Vidéo Paris 2024 : des lits en carton, des arbres partout, mais pas d'alcool dans les bars... On a visité le futur village olympique

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Des lits en carton et pas d'alcool dans les bars... on a visité le futur village des athlètes de Paris 2024
Des lits en carton et pas d'alcool dans les bars... on a visité le futur village des athlètes de Paris 2024 Des lits en carton et pas d'alcool dans les bars... on a visité le futur village des athlètes de Paris 2024 (franceinfo)
Article rédigé par Cédric Cousseau
France Télévisions
Implanté sur trois communes de Seine-Saint-Denis, le village se veut un modèle d'accueil et environnemental. Dans les chambres, des sommiers en carton ont été retenus dans une logique de coût et de recyclage.

Un trousseau énorme va être remis vendredi 1er mars au comité d'organisation de Paris 2024 : 45 000 clés flambant neuves. Elles ouvrent les portes de 82 bâtiments résidentiels et près de 3 000 appartements. Le village des athlètes accueillera les sportifs olympiques et paralympiques à partir du 18 juillet. D'ici là, le comité d'organisation va pouvoir officiellement l'équiper et le mettre à ses couleurs. Le site constitue l'un des plus gros chantiers des Jeux, nécessitant six années de travaux. Franceinfo a visité cette cité sportive chiffrée à près de 2 milliards d'euros, essentiellement financés par des promoteurs immobiliers.

Enjambant trois communes et la Seine, le village doit, selon Laurent Michaud, directeur des lieux, "apporter tous les services aux athlètes pour qu’ils puissent se concentrer pleinement sur leurs compétitions". Seront donc mis à leur disposition des laveries, un restaurant ouvert 24h / 24 dans la Cité du cinéma, de la vente à emporter (dans le village, on parle de "grab and go"), des commerces, un centre confessionnel pour prier, une polyclinique, une poste, un coiffeur, une nurserie pour prendre soin de ses enfants en journée, une salle de sport, plusieurs terrains d'entraînement... Tout d'une ville qui doit recevoir le monde et successivement près de 24 000 résidents – en comptant les sportifs et les équipes autour d'eux.

Tout, sauf de l'alcool, car le vin ou les bières françaises ne seront pas de la partie pour célébrer une médaille. Comme seul excès pour le corps, la célèbre boisson caramélisée d'un sponsor pourra couler à flots. Le risque de conflit de voisinage à cause de soirées arrosées est donc plus faible. Tout comme celui de disputes sur fond de débat politique, puisqu'il ne sera pas autorisé de faire flotter au balcon une bannière d'une quelconque revendication. Pour le moment, les bâtiments sont vides et plongés dans le silence. Des fracas de marteaux résonnent en ouvrant les fenêtres. Du petit œuvre reste encore à assurer : des portes à poser, des revêtements à dérouler, des plantes à mettre en terre... beaucoup de plantes. Le village doit aussi compter 9 000 arbres et arbustes.

Image modélisée du village olympique (DR)

La clim' bannie des chambres

La verdure n'est pas un détail, car elle doit servir à réduire la température au sol en cas de canicule. Tout comme les planchers rafraîchissants installés dans les 7 200 chambres. Car pour respecter ses engagements environnements, Paris 2024 a listé un autre interdit : la climatisation. Les sportifs auront tout au plus droit à un ventilateur. Le cahier des charges des matériaux utilisés entend permettre de se reposer et dormir sans subir la chaleur. Les lits seront en carton pour être recyclés, un modèle éprouvé lors des derniers Jeux à Tokyo. Paris 2024 a sondé les sportifs qui les auraient trouvés suffisamment confortables.

A l'intérieur, pas de cuisine, afin de gagner de l'espace et multiplier le nombre de chambres. Une fois les Jeux terminés, une simple cloison à abattre permettra d'en aménager une et de convertir ces appartements en vrais logements. Plusieurs sont d'ores et déjà mis en vente si vous souhaitez en faire votre future adresse à l'horizon 2025-2026. Sur le site d'un des promoteurs, l'appartement le plus abordable est un 2 pièces de 41 m² situé sur la commune de Saint-Ouen, affiché à 305 000 euros... Soit près de 7 500 euros le mètre carré, un prix similaire au 18e arrondissement de la capitale, distant de 6 kilomètres. La commercialisation serait pour le moment poussive, la crise de l'immobilier n'aidant pas.

Le groupe immobilier Icade ne manque pourtant pas d'adjectifs et vante sur internet "un quartier mixte en devenir, particulièrement innovant et vertueux, qui offrira une vie de quartier dynamique, au sein d’une commune en perpétuelle évolution". "La nature en ville", promet son concurrent Nexity. "De quoi aider à reconstituer un habitat propice à la faune et à la flore", s'avance même Vinci. Pour le moment, l'acquéreur potentiel a surtout besoin de beaucoup d'imagination. La réalité ne ressemble pas encore aux esquisses d'architecte, et la grisaille de février l'emporte sur le vert des arbres, qui n'ont pas retrouvé leurs feuilles.

Vue du village olympique (franceinfo)

Les Jeux ont un maître-mot : l'héritage. Les bâtiments du site doivent aussi devenir des bureaux ou des logements sociaux. "On a construit le village en pensant d'abord à l'après, en créant un quartier de ville pour la Seine-Saint-Denis", assure Laurent Michaud, directeur du village qui accueillera dans les prochains mois une résidence étudiante, des crèches, des établissements scolaires, des commerces... De quoi apporter les ingrédients d'une vie quotidienne sur ce qui était auparavant une friche industrielle.

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