Reportage Paris 2024 : on était à l'inauguration de l'Adidas Arena, la nouvelle salle du Paris Basketball promise aux "sports urbains"

Cette salle de 8 000 places (en configuration sport) accueillera notamment les épreuves de badminton lors des Jeux olympiques. Elle est promise à devenir un temple "urbain", entre combats de MMA et concerts de rap.
Article rédigé par Elio Bono, franceinfo: sport - à l'Adidas Arena
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le Paris Basketball affronte Saint-Quentin lors de l'inauguration de l'Adidas Arena à Porte de la Chapelle, le 11 février 2024. (MIGUEL MEDINA / AFP)

Dans un décor fait de feux d'artifice, de faisceaux disco et au rythme d'un tube du duo PNL, la maire de Paris Anne Hidalgo a inauguré en grande pompe le dernier "bijou" parisien, dimanche 11 février. On ne parle pas là d'une boîte de nuit, mais bien de la toute nouvelle Adidas Arena, située porte de la Chapelle, dans le nord de la capitale. "Bienvenue chez vous !", a clamé le speaker du Paris Basketball, devant une salle à guichets fermés. L'actuel 5e du championnat de France y a écrit la première page d'un nouveau chapitre avec une victoire contre Saint-Quentin (87-65).

La fête avait commencé dès le début de l'après-midi lorsque, devant un parterre de journalistes et de responsables politiques – dont la ministre Amélie Oudéa-Castéra –, Anne Hidalgo a annoncé "le début du commencement de la magie des Jeux". Cette salle constitue en effet le seul équipement dédié aux Jeux olympiques et paralympiques construit à Paris intra-muros. Terminée dans les temps, deux ans et demi après le début des travaux estimé à 138 millions d'euros, l'Arena accueillera les épreuves de badminton, de gymnastique rythmique, de para-badminton et de force athlétique. 

Une jauge unique en Île-de-France

Facilement reconnaissable dans ce nœud urbain à la jonction du XVIIIe arrondissement parisien et de la Seine-Saint-Denis, l'Adidas Arena ressemble à un îlot de béton gris. A l'intérieur, les sièges en matériaux recyclables – sont exclusivement noirs et très proches du parquet. Surtout, la salle est remplie de références à Adidas, qui s'est offert, moyennant un contrat de naming à 2,2 millions d'euros l'année, cette grande visibilité. 

Gérée par la société Paris Entertainment Company (également en charge de l'Accor Arena de Bercy et du Bataclan), la salle revendique un "positionnement urbain et street". Elle présente une jauge unique en Île-de-France (8 000 places pour du sport et jusqu'à 9 000 pour des concerts), à mi-chemin entre les 20 000 sièges de Bercy et les 6 000 du Zénith. 

En plus du basket-ball, des événements de sports émergents comme le MMA ou le skate-board y sont attendus, alors que les premiers concerts programmés concernent en partie du rap. La clameur avec laquelle le rappeur star Zola a été accueilli lors d'un mini-show après la rencontre, dimanche, a donné un premier aperçu de cette identité et de la résonance de ce que les dirigeants du Paris Basketball espèrent devenir un "mini-chaudron".

"Je viens pour le concert aussi, même si je suis avant tout fan de basket", a ainsi concédé Tino avant "l'événement". Ni les 100 km de trajet depuis Evreux, où il réside, ni les 106€ pour être placé "au premier rang" n'ont rebuté le jeune homme de 18 ans. Il a pu y observer de près de nombreuses stars, comme le footballeur Ousmane Dembélé ou, en face, l'ex-Premier ministre Lionel Jospin.

Un vaste plan d'aménagement du quartier

Valérie, la quarantaine, n'a pas eu ce privilège mais a été attirée par "la curiosité" de cet équipement situé... juste devant chez elle. "On ne viendra pas tous les jours, mais c'est bien que le quartier change", se réjouit-elle. Cette Arena, collée au boulevard périphérique à l'extrême nord de Paris, s'inscrit en effet dans un vaste plan d'aménagement du quartier populaire de la Chapelle, sur lequel la mairie travaille depuis "20 ans", assure Anne Hidalgo. "500 millions d'euros ont été investis dans le quartier", relève Emmanuel Grégoire, son premier adjoint. Un campus universitaire y est notamment attendu.

Au-delà du simple équipement destiné au haut niveau, l'Arena possède également deux gymnases, dont l'un de 750 places, destiné à l'usage des clubs et écoles du quartier. "C'est vrai que ça manquait. A part deux terrains de foot, il n'y avait pas grand-chose ici", relève Mariam, une mère de famille qui a grandi à proximité. "On est dans un quartier populaire et on espère par contre que ça ne va pas chasser la population, poursuit-elle. Surtout qu'on ne fait que déplacer les problèmes, notamment de drogue ou de sécurité, en dehors de Paris." L'accessibilité pose aussi question, puisque seuls les lignes 12 du métro et T3B du tramay desservent cet écrin dépourvu de parking (mais où figure un garage à vélos).

"On est au cœur du public basket, de la culture hip-hop et urbaine, qui était orpheline d'un club de basket-ball".

Mathias Priez, directeur général du Paris Basketball

à franceinfo: sport

Beaucoup ont consenti à des efforts financiers pour assister au match, comme Jennifer qui a dépensé "150 euros pour trois billets"."65% des billets seront à 25 euros ou moins sur l'ensemble de la saison, répond Mathias Priez, directeur général du club. On travaille aussi sur un partenariat avec des collectivités locales pour offrir des billets à des habitants du quartier." En attendant, Jennifer et ses deux fils, fidèles du Paris Basketball, ne voulaient pas rater ce changement de dimension pour le club. "C'est une évolution nécessaire pour nous", poursuit Mathias Priez.

Jennifer et ses deux fils Warren et Jaden, devant le parvis de l'Adidas Arena, le 11 février 2024. (Elio Bono/Franceinfo: sport)

Auparavant assigné dans la bouillante mais limitée halle Georges-Carpentier (XIIIe arrondissement), le Paris Basketball évolue désormais dans une salle deux fois plus grande et à la hauteur de ses ambitions. Créé en 2018, il joue les premiers rôles en championnat et espère, à moyen terme, intégrer l'Euroligue où évoluent déjà l'AS Monaco et l'Asvel.

Un tremplin vers l'Euroligue pour le Paris Basketball

Surtout, le Paris Basketball espère des retombées économiques "quatre à cinq fois" supérieures les soirs de matchs. Les tarifs très élevés à la buvette – 6 euros pour 50 cl d'eau, 9,5€ pour une pinte de bière – aideront, de même que le "skybar" réservé aux VIP tout en haut de la salle, avec une vue plongeante sur le parquet. 

La vue depuis le "skybar" de l'Adidas Arena. (Elio Bono/Franceinfo: sport)

Une illustration de la modernité de cette salle, directement inspirée de plusieurs écrins de NBA, où a travaillé le président du club David Kahn. Reste désormais à concrétiser ce coup d'essai en fidélisant ce public autant happé par les distributions de cadeaux lors des temps morts que par le match. Il faudra encore un peu de temps pour s'approprier cette salle où l'on entendait, par moments, davantage la centaine de supporters adverses dimanche soir. Les bons résultats du club, proche des play-offs en Betclic Elite (5e) et qualifié pour les quarts d'Eurocoupe (antichambre de l'Euroligue), pourraient changer la donne.

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