Mondiaux d'athlétisme : après son abandon, quelle route pour Kevin Mayer à un an des Jeux de Paris 2024 ?
Il a préféré jouer la carte de la raison. Après plusieurs jours d'incertitude autour de son état de santé, le décathlonien Kevin Mayer a choisi, vendredi 25 août, de finalement abandonner la compétition, à l'occasion des championnats du monde, à Budapest, après avoir participé au 100 m et au saut en longueur.
Trois jours plus tôt, il confiait devant la presse être blessé au tendon d'Achille depuis une quinzaine de jours. "Depuis, c'est la course à la rééducation. (...) Je donne tout pour y arriver. C'est un énorme challenge. Mais en même temps, on sait qu'il y a Paris l'année prochaine, et peut-être que je ne pourrai pas aller autant dans le mal que d'habitude", avait avoué le double champion du monde et recordman de la discipline depuis 2018. Il estimait ses chances d'aller au bout de l'épreuve inférieures à 50%. Son pronostic s'est ainsi avéré juste.
"Content qu'il sorte du championnat en état"
Son choix de renoncer a un objectif bien précis : préserver son corps d'une blessure à un an des Jeux olympiques. Car le Montpelliérain ne vise rien d'autre que l'or à domicile, seule médaille qu'il lui manque encore, après ses deux breloques en argent glanées à Rio et Tokyo. À 31 ans, Kevin Mayer connaît son corps mieux que quiconque et a l'expérience pour anticiper et calculer les risques.
"Je suis content qu'il ne soit pas allé aussi loin qu'à Doha [en 2019, où il a été contraint d'abandonner, après s'être blessé à l'ischio en compensant le tendon] dans la douleur et qu'il sorte du championnat en état, pas en très bon état certes mais en état. On ne repart pas sur de la guérison, des soins, une réathlétisation. Son corps est inflammé mais pas cassé de partout", a confié l'un de ses entraîneurs, Alexandre Bonacorsi, tout en précisant que la décision d'arrêter à été "facile et fluide" à prendre, au vu des circonstances.
Repos et repérage du calendrier
Pour le moment, l'heure est au "repos et aux soins légers pour récupérer tranquillement de ce qu'il a demandé à son corps. Bien qu'il n'ait participé qu'à deux épreuves, il en a demandé beaucoup à son corps", a souligné Alexandre Bonacorsi. Le décathlonien va aussi prendre des vacances comme prévu, tout en maintenant une petite préparation physique en fil rouge. "Il ne va pas changer grand-chose à son programme, et dans un mois, ou un mois et demi, en octobre, on pourra se revoir sur le stade", estime son entraîneur.
Pour la suite, le programme est déjà tracé dans les grandes lignes. "J'ai déjà commencé à chercher, un peu secrètement ces derniers jours, des compétitions dans l'hémisphère sud en décembre et janvier [en Australie, dans les environs de Brisbane en décembre, et en Nouvelle-Zélande en février], et peut-être aux Etats-Unis sur la côte ouest en avril, mais le plus tôt possible car on sait qu'il aime bien se qualifier tôt dans la saison pour avoir le temps de voir venir", a encore glissé Alexandre Bonacorsi. L'objectif de l'équipe est aussi d'essayer de faire coller ce décathlon avec "un potentiel stage", prévu dans ces zones du globe.
Confiant pour Paris
Si le décathlon de Talence, qui se déroulera dans un mois, aurait pu être coché par Mayer et son équipe, l'option a été mise de côté. "Cela serait possible. Le tendon sera peut-être remis, mais la saison a été longue. Le corps et l'esprit ont besoin de repos, nuance l'entraîneur. On ne va pas se lancer dans un marathon 'Talence'. On va prendre le temps. Mais ce n'est pas grave, car en 2016, il se qualifie en mai pour les JO, en 2021, il se qualifie en décembre. Il l'a déjà fait, donc ce n'est pas un problème."
De son côté, Kevin Mayer est apparu confiant vendredi pour son objectif olympique, après avoir respecté son plan à Budapest. "Aujourd’hui, j’ai beaucoup moins peur pour les minimas [pour Paris 2024], parce que je sais que dans deux mois, mon tendon, ce sera réglé et que je pourrais aller chercher un petit décathlon sympa. Il va falloir bosser de toute façon parce qu’on a un petit Allemand [Leo Neugebauer] qui est en feu, ça donne envie", a réagi le double champion du monde, qui ne regrette pas d'avoir pris part à la compétition à Budapest.
"Je n’ai rien perdu en temps de préparation. Je n’ai pas de dette par rapport au championnat. J’ai pris l’expérience du départ [sur le 100m] en me mettant en mode JO, comme si j’étais à Paris, donc je n'ai que du positif à sortir du championnat." Après des jours de craintes et d'incertitudes, la page de Budapest est bel et bien tournée pour Kevin Mayer, et celle de Paris 2024 reste à écrire.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.