Mondiaux d'athlétisme : blessé, Kevin Mayer renonce à son décathlon à l'issue de la longueur
Renoncer à un troisième titre mondial pour conserver une chance de s'offrir un premier titre olympique l'an prochain à domicile. Alors qu'il a pour habitude de pousser son corps à bout, Kevin Mayer a choisi la raison, vendredi 25 août à Budapest, en déclarant forfait à l'issue du saut en longueur, deuxième épreuve de ses dix travaux.
Après une première tentative timide mesurée à 7,17 mètres, le Français a mordu son deuxième essai. Grimaçant et tête basse, il a amélioré sa marque (7,25 mètres) lors de son troisième et dernier saut, mais est resté loin de son niveau des Mondiaux de l'an passé (7,53 mètres). Sur conseils de ses entraîneurs, quelques minutes plus tard, Kevin Mayer a préféré abandonner. Alors que devait débuter le concours du poids sous un soleil de plomb, le champion du monde en titre ne s'est pas présenté à l'échauffement.
"C'est toujours difficile d'abandonner. Mais je n'ai rien perdu en temps de préparation, je n'ai pas de dette par rapport à avant le championnat. J'ai pris l'expérience du départ du 100 mètres où je me suis mis en mode Jeux olympiques, en m'imaginant dans le stade avec 80 000 personnes. J'ai la pression qui est montée de dingue mais je l'ai gérée comme il fallait. Donc, je n'ai que du positif à ressortir de ce championnat", a déclaré le double vice-champion olympique, tandis que ses comparses du décathlon le réconfortaient d'une tape dans le dos en passant derrière lui.
Eviter le scénario de Doha
En début de matinée, le décathlonien tricolore avait coupé la ligne du 100 mètres en 10"79, en retrait par rapport à son chrono des Mondiaux de Eugene (10"62). Son entraîneur Alexandre Bonacorsi avait rapidement décelé une foulée craintive. "C'était loin d'être volontaire. Il avait l'intention d'y aller mais son corps s'est protégé de lui-même. Et du coup, en appuyant moins fort sur le tendon, les performances chutent et au-delà de ça, cela crée des tensions un peu ailleurs", analysait le coach après l'officialisation de l'abandon.
"Ça m'a trop rappelé Doha [où Kevin Mayer se blesse à l'ischio-jambier après avoir compensé une douleur au tendon]. C'est pour cela que la décision a été facile à prendre, car on a, et lui aussi, l'expérience de Doha. Il a appris, il va sortir grandi." En 2019, lors des Mondiaux à Doha (Qatar), il avait poussé son corps à bout et dû abandonner lors de l'épreuve de la perche, incapable de courir à cause d'un tendon d'Achille fissuré. Il avait mis six mois à pouvoir recourir. Déjà champion du monde en 2017 à Londres, et à Eugene en 2022, le Montpelliérain avait confié mardi lors d'une conférence de presse qu'il était blessé au tendon d'Achille gauche. Il estimait alors inférieures à 50% ses chances d'aller au bout de la compétition.
Pour décrocher sa qualification pour les Jeux de 2024, Kevin Mayer devra réaliser un décathlon à 8 460 points avant le 30 juin 2024. Il devrait le planifier en fin d'année ou bien avant le printemps 2024, dans l'hémisphère sud afin de bénéficier de bonnes conditions climatiques.
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