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Qui est Attila Valter, la jeune pépite de la Groupama-FDJ et nouveau maillot rose du Giro ?

Le jeune Attila Valter (Groupama-FDJ) est le nouveau leader du classement général du Tour d'Italie.

Article rédigé par Loris Belin, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le Hongrois de la Groupama-FDJ Attila Valter, maillot rose du Tour d'Italie au terme de la 6e étape, le jeudi 13 mai (LUCA BETTINI / AFP)

C'est la sensation en ce début de Giro. En prenant une étonnante 12e place à l'arrivée de l'exigeante sixième étape, remportée par Gino Mäder jeudi 13 mai, Attila Valter (Groupama-FDJ) s'est emparé du maillot rose de leader. La jeune pépite hongroise de 22 ans a tenu, jusqu'au bout, le rythme des cadors du peloton, et impressionne déjà par ses talents de grimpeur. Franceinfo: sport vous fait découvrir le nouveau patron du Tour d'Italie.

Dans l'ombre des nouveaux géants, Valter a tout pour être un futur grand

Pogacar, Van Aert, Van der Poel, Pidcock, Evenepoel, Hirschi… Ces derniers mois, nombreuses sont les révélations du peloton appartenant encore à la classe biberon. Et derrière ces têtes de gondole d'une génération dorée, d'autres comme Attila Valter attendaient sagement leur tour pour signer leur explosion. Le nouveau leader du classement général du Giro, qui a fait ses gammes en VTT - comme d'autres noms cités plus tôt -, n'en est pourtant pas à son coup d'essai. Valter s'était fait un nom dans les catégories de jeunes en remportant la neuvième étape du Tour de l'Avenir, le grand rendez-vous international des futurs champions. Et pas n'importe comment : au sommet de Tignes, devant le Norvégien Tobias Foss, vainqueur du général.

Si ses premiers pas dans le monde pro ont été moins retentissants - la faute notamment à une première saison sabordée en 2020 par le coronavirus -, Attila Valter avait tout de même déjà prouvé qu'il n'avait pas peur de tenter sa chance, terminant dans le Top 30 du général pour son premier Grand Tour le Giro 2019 (9e de la 20e étape). En début de saison, ses deux Tops 10 d'étape sur le Tour de Catalogne où sa nouvelle formation, la Groupama-FDJ, lui avait donné carte blanche, étaient de nouvelles promesses semées.

Prophète en son pays

Valter ne possède pourtant pas le pedigree classique du crack en devenir. La Hongrie n'est pas vraiment une terre de cyclisme. "Il vient d'un pays qui n'a pas une grande culture vélo, donc il a encore beaucoup de choses à apprendre", disait de lui son directeur sportif, Julien Pinot, après sa prise de pouvoir jeudi, au micro d'Eurosport. Mais Valter est le fer de lance d'une nouvelle génération de coureurs magyars, prête à faire ses preuves sur le World Tour. Le natif de Csömör avait notamment levé les bras à domicile l'an dernier sur le Tour de Hongrie, à peine revenu dans le calendrier mondial, en remportant une étape et le classement général. Le voilà désormais premier Hongrois leader du classement général d'un grand tour dans l'histoire.

"J'avais une motivation énorme, je voulais lutter pour le maillot rose mais, pour cela, je devais m'accrocher le plus longtemps possible", a-t-il expliqué après l'étape. Si le sommet du classement général du Giro est son premier grand fait d'armes en carrière, Attila Valter avait pourtant d'autres priorités pour cette année 2021. "Pour moi, en tant que Hongrois, la performance olympique est importante : être olympien en Hongrie est un grand honneur et une grande gloire", décrivait-il au magazine Nemzeti Sport en début de saison. L'an passé, Valter était le seul Hongrois au départ des championnats du monde en ligne.

"L'ange gardien" vole déjà de ses propres ailes

Dire qu'il ne devait être présent sur ce Giro que comme équipier. La Groupama-FDJ avait décidé de lancer sa recrue hivernale comme un des "anges gardiens" de Thibaut Pinot sur les routes du Tour d'Italie. Ce rite d'apprentissage s'est vite transformé en occasion de s'imposer comme leader de substitution. Si le Français visait avant tout le classement général, Valter mise plutôt sur les coups, comme celui tenté dans l'échappée victorieuse mardi 11 mai, lors de la 4e étape (remportée par Joe Dombrowski).

La même échappée qui lui a permis de prendre du temps et de monter sur le podium jeudi pour recevoir son maillot rose. "Il faisait partie des coureurs désignés ce matin pour intégrer l’échappée, relatait Philippe Mauduit, directeur sportif de la formation française. Il ne s’est pas loupé, et c’est déjà quelque chose d’intéressant. Quand on lui donne des consignes, il est capable de les respecter et de se lancer dans la bataille."

Valter pourrait désormais être calife à la place du calife, et bénéficier de la garde rapprochée prévue pour Pinot avec les expérimentés lieutenants Sébastien Reichenbach et Rudy Molard. La Groupama-FDJ comptait beaucoup sur lui pour l'avenir. Valter a décidé d'accélérer un peu le tempo. "Attila en rose, on y avait pensé seulement dans nos rêves les plus fous", avouait sans mal Julien Pinot au terme de la sixième étape. Ce, alors que le Hongrois considère ne pas être "encore dans sa meilleure forme".

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Jambes de feu et tête bien faite

Il faut bien dire que la préparation de ce Giro a été chargée pour Attila Valter. Non seulement le forfait de Thibaut Pinot a bouleversé les plans de son équipe et ses desseins personnels, mais surtout, à 22 ans, Valter a terminé un mémoire sur les appareils connectés et applications au service de la performance cycliste... Trois jours avant le départ de la course ! Pas de quoi en faire un coureur cérébral, lui qui jusqu'ici brille surtout par sa capacité à tenter sa chance et tester sa résistance. Un cocktail intéressant allié à un physique idéal (1,85m, 65kgs) pour briller dans les courses à étapes.

L'élève compte bien faire ses classes sans tarder. "C'est un bon jeune que l'on a suivi depuis un moment, expliquait Julien Pinot à Eurosport. On a voulu le recruter à l'époque pour notre équipe continentale. Quand son ancienne équipe CCC s'est arrêtée à la fin de la saison 2020, on lui a refait une proposition et il nous a rejoint. L'équipe, avec l'accompagnement qu'on lui propose, va le faire bien progresser." Attila Valter devrait pouvoir savourer son maillot rose au moins une étape de plus vendredi, sur le plat. Samedi sera une autre leçon à retenir. Et une autre occasion de s'affirmer.

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