Coupe du monde de basket : le maintien de Vincent Collet "fait partie des dossiers à ouvrir", admet le président de la Fédération française après le fiasco des Bleus

Jean-Pierre Siutat, président de la Fédération française de basketball (FFBB), s'est exprimé face à la presse, mercredi, pour revenir sur l'échec de l'équipe de France, éliminée au premier tour du Mondial.
Article rédigé par Vincent Daheron, franceinfo: sport - Envoyé spécial à Jakarta (Indonésie)
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Jean-Pierre Siutat, le président de la Fédération française de basket (FBBB), aux côtés de Vincent Collet, son sélectionneur, et de Rudy Gobert, lors d'une conférence de presse le 19 septembre 2022. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Très discret depuis le début de la Coupe du monde, le président de la Fédération française de basketball (FFBB) Jean-Pierre Siutat a convié la dizaine de journalistes tricolores présents à Jakarta (Indonésie), mercredi 30 août. Sa prise de parole était particulièrement attendue après le fiasco de l'équipe de France. Prétendante au podium, elle a été sortie piteusement dès le premier tour, conclu par un succès douloureux face au Liban (85-79), mardi.

Dans un des salons de l'imposant hôtel Fairmont, au sud de la capitale indonésienne, Jean-Pierre Siutat a évoqué pendant une cinquantaine de minutes - en compagnie de Boris Diaw, manager général de la sélection nationale - l'échec à un an des Jeux olympiques de Paris 2024 mais aussi les cas Thomas Heurtel et Joel Embiid. "Je ne fais jamais une intervention en pleine compétition", a-t-il expliqué en préambule, preuve que l'heure était grave.

Franceinfo: sport : A quel niveau se situent les responsabilités de cet échec ?

Jean-Pierre Siutat : Ça a été une grande désillusion. On ne mettra pas la poussière sous le tapis. On est tous collectivement responsables de cette situation. Charge aux uns et aux autres de comprendre ce qu'il s'est passé. Je pense que ça ne remet pas en cause ce qu'on a fait ces dernières années. Est-ce un mal pour un bien sachant qu'on a les Jeux olympiques l'année prochaine et que notre objectif reste très ambitieux ? On doit absolument se servir de ce qu'il s'est passé pour chercher les vraies raisons et bâtir l'avenir avec rigueur pour 2024. La Fédération doit aussi demander, à sa direction technique nationale et le staff, les raisons de cet échec. On s'est donné rendez-vous le 10 octobre pour les deux équipes de France afin de présenter le bilan.

Un mot, aussi, sur la formule de compétition. Le premier match était quasiment une finale avant l'heure. Cette contre-performance contre le Canada nous a foutu une pression énorme et en deux matchs, on plie complètement la compétition. Je ne dis pas qu'on n'a pas été bons à cause du format mais il a mis une pression énorme. C'est pour ça aussi qu'on est passé à la trappe.

"Aucune décision n'a été prise sur personne, Vincent Collet y compris. On peut tous être remis en question. A l'heure actuelle, ce n'est pas le cas."

Boris Diaw, manageur de l'équipe de France

en conférence de presse

On parle d'une équipe vice-championne olympique, qui prétend viser l'or comme l'année prochaine et qui perd contre la Lettonie et souffre contre le Liban...

Il manquait trois joueurs intérieurs (Rudy Gobert, Moustapha Fall et Mathias Lessort) mais on a battu le Liban, quand même.

Vincent Collet peut-il être remis en cause ?

Tout ça fait partie des dossiers qu'on va ouvrir et qu'on va clore le 10 octobre. On doit tout regarder. 

Allez-vous rouvrir le cas Heurtel (non sélectionnable selon une charte de la FFBB car il évolue en Russie) ?

Heurtel, aujourd'hui, ce n'est pas l'actualité. D'ici le 10 octobre, j'aurais certainement vu le gouvernement sur ce dossier car on doit en parler. C'est peut-être la seule décision politique que l'on peut mettre à ce bilan puisque c'est nous qui avons décidé qu'il ne soit pas convoqué en équipe nationale. Je sais que c'est compliqué. Ça a été une décision collective, ce n'est pas ma décision. On verra. L'important, ce sont les Jeux mais aussi une certaine forme de respect des valeurs.

