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JO 2016 : Les Jeux Olympiques vont-ils faire oublier un Roland-Garros, un Euro et un Tour décevants?

Les JO de Rio vont boucler la boucle d’un été 2016 particulièrement chargé en sport. Du 5 au 21 août, tous les regards des amoureux du sport seront tournés vers le Brésil où les exploits et l’émotion sont attendus. Car la question, forcément polémique et teintée de mauvaise foi, est posée : et si jusqu’ici, cet été sportif était décevant ?
Article rédigé par franceinfo
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2016, comme toutes les années paires, allait être une année chargée en sport. Comme un enfant arrivant le 25 décembre au matin et voyant le pied du sapin submergé de paquets cadeaux, tous plus gros les uns que les autres, l’amoureux de sport en ce 1er janvier 2016 se délectait à l’avance du programme qui l’attendait dans les mois qui suivraient. Les plus transis organisaient même leur été en fonction du calendrier sportif particulièrement chargé. Il y en aurait pour tous les goûts : des Internationaux de France de Roland-Garros (16 mai au 5 juin), en passant par l’Euro de football (10 juin au 10 juillet), le Tour de France (2 au 24 juillet), Wimbledon (27 juin au 10 juillet) pour finir en apothéose avec les JO de Rio du 5 au 21 août. Cinq énormes événements sportifs comme autant de promesses d’exploits, de débats acharnés à la machine à café, de joie et de larmes. Mais après deux mois de sport quasiment ininterrompus et attendant la cérémonie d’ouverture du 5 août, les moments vécus ne resteront pas dans les mémoires. Pire, les affaires extra-sportives ont été trop présentes pour que la fête soit vraiment totale.

Un mauvais départ : Roland sous l’eau

Roland-Garros a donné le coup d’envoi de cet été de sport. Les enjeux étaient majeurs avant le deuxième Grand Chelem de la saison. Est-ce que Novak Djokovic allait enfin remporter le seul Majeur qui lui manquait ? Les Français, et notamment un Gaël Monfils étincelant au printemps, allaient-ils briller ? Et surtout, Rafael Nadal, renaissant sur la terre battue de Monte-Carlo et de Barcelone, allait-il remporter son dixième Roland ? Mais les nuages ont commencé à s’amonceler sur le ciel parisien avant même les premiers coups de raquette. Les forfaits de Roger Federer et de Gaël Monfils, deux chouchous du public parisien, ont douché l’enthousiasme. Celui de Rafael Nadal, au bout de quelques jours de compétition, et l’abandon de Jo-Wilfried Tsonga en plein troisième tour contre Ernests Gulbis ont fini d’éteindre les derniers feux qui avaient été déjà bien douchés par la pluie qui a accompagné le tournoi pendant toute la quinzaine. Entre les gouttes, on retiendra le match plein de folie de Mathias Bourgue au deuxième tour contre Andy Murray, le premier quart de finale à Roland de Richard Gasquet et la victoire chez les juniors du Français Geoffrey Blancaneaux. Et la victoire de Djokovic dans tout ça ? Pas anecdotique puisque le Serbe a remporté son 12e Grand Chelem, le seul qu'il n'avait pas encore gagné. Mais il a manqué un match historique pour que son titre reste dans les annales autrement que pour la statistique.

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Trois semaines après, le tournoi de Wimbledon n’a pas trop passionné les foules. Déjà parce qu’il était situé entre la fin de l’Euro et le début du Tour de France. Là encore, les absences et les contre-performances ont joué en défaveur du plus mythique du tournoi du Grand Chelem. Rafael Nadal, toujours blessé, a dû renoncer. Novak Djokovic est tombé sous les coups de butoir de l’Américain Sam Querrey trop tôt (troisième tour). La dimension historique aurait pu être immense avec un Roger Federer en finale pour un 18e majeur, mais le Suisse s’est arrêté en demie, battu par l’ambitieux Milos Raonic. Le Canadien n’a en revanche pas fait le poids en finale face à un Andy Murray tout heureux de remporter son troisième Grand Chelem sans avoir à batailler avec Djokovic ou Federer en finale. 

L’Euro, où était le panache ?

Le soleil qui a accompagné la remise du trophée de Djokovic sur l’ocre parisien pouvait être vu comme un symbole : la grisaille de Roland allait laisser place au feu d’artifice de l’Euro. Dans une France en état d’urgence depuis les attentats, paralysée par les grèves, le football, le sport roi, allait permettre de vibrer et d’oublier la morosité ambiante pendant au moins un mois. Qu’a-t-on vu durant cet été qui a eu du mal à installer sa météo ? Un nivellement footballistique vers le bas où la rigueur défensive a pris le pas sur l’initiative offensive. La faute à qui ? A Michel Platini, ce pestiféré du football mondial, qui a permis l’Euro à 24 nations ? C’était une bonne idée sur le papier. Dans les faits, ces petites nations ont fait avec leurs armes : du courage défensif, de l’abnégation dans les efforts. D’où des matches du premier tour souvent fermés, se décidant dans les arrêts de jeu. Un cauchemar pour les parieurs, de l’ennui pour les spectateurs. Peu de grands gestes (la Madjer de Ronaldo, la frappe de Payet contre la Roumanie, la bicyclette de Shaqiri), peu de grands matches (le sommet tactique Allemagne-Italie, la folle rencontre entre la Hongrie et le Portugal), mais aussi des stars qui déçoivent (Muller, Rooney, Zlatan…).

