un rêve qui ne s’est pas réalisé, mais je suis sûr que j’aurai d’autres chances".
- Que s'est-il passé dans votre tête au moment où le peloton vous dépasse ?
J.B. : "Tout s’est assombri… (il rigole). J’ai eu besoin d’un moment après avoir passé la ligne. Dans les derniers mètres d’une étape comme ça, après un tel effort, après avoir tellement cogité, après avoir cru que le peloton était suffisamment tenu à distance, c’est le monde qui s’écroule pendant quelques instants. Mais ce n’est que du cyclisme. Il faut se relever et retenter le coup. C’est ce que je ferai".
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