Rio 2016 : Elodie Clouvel, pentathlète à plein temps
Son parcours : adieu la natation, bonjour le pentathlon
Chez les Clouvel, le sport c’est dans les gènes. La maman, Annick, a été championne de France du 10000 mètres, du semi-marathon et du marathon dans les années 90. Le père, Pascal, a décroché le titre national sur 5000 mètres. "Génétiquement, j’ai eu de la chance", sourit l’athlète de 27 ans. Avec de tels parents, sa voie était toute tracée. Elle va soigneusement l'éviter. "J'ai eu envie de faire de la natation, pas de l’athlétisme, je ne sais pas pourquoi". Ses aptitudes la conduisent à 15 ans, à Font-Romeu, au CREPS où se rassemble les champions tricolores en herbe. Elle y reste trois ans et demi et intègre l’équipe de France juniors. Direction ensuite Narbonne chez Philippe Lucas, où elle retrouve une certaine Laure Manaudou, rencontrée plus tôt à Font-Romeu. "Je l’ai côtoyée, ainsi que Camille Lacourt, se souvient-elle. Là-bas, ça a été dur mais ça m’a énormément forgée". Malgré les kilomètres avalés dans la piscine, elle rate la qualification pour Pékin en 2008, année où elle devient championne de France de cross. La natation, la course… son profil attire d’autres fédérations. Le triathlon et le pentathlon frappent à sa porte. Elle va faire son choix. "J’ai eu un coup de cœur pour le pentathlon, c’était un nouveau projet et un challenge d’apprendre trois disciplines que je n’avais jamais faites (tir, escrime, équitation)". A l’époque, la chef de file des Bleues s’appelle Amélie Cazé. Elle l’accompagnera à Londres. "Mon parcours est atypique, conçoit-elle, si j’avais continué la natation, je serai allée à Marseille au Cercle des Nageurs, mais faire que la natation, ça me plaisait moins".
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Londres, l’apprentissage
A 23 ans à Londres, elle dispute ses premiers Jeux Olympiques. Quelques mois auparavant, en mars 2012, elle décrochait son sésame olympique à… Rio lors d’une Coupe du monde qu’elle remporte. L’attente était grande à Londres pour celle qui avait débuté le pentathlon quatre ans auparavant. Trop sans doute. "J’étais trop jeune et ne connaissais pas encore bien le haut niveau", analyse la Stéphanoise avec le recul. "Ma base des cinq sports n’était pas assez solide, je n’avais pas assez d’expérience et j’étais déjà tellement émerveillée d’être là". Cet échec londonien – elle a terminé 31e alors qu’elle était classée 4e mondiale – ne l’a pas abattu. Elle s’est remise au travail. Il a fallu consolider les bases, changer de morphologie. "J’ai perdu du muscle, en fait j’ai dû accepter de devenir pentathlète". S’adapter. Perdre (un peu) son niveau en natation pour progresser dans les autres disciplines. Il lui fallait acquérir cette polyvalence et surtout modifier son approche mentale. "A mes débuts, je n’avais pas la pression du résultat et tout à gagner. Désormais, je ne suis plus la petite jeune, je dois être crainte par mes adversaires. Aujourd’hui, je vois bien que le regard des autres filles a changé".
Une semaine d’entraînement : du sport et encore du sport
Epée, piscine, cheval, pistolet et course, autant de disciplines éloignées qui composent le quotidien d’un pentathlète. Durant ces 35 heures d’entraînement hebdomadaire, Elodie Clouvel touche à tous les sports. "J'en fais trois à quatre dans la journée", détaille-t-elle. Son lundi débute avec du tir en individuel, puis une leçon d’escrime face au maître d’armes et de la natation pour terminer une "bonne matinée". L’après-midi, c’est course et musculation. Mardi, c’est tir, escrime et équitation chez la Garde Républicaine à Vincennes – juste à côté de l’INSEP où réside et s’entraîne Elodie Clouvel – avant de terminer par de la natation. Au menu mercredi, du yoga et du stretching, une séance de combiné avec course sur la piste et de la "natation de récupération" (environ deux kilomètres). L’après-midi, repos avant sa séance hebdomadaire chez le kiné. Jeudi, enchaînement escrime, tir et natation le matin avant la course l’après-midi, suivie d’une deuxième séance d’escrime avec l’équipe de France. Le vendredi, elle bosse le combiné dans la matinée avant de retourner à Vincennes pour l’équitation et de terminer sa journée dans les bassins. Le samedi, elle enchaîne course, musculation et natation avant de s’octroyer une après-midi de repos. Théoriquement le dimanche est "off", "mais parfois je fais un footing quand je me sens bien" précise-t-elle. Cette semaine type laisse parfois sa place à des semaines spécifiques.
Rio, objectif or
Pour optimiser sa préparation pour les Jeux, Elodie Clouvel a vendu son appartement qu’elle possédait à Champigny pour prendre ses quartiers à l’INSEP où s'entraîne son compagnon Valentin Belaud, également pentathlète tricolore présent à Rio. Elle bénéficie, dans le centre névralgique du sport français, de toutes les structures. "C’est parfait, je n’ai rien à penser hormis l’entraînement". Elle se réjouit également du déroulé de l’épreuve olympique. Habituellement, les cinq épreuves se déroulent sur une journée. Mais au Brésil, elle aura une nuit pour se reposer entre l’escrime (qui a eu lieu jeudi 18 août, ndlr) et la suite des épreuves, prévu ce vendredi. "C’est dur d’enchaîner les épreuves, qui se succèdent assez rapidement. Il faut savoir ‘switcher' de l’une à l’autre, l’approche mentale reste identique. Au début, je misais tout sur la natation en me disant que je pouvais toujours me rattraper", observe-t-elle. Désormais, elle n’a plus de point faible. Comme elle le dit, "si (elle) en avait un, ça ne serait pas la peine d’ambitionner l’or" aux JO.
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