Oscar Pistorius libéré sous caution
Une première épreuve judiciaire s'est achevée ce vendredi pour Oscar Pistorius. Pas encore le procès sur le fond - qui n'a pas encore commencé - mais la fin d'une semaine consacrée à sa demande de remise en liberté. Et la sentence est tombée au terme de presque deux heures de conclusion de la part du juge vendredi après-midi : il est libéré sous caution.
"L'accusé a présenté un dossier qui permet sa libération sous caution" (le juge Desmond Nair)
La caution a été fixée à 1 million de rands (100.000 à régler immédiatement, le solde au 1er mars), soit 85.000 euros. Oscar Pistorius est ressorti libre du tribunal vendredi en fin d'après-midi.
Pas de risques de fuite
Pour étayer sa décision, le magistrat a longuement, très longuement confronté les arguments de la défense et de l'accusation. Il en est arrivé à la conclusion que, compte tenu de sa notoriété, Oscar Pistorius ne risquait pas de fuir à l'étranger, comme l'affirmaient les procureurs.
D'un autre côté, il a beaucoup été question de l'agressivité supposée de l'accusé (certains médias évoquaient ces derniers jours de précédents disputes impliquant l'athlète) : il "a montré des tendances agressives" , regrettant que l'accusation n'ait pas apporté "de preuves suffisantes pour établir des faits" .
A l'extérieur du tribunal, comme chaque jour d'audience, la Ligue des femmes du Congrès national africain (ANC) a exprimé sa colère après cette décision.
La défense lâche du lest
Depuis une semaine, les avocats d'Oscar Pistorius s'agrippent à la version de l'athlète sud-africain. Selon sa déposition, il n'aurait pas voulu tuer sa compagne, le mannequin Reeva Steenkamp. Jeudi dernier, en entendant du bruit, il aurait "seulement" cru viser un cambrioleur en tirant quatre balles de 9mm sur la porte de la salle de bains de sa luxueuse villa de Pretoria.
Mais vendredi matin, au terme de l'audience, pour la première fois la défense de l'athlète a admis une toute autre version. Selon Barrie Roux, l'un de ses avocats :
"Parce qu'il a agi au-delà de ce qu'une personne raisonnable aurait fait, il risque d'être condamné pour homicide volontaire".
Ce n'est certes pas un aveu, mais la thèse de l'accident s'éloigne de plus en plus.
Vendredi après-midi, alors que le juge s'exprimait - pendant plus d'une heure - en préambule à sa décision, Oscar Pistorius a une nouvelle fois fondu en larmes. Il est en revanche resté imperturbable à l'annonce de sa libération sous caution, tandis que ses proches exultaient dans la salle.
L'accusation n'en démord pas
Jeudi, la situation semblait avoir tourné quelque peu. Impliqué dans une tentative de meurtre en 2011 - il avait tiré sur un minibus qu'il tentait d'arrêter - l'enquêteur principal Hilton Botha avait été dessaisi du dossier. La veille il avait dû admettre que la version d'Oscar Pistorius était "cohérente" , reconnaissant également des erreurs sur la scène du crime.
Lors de sa décision rendue vendredi après-midi, le juge Desmond Nair a d'ailleurs beaucoup insisté sur les défauts de l'enquête.
"Je n'ai vu nulle part [...] je n'ai pas entendu : "j'admets que j'ai causé une mort illégalement""
Dans son réquisitoire, le procureur Gerrie Nel s'est lancé dans une violente charge à l'encontre de Pistorius, ajoutant : "Il ne l'a pas dit, mais il doit savoir qu'il devrait être condamné. Il doit réaliser qu'une longue peine de prison est presque garantie" .
Pour lui, pas de doute : Pistorius ne devait pas être libéré sous caution, ce serait comme dire, selon lui, "Donnez-moi mon passeport, laissez-moi sortir, poursuivre ma carrière" .
Un procès en juin
Ses arguments n'ont donc pas été entendus par le juge du tribunal de Pretoria. Oscar Pistorius, toujours inculpé de meurtre avec préméditation, va désormais prendre le temps, hors de prison, de préparer sa défense. Les conditions de sa libération sous caution sont strictes : interdiction de se rendre à son domicile, ne pas rencontrer de témoins, rendre son passeport, pointer deux fois par semaine au commissariat (les lundis et vendredis matin), ne pas boire d'alcool et rendre ses armes à feu.
Le procès sur le fond de l'affaire débutera le 4 juin prochain.
Au terme de sept jours de "pré-procès", le juge en est seulement arrivé à une conclusion : "La défense n'a pas réussi à démontrer devant cette cour qu'il y avait des faiblesses dans le dossier du parquet" , tandis que "le parquet n'a pas non plus démontré que le dossier contre l'accusé était assez fort et incontestable pour que (Pistorius ait des raisons) de fuir ou d'échapper à son procès" . Le chef d'inculpation reste très lourd ; Oscar Pistorius risque la prison à vie.
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