Roland-Garros 2024 : pourquoi Rafael Nadal peut y croire contre Alexander Zverev au premier tour

Quatorze fois vainqueur de Roland-Garros, Rafael Nadal va affronter le numéro 4 mondial Alexander Zverev au premier tour, lundi.
Article rédigé par Mateo Calabrese, Hortense Leblanc - à Roland-Garros
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
Rafael Nadal souriant à l'entraînement à Roland-Garros, le 20 mai 2024. (MATTHIEU MIRVILLE / AFP)

Rafael Nadal contre Alexander Zverev au premier tour. A en écouter la réaction choquée des journalistes présents lors du tirage au sort de Roland-Garros, cette opposition, lundi 27 mai, a tout du pire pour l'Espagnol en recherche de repères depuis son retour de blessure en janvier. Eliminé sèchement à Rome par Hubert Hurkacz (6-1, 6-3), Rafael Nadal montre cependant de belles choses à l'entraînement depuis son arrivée à Paris, en remportant des sets contre Sebastian Korda ou Daniil Medvedev notamment. Mais est-ce suffisant pour y croire ?

Rafael Nadal se "sent libre de pouvoir jouer sans être limité"

Rafael Nadal manque encore de compétition. Sa reprise à Barcelone, Madrid puis Rome a été mitigée, le Majorquin alternant les séquences rassurantes et les coups de mou. Mais la semaine dernière à l'entrainement, "il jouait bien, mieux que ce que j'ai vu à la télévision à Rome et Madrid. Je n'ai pas trouvé que j'étais mauvais, et il m'a battu", a affirmé Daniil Medvedev, l'un de ses partenaires.

Nadal
Nadal ITW France 2 Nadal (FRANCE 2)

Lundi, dans un match en trois sets gagnants, l'Espagnol devra faire preuve de plus de constance et ne pas fléchir au fil des heures de jeu. "C'est la première semaine [depuis son retour] que je me sens libre de pouvoir jouer en pensant à la balle et c'est tout, sans être limité, sans penser à quel mouvement je peux faire ou pas", s'est réjoui le Taureau de Manacor en conférence de presse. Pour son ancien grand rival, Roger Federer, invité dans l'émission Télématin, "la question, ce n'est pas son niveau de jeu. De loin, j'ai l'impression que son plus grand problème, c'est la récupération. Le jour de repos entre deux tours, c'est exactement ce dont il a besoin. Ensuite, il y a les cinq sets et ça c'est une autre inconnue, à laquelle lui-même ne peut pas vraiment répondre. Mais il avait tellement de marge à l'époque que je le crois toujours capable d'un très grand parcours à Roland".

Alexander Zverev, un favori sous pression  

De plus en plus entreprenant dans le jeu, Alexander Zverev semble avoir passé un cap dans l'attitude, s'éloignant d'un certain attentisme qui l'a souvent desservi dans les grands rendez-vous. Avec six titres de Masters 1000 au compteur mais une seule finale en Grand Chelem, "Sascha" Zverev doit encore prouver qu'il peut appliquer la même agressivité au plus haut niveau. Même si l'Allemand est sur une bonne dynamique, sa saison de terre battue est loin d'être parfaite : avant son titre à Rome, où il n'a croisé aucun membre du top 10, il avait été éliminé prématurément à Monte-Carlo, Munich et Madrid.

"Il y a une singularité, c'est que Zverev sera favori de cette rencontre. Psychologiquement, c'est différent pour lui. Il aborde Roland-Garros comme l'un des quatre ou cinq favoris. Quand il jouait contre Rafa, surtout sur terre battue, il n'a jamais été favori", observe Arnaud Clément, consultant franceinfo: sport. Mentalement, une autre donnée pourrait entrer en compte et destabiliser l'Allemand : celle du procès en appel qui le vise pour "coups et blessures" sur une ancienne compagne. "Je ne pense pas perdre ce procès. C'est pourquoi cela me permet de jouer tranquillement", a-t-il cependant assuré en conférence de presse.

Sur le court Philippe-Chatrier, Nadal "n'est pas le même"

Le match se jouera sur un court Philippe-Chatrier que connaît parfaitement Rafael Nadal, avec une profondeur de terrain qui l'avantage au retour. Il bénéficiera aussi d'un public acquis à sa cause, qui le rêve encore en vainqueur final. "Sur ce court, il n'est pas le même. Sa balle devient tout d'un coup plus rapide de quelques kilomètres à l'heure, son jeu de jambes et la vitesse de ses pieds deviennent beaucoup plus rapides. Il est plus difficile de frapper un coup gagnant sur ce court massif où il a beaucoup plus d'espace. En fait, on a l'impression qu'on ne peut pas s'en débarrasser", décrivait Alexander Zverev après sa victoire à Rome sans savoir qu'il serait le premier adversaire de l'Espagnol porte d'Auteuil.

Sur ce court, Rafael Nadal dispose aussi d'un ascendant psychologique sur l'Allemand, qui ne l'a battu qu'une fois en six confrontations sur terre battue (en quarts de finale du Masters 1000 de Madrid en 2021). "On ne sait pas comment Zverev va gérer l'emprise que peut encore avoir Rafael Nadal sur des joueurs comme lui", note Arnaud Clément. "Le plus grand défi qu'on puisse avoir à relever dans notre sport, c'est de jouer Nadal sur le Chatrier. J'adorerais l'y affronter une fois encore, pour chasser de mes souvenirs la conclusion d'il y a deux ans", déclarait l'Allemand, contraint à l'abandon, blessé à la cheville, en 2022. Le tirage au sort a exaucé ses voeux, mais "dans l'idéal, j'aurais bien sûr préféré jouer contre lui plus tard", a-t-il finalement avoué.

Alexander Zverev peut-il déjouer ?

L'Allemand sera-t-il capable de tenir la même régularité au service, qui est son arme principale, que ces dernières semaines ? En finale à Rome, il avait réussi 80% de ses premières balles (39/49) et avait remporté 95% des points derrière (37/39). Mais face à lui, Nadal est l'un des meilleurs retourneurs du monde, avec 42 % de points gagnés en retour de service dans sa carrière (47 % sur terre battue). Aucun joueur en activité ne fait mieux.

"On a vu Zverev  très bon à Rome, avec des prises d'initiative, un jeu plus agressif et un service monstrueux. Mais pendant sa carrière, par moments sur les premiers tours de Grands Chelems, il a hypothéqué ses chances en laissant énormément d'énergie contre des adversaires à sa portée, avec des matchs à rallonge parce qu'il était très conservateur dans sa manière de jouer. Il essayait simplement de ne pas rater et cela le faisait déjouer. S'il joue de cette manière contre un Rafa pas très en confiance, s'il lui laisse du temps pour se régler, cela ne sera pas la meilleure tactique", analyse Arnaud Clément.

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