Et les Bleus dans tout ça ? L’engouement, tant attendu, n’est jamais venu. Car les tensions racistes, ravivées par le cas Benzema, dans un pays en souffrance avec son identité les ont accompagnés durant toute la préparation. Les premiers matches n’ont pas permis de faire oublier ce climat. La mini-polémique Paul Pogba, étouffée dans l’œuf, n’a heureusement pas dérapé en nouvelle affaire d’état. Des adversaires de plus petit calibre en huitième et en quarts (Irlande, Islande) n’ont pas permis une envolée populaire. Ce n’est que la demie contre l’Allemagne qui a allumé le feu. Le match d’Antoine Griezmann restera comme l’un des meilleurs souvenirs de cette compétition. Mais la promesse née un soir à Marseille ne s’est pas concrétisée trois jours plus tard à Saint-Denis, lors d’une finale frustrante contre le Portugal. Frustante et finalement perdue sur une frappe d’Eder. Des Portugais qui remportaient enfin un trophée international, sans leur star Ronaldo, sortie sur blessure. Un Portugal en mode Grèce 2004 avec des bases solides et une absence de fantaisie en attaque. Finalement durant un mois, le spectacle a souvent été dans les tribunes. Donc un grand merci aux Islandais, aux Irlandais et aux Nord-Islandais pour l’ambiance. Mais comme l’a dit Pacho Maturana, ancien entraîneur de la Colombie, dans les colonnes de So Foot "cet Euro ne va malheureusement rien laisser au football".

Le Tour, Froome sans adversaire

Lancée en grande pompe en Normandie, mais dans un anonymat relatif pour cause d’Euro en France, la Grande Boucle a vécu une première semaine dans l’ombre du ballon rond. Les victoires de Mark Cavendish, le show Peter Sagan ont été reléguées par le parcours des Bleus. Pas une victoire française à se mettre sous la dent malgré les tentatives de Bryan Coquard. Mais avec l’arrivée de la montagne, les échappées au long court, les morceaux de bravoure allaient redonner ses lettres de noblesse à un panache abandonné sur le bord du terrain durant l’Euro… On attend toujours. Chris Froome n’a même pas eu besoin d’assommer le Tour pour s’imposer. Trois attaques dont une lors de la descente de Peyresourde, l’autre avec Peter Sagan - l’autre star de ce Tour – à Montpellier et enfin celle dans la montée vers Finhaut-Emosson ont suffi à briser la concurrence. Et le Britannique a fini le travail avec les deux contre-la-montre, notamment avec celui où il s'est imposé à Megève.

Présenté comme le principal adversaire, Nairo Quintana, n’a jamais eu les épaules d’un vainqueur sur cette édition. Porte, Yates, Mollema ? Bien contents d’être aux places d’honneur. Alberto Contador ? L’un des derniers garants du panache à bicyclette, a dû abandonner bien trop tôt, diminué par les chutes et les virus. Les Français ? Derrière Romain Bardet, le désert. Thibaut Pinot a abandonné et ce ne sont pas les tentatives de Julien Alaphilippe qui feront oublier l’échec tricolore. Même la course a rarement été passionnante. L’étape du Mont-Ventoux a été tronquée en raison du vent et les derniers jours dans les Alpes, malgré la victoire de Romain Bardet à Saint-Gervais Mont Blanc, ont à peine rattrapé deux premières semaines bien ternes.

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Les JO pour oublier tout ça?

Les Jeux Olympiques arrivent donc après ce marasme (oui le mot est fort). Pendant deux mois on a vu, bu et mangé du sport. Pendant les JO, on va même passer nos nuits à en regarder. En raison du décalage horaire, les principales épreuves se dérouleront en pleine nuit pour les spectateurs français : le 100m et l’affrontement entre Américains et Jamaïcains, la perche avec Renaud Lavillenie, le judo et Teddy Riner, les exploits de Michael Phelps et Florent Manaudou dans les bassins, le parcours des stars NBA et des joueurs français sur les parquets. Les 15 jours qui arrivent vont-ils rattraper l’amer goût en bouche qu’ont laissé les événements précédants ou cette année 2016, si alléchante sur le papier, restera à jamais comme une cuvée ratée ?

Les signaux ne sont pas forcément positifs : la ville de Rio a galéré à être tout simplement prête à accueillir ces Jeux, le virus Zika a refroidi certaines stars du golf et du tennis, le spectre du dopage a exclu les stars russes de ces JO, la forme d’Usain Bolt, blessé peu avant les JO, pose question. Mais la star des JO sera là, tout comme Michael Phelps, l’autre légende de l’olympisme. Ces deux seuls noms, sans oublier les stars françaises (Parker, Karabatic, Riner, Manaudou, Lacourt, Dumerc, Ferrand-Prévôt, Absalon…), suffisent à faire grimper notre impatience et nos attentes. Au risque d’être encore plus déçu…

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