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Ça s'est passé un… 4 mai 1924 : les Jeux olympiques de Paris débutaient

Il y a tout juste 96 ans le, 4 mai 1924 débutaient les Jeux olympiques de Paris. A Colombes, Le XV de France affronte la Roumanie. Coup d’envoi d’une compétition qui va s’étaler sur 84 jours. On est bien loin des 16 jours officiels qui sont depuis devenus la norme. Une autre époque, et pourtant…Les problématiques rencontrées alors ont traversé le temps !
Article rédigé par franceinfo
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  (- / INTERCONTINENTALE)

Femme Olympique

"3089 athlètes dont 135 femmes !"  Entre Brandy et cigares, quelques bienfaiteurs "avant-gardistes" du sport moderne font remarquer – entre gentlemen - que c’est bien plus que lors de l’Olympiade précédente. Médiatiquement, cette 8e édition des Jeux de l’ère moderne porte bien son nom, pour la première fois les compétitions sont retransmises par la TSF, la radio rend l’événement planétaire. On approche les mille journalistes accrédités. Les statistiques ne précisent pas si la parité était respectée. Pour les derniers Jeux de Pierre de Coubertin comme président du CIO, on connaît la réponse. 
Si un siècle plus tard la ville lumière mettra sous le feu des projecteurs autant d’athlètes féminines que d'athlètes masculins, un constat s’impose : les compétitions "testostéronées" monopolisent encore l’intérêt du public et des médias. Les mentalités mettent beaucoup de temps à évoluer.

Argent, trop cher

Ces Jeux de 1924 donnent l’occasion à Paris et au Baron de prouver que la capitale est capable d’accueillir dans les meilleures conditions les athlètes du monde entier (les Jeux de 1900 avaient été éclipsés par l’exposition universelle.) Une promesse symbolisée par le tout nouveau slogan du CIO "Plus vite, Plus haut, Plus fort."
Les archives nous révèlent qu’à l’époque,  le Comité d’Organisation en charge du financement et des infrastructures se heurte à des problèmes de budget, déjà ! L’Etat français s’engage à verser 20 millions de francs, la ville de Paris 10 millions. Le stade Olympique ne se situera pas en centre ville mais à Colombes, une enceinte de 45 000 places, propriété du Racing Club de France qui, en contre partie, obtient la moitié de la recette des Jeux. Les bons comptent font les bons amis.

On découvre les vertus du Grand Paris, le concept ne date pas d’hier. En dépassant la petite ceinture, on parvient à la desserrer, décidément Paris est magique !
Cent ans plus tard, ses habitants ont le masque. La crise du coronavirus est passée par là. La construction de certaines infrastructures des JO de  2024 est mise à l’arrêt, les travaux des deux lignes du Grand Paris Express stoppés. S’il est trop tôt pour mesurer l’impact de cette pandémie, certains sponsors pourraient décider de ne pas s’engager dans l’aventure, problématique alors qu’ils sont sensés apporter plus d’un milliard d’euros sur les 3,8 nécessaires au COJO. Le Comité d’Organisation reste d’un calme Olympien, communication à toute épreuve et propos rassurants quand Guy Drut trouve le projet obsolète et déconnecté de la réalité. Après le déconfinement, il s’agira pourtant d’agir et de trouver des solutions ensemble selon un nouvel adage « Plus vite, Plus light, Moins cher.» Sacré Pari(s) !

Pas logés à la même enseigne

Du jamais vu. En 1924, un village olympique accueille pour la première fois les athlètes avec des repas offerts au restaurant. Les logements en bois sont spartiates. Les plats ne relèvent pas de la grande gastronomie à un point tel que la délégation britannique fait même venir un cuisinier de Londres... Aujourd’hui on croirait à une  fake news, ce n’en était pas une ! Les Américains résident pour leur part dans la grande couronne, au Château de Rocquencourt. 
La savate, le canoë canadien, la pelote basque et la canne de combat sont en démonstration. Force est de constater qu’ils n’ont pas vraiment marqué l’histoire de l’Olympisme. Mais qui peut dire ce qu’il adviendra du skateboard, de l’escalade, du surf et du breakdance, sports additionnels aux JO de 2024 ? L’avenir nous le dira.

 

Aucun sport, même les plus à la mode, n'est à l’abri. A cet égard,  l’exemple du rugby en 1924 est éloquent. En démonstration 4 ans plus tôt à Anvers, la discipline fait officiellement son entrée ce dimanche 4 mai dans le programme olympique. Symboliquement, c’est d’ailleurs elle qui lance les Jeux. Un début en fanfare, la France bat la Roumanie 61 à 3. Seulement trois équipes prennent part à la compétition l’avantage, c’est qu’on est sûr d’être médaillé ! Les nations phares de l’hémisphère Sud – Australie, Nouvelle-Zélande et Afrique du Sud – n’ont pu rejoindre le Vieux Continent alors que les équipes britanniques, elles, n’ont pas daigné se joindre à l’événement.
Pour la petite histoire, trois semaines plus tard, les Américains remportent la compétition en battant la France 17 à 3 avec des joueurs issus pour la plupart du football américain.

Clin d’œil de l’histoire

Ulcéré par la tournure du match, le public français se révolte. L’hymne américain est sifflé, les joueurs doivent quitter le stade sous escorte policière. On est bien loin des valeurs de fair-play prônées depuis par le rugby. L’essai n’est pas transformé ! Renvoyé dans ses 22, le ballon ovale ne réapparaîtra que 92 ans plus tard aux JO de Rio sous la forme de rugby à VII.

Comme un clin d’œil de l’histoire, l’actualité nous renvoie à ces Jeux d’un autre temps qui nous interpellent par la résurgence de questionnements étrangement similaires. Comment un siècle plus tard, l’organisateur va-t-il s’y prendre pour boucler son budget ? Les athlètes français vont-ils briller ? Le sport féminin vat-il enfin trouver sa place ? Quid de l’adhésion du public alors qu’une crise sanitaire inédite dont nous ne connaissons ni la fin ni les répercussions nous confine chaque jour un peu plus dans nos interrogations ? Il faut croire en l’avenir et en l’Homme,  se dire que le temps va enfin faire son œuvre, que les vertus du sport nous aiderons à nous reconstruire. Se dire enfin qu’à travers les siècles, qu’au-delà des épreuves, Paris sera toujours Paris !

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