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"Rising Phoenix", le documentaire sur l'histoire compliquée du mouvement paralympique

Plébiscité depuis sa sortie il y a une semaine, le documentaire “Rising Phoenix” (“Comme des phénix : l’esprit paralympique” en français) produit par Netflix met en lumière l’histoire du mouvement paralympique. Un mouvement qui a connu de très nombreux remous depuis sa création après la Seconde Guerre Mondiale et bataille encore aujourd’hui pour se faire sa place. Dans l’ombre des athlètes valides, plusieurs champion(ne)s handicapé(e)s racontent leur histoire. Tous(tes) délivrent un flamboyant message d’espoir et d’humanité, peut-être le point de départ d’une révolution dans le monde du sport.
Article rédigé par Clément Mariotti Pons
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
 

Des vies mutilées, abîmées, qui obligent à s’adapter. Le sport comme béquille, instrument indispensable à la reprise en main de son corps pour surpasser son handicap. Et finalement, une peur de tout perdre qui se mue en envie de tout gagner. Les neuf portraits d’athlètes présentés dans le documentaire Netflix “Rising Phoenix” (“Comme des phénix : l’esprit paralympique” en VF) présentent tous ces points communs. Des parcours d’exception qui amènent à donner une autre vision sur le monde handisport, loin des clichés et des préjugés. Dès lors, rien de plus normal que de voir la dernière production de la plateforme américaine autant mise en avant depuis sa sortie la semaine passée.

“Les JO créent des héros, les Paralympiques attirent les héros”

Qu’il s’agisse des histoires de l’escrimeuse italienne Bebe Vio, de la nageuse australienne Ellie Cole, des coureurs sud-africain et britannique Ntando Malhangu et Jonnie Peacock ou encore de la pratiquante chinoise de force athlétique Cui Zhe, toutes sont magnifiées par leurs témoignages comme par l’image. Voir l’agilité et la précision des tirs de l’archer américain Matt Stutzman, né sans bras, ne peut pas laisser indifférent. 

  (JAMIE SQUIRE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Mais au-delà de la fascination béate qui peut se créer devant les ressources mentales et physiques de ces champions hors-normes, c’est un message bien plus profond, empli de tolérance et de respect, qui reste à travers “Rising Phoenix”. Comme si tout à coup, deux mondes que l’on ne cesse de distinguer finissaient par se comprendre. À la lumière de ce documentaire accessible en mondiovision, jamais la frontière entre sportifs valides et en situation de handicap n’avait semblé si poreuse. Un pas en avant majuscule vers la reconnaissance de leurs exploits.

"On est tous des super-héros parce qu'on a tous vécu un drame tragique, quelque chose qui ne nous a pas permis de réussir. Mais c'est ça qui fait notre force." La punchline prononcée par le Français Jean-Baptiste Alaize au début du film résonne encore après le visionnage. Tout comme celle de l’ancien directeur exécutif du Comité international paralympique (IPC) Xavier Gonzalez : “Les JO créent des héros, les Paralympiques attirent les héros.”

Un combat pour la reconnaissance loin d'être gagné

En parallèle des témoignages d'athlètes, "Rising Phoenix" revient sur les aventures du mouvement paralympique depuis sa création au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, sur l'initiative de Sir Ludwig Guttmann. Des aventures mouvementées mêlant peur de la différence, considérations politiques et affaires de gros sous. À titre d'exemple, le storytelling autour des Jeux Paralympiques de Rio en 2016, qui ont bien failli ne jamais avoir lieu, est vertigineux. Il illustre aussi le combat en coulisses de plusieurs dirigeants du mouvement pour donner de l'intérêt et la reconnaissance légitime à l'une des plus grandes compétitions au monde.

"Nous aurons nos Jeux, nous ferons passer notre message et aiderons à changer la société pour rendre cette planète meilleure"

Sir Philip Craven est évidemment l'un d'entre eux. Président de l'IPC pendant 16 ans (2001-2017), l'ancien champion du monde de basket-fauteuil a contribué à l'essor de la problématique sociétale autour des personnes en situation de handicap. Pour lui les difficultés connues au Brésil il y a quatre ans doivent faire jurisprudence : "À chaque fois que ça merde, notre mouvement viendra dire : "ne nous faites pas ça, nous aurons nos Jeux, nous ferons passer notre message et aiderons à changer la société pour rendre cette planète meilleure"".

Moins d'un an avant la tenue des Jeux de Tokyo - reportés à l'été prochain (24 août au 5 septembre 2021) - ce documentaire vient mettre en lumière le paradoxe de ces Paralympiens qui ont tout pour être adulés mais se heurtent encore à des obstacles majeurs. La prise de conscience de cette réalité, nécessaire et bienvenue, pourrait - si l'on en croit les réseaux sociaux - donner des idées au comité d'organisation de Paris 2024. Et permettre de diffuser, dans quatre années à Paris, un message d'humanité qui dépassent les frontières... bien au-delà du cadre du sport.

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