Existe-t-il des directives du ministère à ce sujet ?

Non, on ne nous a rien imposé. On est sur un débat politique qu'on a assumé. Après, le problème de Thomas [Heurtel], c'est qu'il a signé une attestation selon laquelle il ne signerait pas en Russie, et il a signé quand même. C'est aussi ce qui est compliqué. Je respecte le fait qu'il aille là-bas, il fait ce qu'il veut de sa vie. On ne l'empêche pas de partir jouer en Russie mais on essaie de respecter les valeurs qu'on véhicule à la Fédération. Cela nous a heurtés. Donc non, le gouvernement ne nous impose rien [la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera s'est prononcée opposée à la réintégration des internationaux évoluant en Russie].

Quelle est votre réaction concernant les propos de Nicolas Batum après la Lettonie, reprochant notamment des décisions politiques ?

On s'est vus le lendemain avec Nicolas. C'était positif, ça s'est très, très bien passé. Je n'étais pas en colère. Sa déception est tout à fait logique. C'est sa dernière Coupe du monde. Je pense que ce n'était en rien contre la Fédération. Il regrettait peut-être que certains ne soient pas dans l'équipe. On aurait tous voulu que Victor (Wembanyama) soit là mais il a fait le choix de ne pas venir.

"Nous avons rencontré Joel Embiid avec Boris [Diaw] et il est dans une volonté d'être dans une équipe nationale."

Jean-Pierre Siutat, président de la Fédération française de basket

en conférence de presse

Souhaitez-vous que Joel Embiid se décide rapidement, à une date précise, concernant son envie ou non de jouer avec l'équipe de France pour envisager la suite plus sereinement ?

La FFBB est là pour faciliter les choix des coachs. Si le staff souhaite que Joel fasse partie de l'équipe, c'est notre travail de faire en sorte qu'il puisse venir. On ne peut pas lui forcer la main. Moi, je souhaite qu'il vienne. Je serai ravi qu'il puisse porter le maillot de l'équipe de France car il peut nous apporter énormément. C'est peut-être un gage de réussite mais on n'attendra pas l'avant-veille du dépôt des listes à la Fiba [la fédération internationale]. On va le faire le plus tôt possible. 

Le timing de ce crash est un peu catastrophique. Comment appréhendez-vous l'année prochaine qui est sûrement la plus importante de l'histoire du basket français ?

Après 2017 (élimination en 1/8es de finale de l'Euro), il y a eu 2019 (bronze au Mondial). On a l'équipe pour rebondir. Je préfère que ça arrive ici qu'à Paris l'année prochaine. Enfin, j'aurais préféré que ça n'arrive pas du tout.

Quel est l'objectif réaliste en 2024 ?

Il faut attendre de savoir quelles nations vont participer aux Jeux, ensuite, comment vont être constituées les poules et savoir si Joel vient ou pas. L'objectif, c'est une médaille.

L'équipe de France masculine et féminine ont toutes les deux annoncé des objectifs de titre avant d'échouer. Faut-il revoir cette méthodologie dans le discours afin de moins s'exposer ?

Pour les filles, on a souhaité changer de staff pour casser ce fameux plafond de verre d'avoir fait cinq médailles d'argent de suite. On est tombés à une possession de la Belgique (en demi-finale) qui a été championne d'Europe. On finit quand même médaille de bronze, ce n'est pas si mal. Je me souviens d'avoir été interrogé sur les garçons, j'ai dit : "Je rêve d'une médaille." On était sur la continuité de trois podiums successifs. Si on dit qu'on vient juste pour participer, on ne va pas nous croire donc c'est normal qu'on annonce une médaille. Les joueurs ont annoncé une ambition un peu plus haute que la nôtre, mais tant mieux. Je ne vais pas leur demander de ne pas être ambitieux.

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