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"Le Paris Dakar va émettre directement près de 40 000 tonnes de CO2", dénonce l'association Agir pour l'environnement

Alors que la 40e édition du rallye Dakar (ex Paris Dakar) débute samedi au Pérou, Stéphen Kerckhove, délégué général d'Agir pour l'environnement a estimé sur franceinfo que cette course  a des conséquences directes sur l’environnement.

Article rédigé par franceinfo
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Session d’entrainement du pilote Sébastien Loeb et de son co-pilote Daniel Elena à San Bartolo à 75km au sud de Lima, le 4 janvier 2018. (FRANCK FIFE / AFP)

La 40e édition du rallye Dakar (ex Paris Dakar) commence samedi 6 janvier avec un départ de Lima, au Pérou. Plus de 500 pilotes d'autos, de motos, de quads, ou de camions vont parcourir près de 9 000 km à travers le Pérou, la Bolivie et l'Argentine où l'arrivée se fera le 20 janvier à Cordoba. Le Dakar fait l'objet de nombreuses critiques en matière d'environnement. "Le rallye Dakar provoque directement et indirectement des dégâts qui sont de plusieurs ordres. Le Dakar va émettre directement près de 40 000 tonnes de CO2", explique sur franceinfo Stéphen Kerckhove, délégué général d'Agir pour l'environnement.

franceinfo : Quelles sont les conséquences ?

Stéphen Kerckhove : C'est évidemment l'influence que peut avoir ce spectacle médiatique sur le dérèglement climatique mais aussi sur les écosystèmes directement au travers du passage de ces fous du volant avec des voitures et des camions qui empruntent des milieux fragiles. Il y a l'impact direct : le Dakar va émettre directement près de 40 000 tonnes de CO2 et indirectement au travers de l'influence que va avoir ce rallye sur les actes d'achats des téléspectateurs qui vont avoir tendance à aller mimer les fous du volant en achetant des véhicules surdimensionnés par rapport à l'usage qu'ils en feront au quotidien. Il est regrettable que ce rallye, qui a été imaginé aux confins des Trente Glorieuses dans les années 1970, continue à avoir une telle influence sur les radios et sur les télés. On sait pourtant très bien que nous sommes entrés dans l'ère du dérèglement climatique et qu'il serait souhaitable que les spectacles mis en avant soient au diapason de la contrainte climatique.

Est-ce qu'il y a des dégâts sur l'environnement des pays traversés ?

Les années précédentes, l'impact direct, on le constate avec effroi, ce sont des décès d'enfants et de personnes qui traversent les rues de leurs villages et qui subissent les vitesses inouïes de ces véhicules. Quand le Dakar est passé au Chili il y a quelques années près de 180 sites archéologiques ont été détruits ou endommagés par les véhicules passant. Des fresques qui dataient de plusieurs centaines d'années ont été détruites.

Que dit la direction du Dakar ?

Comme chaque année, la direction met en avant les bonnes pratiques pour essayer de cacher l'impact direct de ce rallye spectaculaire. Malheureusement, c'est connexe à l'organisation de ce rallye que d'avoir un impact sur les écosystèmes, sur la biodiversité. Evidemment, quand des véhicules de plusieurs tonnes passent sur des milieux fragiles, cela va avoir un impact direct.

Un tel rallye serait-il possible en France ?

Il faudrait essayer d'imaginer ce que pourrait donner un rallye qui aurait causé la mort de 60 personnes en traversant des villages de la Creuse ou de la Saône-et-Loire avec des véhicules surpuissants qui détruisent sur leur passage des écosystèmes fragiles. À un moment, on n'arrive même pas à imaginer que ce spectacle puisse perdurer alors qu'aujourd'hui tous les signaux sont au rouge. C'est un anachronisme.

Cette course fait pourtant rêver de nombreuses personnes. Qu'en pensez-vous ?

On a les rêves que l'on mérite. Les rêves des années 1970 ne sont pas les mêmes que ceux de 2018. On a plutôt l'habitude de dire que le Dakar c'est le Notre-Dame-des-Landes du sport. C'est quelque chose qui est daté, obsolète et il serait bien qu'on tourne la page de ces sports mécaniques qui ne préparent absolument pas la société à la transition écologique et énergétique. Il serait bien qu'aujourd'hui on soit en capacité de promouvoir des spectacles plus écologiques.

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