Rio 2016 - Vincent Collet : La génération Tony Parker "méritait une meilleure fin"
Comment expliquer cette claque reçue ?
Vincent Collet : "On a manqué de réussite et eux ont rentré des tirs difficiles qui nous remettent à 18, 20 points. On a essayé de changer des choses, mais leur science du jeu est très au-dessus de la moyenne. Et quand ils ont la réussite en plus… Le panier symbole, c’est le trois points réussi par Ricky Rubio alors qu’on sait que ce n’est pas sa spécialité. La qualification tardive a joué ? Je ne sais pas, mais c’est évident que c’est mieux de se qualifier plus facilement. Il faut noter aussi qu’on a fini par des matches qui ne nous ont pas aussi bien préparés à ce choc que l’Espagne. La Roja a joué des matches ‘à la vie, à la mort’ au premier tour. On aurait dû savoir s’ajuster. Il ne faut pas chercher des excuses non plus, ils nous ont trop dominés. Pour les battre, on aurait dû être aussi agressif qu’eux. On n’a pas à avoir de regret, on a essayé des choses, mais ils nous ont donné une leçon."
Ce manque d’agressivité est dû à quoi ?
V C : "Ce n’est pas de la mauvaise volonté. Le niveau était très élevé. On a essayé… Ils évoluaient à une vitesse supérieure. C’était flagrant du banc. Dans les déplacements sans ballon, dans les transmissions… On avait travaillé ce domaine également avant la rencontre : les transferts de balle pour les faire se déplacer et ne pas enterrer le ballon, mais ça n’a pas fonctionné."
Vous êtes triste que cette génération termine sur cette sévère défaite ?
V C : "C’est un regret. Elle méritait une meilleure fin. Je suis triste mais comme l’a dit Tony (Parker, ndlr), c’est anecdotique. Il faudra retenir ce qui avait été accompli avant. Et cela reste un quart de finale olympique, ce n’est pas anodin."
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En 2013, il y avait eu un discours fort de Tony Parker à la mi-temps. Que s’est-il passé cette fois ?
V C : "C’est moi qui ai parlé, mais ça a moins bien marché vous l’avez remarqué (rires). J’avais aussi parlé en 2013, mais personne ne l’a vu. Je parle toujours. Dans le vestiaire, j’ai justement fait référence à ce moment (en 2013, la France était menée 34-20 à la pause avant de se qualifier, ndlr). Je voulais une réaction notamment dans l’agressivité. Tant qu’on les laisserait avancer et qu’on se laisserait transpercer - on n’arrivait pas à tenir les un-contre-un - ça allait être compliqué. Il fallait que notre niveau défensif s’élève de 20 ou 30%. On l’a fait un peu plus en seconde période mais pas suffisamment. Puis à chaque fois qu’on a eu des possibilités de mettre le nez à la fenêtre, on a raté des trucs immanquables. Dans la foulée, eux mettaient le tir qu’il fallait, donc forcément à un moment, ça craque."
Les dernières minutes ont été longues pour vous et votre équipe ?
V C : "On a attendu que ça se termine. Tony ? Je l’ai remis malgré tout. Dans une autre compétition, un autre contexte, s’il n’arrêtait pas sa carrière après ça, je ne l’aurai pas remis sur le terrain. Mais je voulais que les gens le voient. C’étaient ses dernières minutes… C’est lui qui a demandé à ressortir.
Quelles images garderez-vous de la carrière de Tony Parker sous le maillot bleu?
V C : Tout ce qu’il a donné à cette équipe de France. Si on est champion d’Europe en 2013, c’est grâce à lui. En première période contre l’Espagne en demi-finale, on était dans le même état qu’aujourd’hui, sauf qu’on avait su réagir. Avant la pause, sur les 20 points qu’on avait marqué, il en avait mis 14. Il jouait tout seul, il nous avait empêchés de sombrer. Puis l’équipe s’était réveillée et on était allé chercher ce titre. C’est sa plus grande performance. Il a couru après ce trophée pendant 12 ans, c’était sa récompense. C’est un match symbole mais il y en a tellement d’autres. A de nombreuses reprises, il a porté l’équipe de France. Il méritait une meilleure sortie mais les gens oublieront vite ce match là et se souviendront de tout ce qu’il a fait.
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L’équipe de France retrouvera-t-elle un jour un ‘nouveau’ Tony Parker ?
V C : Cela peut arriver. Ou pas. De très bons jeunes émergent. Je ne vais pas les nommer pour ne pas leur mettre la pression, mais n’est pas Tony qui veut. Il a tenu un discours encourageant pour le futur, mais il ne faut pas ignorer que c’est un tournant pour l’équipe de France. Cela fait quatre, cinq ans que je le dis. On ne pourra le remplacer comme ça. Lui, Mickael Gelabale et Florent Piétrus non plus d’ailleurs. On ne sait pas ce que fera Boris (Boris Diaw a assuré après la rencontre qu'il continuait, ndlr)… Il va falloir que le basket français travaille pour rester dans le Top 8 mondial. On y est encore ce soir (mercredi, ndlr), on reste sur une médaille de bronze européenne et mondiale, mais pour se maintenir dans ce gratin, il faudra bosser. Ce n’est pas une bonne nouvelle que ces joueurs-là, et en particulier Tony, arrêtent.
C’est vraiment la fin d’une époque ?
V C : "Oui, une page se tourne. Flo (Piétrus, ndlr) a commencé en 2001. Mike (Gelabale, ndlr) est arrivé trois ou quatre ans après (en 2005, ndlr). Ils ont toujours été avec moi depuis mon arrivée en 2009. Flo est toujours venu, c’est lui qui compte le plus de sélections dans le groupe."
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Vous êtes inquiet ou confiant pour l’avenir de l’équipe de France ?
V C : "Je suis confiant, raisonnablement. Je sais que la jeune génération a du talent, mais elle est impatiente. Or pour construire, il faut être patient. Il faut s’attendre à ce que ce soit difficile. On a vu le niveau sur ce tournoi olympique. Il y a une concurrence farouche donc le basket français va devoir travailler pour garder ces résultats. Des nouveaux leaders ? Il faudra en trouver. Certains jeunes pourront l’être, mais il y a une différence entre l’affirmer et le prouver. Un vrai groupe France existe, notre réaction après la défaite contre l’Australie le prouve. Il va falloir pérenniser cela, mais cela ne va pas se faire d’un coup de baguette magique. On a du talent mais ça ne suffira pas."
Vous ne vous êtes pas encore prononcé sur votre avenir personnel. Qu’allez-vous faire ?
V C : "Le temps des annonces n’est pas encore venu. Ce n’est pas le lieu, ni le moment. Je vais rencontrer les dirigeants car ce sont eux qui décident. Est-ce qu’ils souhaiteront que je continue ? Il va falloir qu’on débrieffe, qu’on parle ce qu’il s’est passé et de ce qu’il peut advenir."
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