: Reportage JO 2022 : une armée de Minions, de multiples tests PCR, des bagages passés à la javel... Récit d'un long voyage jusqu'à Pékin
Des démarches administratives au transit à l’aéroport de Pékin, le chemin vers les sites olympiques n'a rien d'un long fleuve tranquille.
Des Jeux olympiques, ça se mérite. Avant d’arriver sur les sites des prochains Jeux d’hiver à Pékin (mais surtout autour, à Zhangjiakou et Yanqing), il a fallu s’armer de patience pour un voyage de plus d’une journée, voire de plusieurs semaines à cause des démarches liées au Covid-19. Car si la compétition débute officiellement vendredi 4 février avec la cérémonie d’ouverture au "Nid d’oiseau" (surnom du stade olympique), elle a en réalité démarré dès la mi-janvier pour tous les participants, aussi bien pour les athlètes que pour les journalistes et autres parties prenantes. Récit d’un périple unique. Un Pékin pas express.
Le chemin vers la capitale chinoise a commencé 14 jours avant le départ, avec le suivi quotidien de l’état de santé des membres des délégations via une application conçue spécialement pour l’occasion. Chaque jour, il a fallu y spécifier sa température et répondre à un questionnaire. A l’approche du départ, personne n’a pu se soustraire aux tests PCR, bien qu’une vaccination complète soit nécessaire pour atterrir dans l'empire du Milieu.
Rien de bien original jusque-là, certes. C’était avant de découvrir les joies du Green Health QR Code et de sa petite sœur, la Customs Declaration. Traduction : des démarches administratives supplémentaires demandées par les autorités chinoises pour monter dans l’avion. Autant dire qu’au moment de prendre place dans l’un des vols affrétés spécifiquement pour les Jeux, c’est le soulagement qui prédomine, après deux semaines passées à s’être isolé du moindre danger, en pleine vague d’Omicron. Une vague qui a par ailleurs retardé le départ de plusieurs confrères.
Une fois dans l’avion, où le port du masque FFP2 était obligatoire, l’étau s’est peu à peu resserré. Après les nombreux messages de prévention anti-Covid-19 diffusés par les autorités chinoises sur les écrans du Boeing 777 d’Air France, les stewards de la compagnie se sont mués en apprentis infirmiers pour une prise de température de tous les passagers en plein vol. Dans un avion bondé, personne n’a heureusement dépassé les 37,5 degrés, évitant le cas de figure si appréhendé. Tout le monde a donc pu atterrir à Pékin un peu plus tranquille... pour quelques instants. Le commandant de bord a alors invité chacun à ne pas se lever après l’arrêt de l'appareil : "Je vous demande d’attendre que les autorités chinoises vous autorisent à vous lever." Le ton était donné.
Des Minions souriants mais omniprésents
L’accord donné, les passagers du vol Air France 128 (qui comprenait des journalistes de différents pays, mais aussi des athlètes français et autrichiens…) ont pu pénétrer dans un terminal totalement réservé à ce seul avion. Pendant les deux heures passées sur place, aucun autre atterrissage n'a eu lieu, dans un pays cadenassé face à la pandémie. Par les fenêtres de la passerelle, chacun a pu découvrir (et photographier) ces drôles de silhouettes, blanches de la tête aux pieds, emmitouflées dans des combinaisons anti-Covid-19 siglées des anneaux olympiques. Ces Minions version Pékin sont présents sur tous les sites olympiques. Leur surnom doit son origine à leur tenue mais aussi à leur bienveillance et leur sourire qui font oublier l'étrangeté de la situation.
Au milieu des immenses bâches "Beijing 2022" commence alors une litanie de procédures administratives robotisées autant que possible, sous le regard des Minions qui pullulent et s’agitent aux quatre coins de l’aéroport. Par petits groupes, les passagers font contrôler leur passeport et obtiennent un nouveau QR Code dans leur collection. Il donne le droit de se faire tester. Les Français découvrent alors le PCR local, dans le nez et dans la gorge.
Après avoir saigné du nez ou failli vomir dans un des 50 cabanons de tests prévus, une fois passée la douane, où les agents aspergent leurs gants de gel hydroalcoolique dans leur aquarium, et après avoir attendu les bus une bonne heure, l’irréprochable protocole en prend un coup à l’heure de récupérer les valises. Toutes mélangées dans une pièce à la sortie de l’aéroport, elles créent un gentil désordre général entre athlètes et autres passagers avant d’embarquer dans les bus en direction de Yanqing, Pékin ou Zhangjiakou. Cette dernière, nichée à quelque 200 km au nord de la capitale, est notre destination.
Dans le bus, la distanciation sociale est de nouveau de mise après avoir été écartée dans l’avion. De toute façon, désormais, tout le monde a été plus testé que les Français avant le réveillon de Noël. Quant au conducteur, il est abrité derrière un immense double vitrage à l’avant. Un dispositif qui explique peut-être la faible allure du véhicule malgré l’escorte policière et des autoroutes désertes, où des voies olympiques sont réservées aux bus.
Entrecoupé de plusieurs pauses sur des aires réservées aux délégations olympiques (et décorées en conséquence) et ceinturées de policiers et de Minions, le trajet va durer près de six heures. De quoi faire presque regretter les bouchons du périphérique parisien, la veille, en direction de Roissy. Après avoir fendu des montagnes rocheuses sombres, où la blancheur de la neige se fait rare, le convoi arrive enfin sur les hauteurs de Zhangjiakou, non sans un dernier contrôle des passeports par un Minion, en plein trajet. Des fois que…
Déposés devant les hôtels, on abandonne ses bagages à l’extérieur. On les retrouvera deux heures plus tard, aspergés d’une Javel qui traverse même les parois. Mais on abandonne aussi des collègues, piégés par un PCR qui s’avérera être un faux positif, et qui sont placés en isolement dans une aile spécifique de l’hôtel. Dans les chambres, un panier-repas réchauffe l’estomac, même si le corps ne sait plus trop quel aliment il est supposé engloutir du fait du décalage horaire.
Une fois installé, il est temps de sortir pour découvrir les environs. Pour cela, il faut se soumettre à une fouille et à un scanner des douaniers à faire pâlir nombre d’aéroports. C'est le prix à payer pour découvrir la suite : la vie sous la bulle sanitaire des JO de Pékin 2022.
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