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Roland-Garros 2022 : jugée "loin du compte", la France tente de développer la médiatisation et la pratique du tennis fauteuil avant Paris 2024

Pour la première fois, les finales hommes et femmes du tournoi seront programmées sur le court Philippe-Chatrier et diffusées sur France Télévisions.

Article rédigé par Apolline Merle, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
La joueuse de tennis fauteuil Pauline Déroulède s'entraîne lors d'une séance d'entraînement au stade Roland-Garros à Paris, le 22 avril 2022.  (ALAIN JOCARD / AFP)

A un peu plus de deux ans du début des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, comment se porte le tennis fauteuil en France ? Si le pays ne s'avère pas particulièrement en avance concernant sa médiatisation, les organisateurs du tournoi de Roland-Garros ont pris une décision qui fera date.

Les finales hommes et femmes sont cette année programmées pour la première fois sur le court Philippe-Chatrier, le vendredi 3 juin (à 11 heures) et le samedi 4 juin (à 11 heures) et diffusées sur France Télévisions. Il s'agit d'un grand pas pour mettre en lumière la discipline et le tournoi qui existe depuis 16 ans. 

Médiatisation et aspect sportif vont de pair

Ce cap franchi n'en reste pas moins insuffisant pour Michaël Jérémiasz, ancien numéro un mondial de tennis fauteuil, et consultant pour France Télévisions. "La médiatisation du paralympisme et des compétitions internationales paralympiques est très faible. On est loin du compte", tranche-t-il. "C'est un enjeu important quand vous accueillez les Jeux, d'autant plus à Roland-Garros pour les épreuves de tennis", relève le vainqueur de huit titres du Grand Chelem en double.

"Il faut que le grand public s'y intéresse, se l'approprie, découvre et mette des visages sur des noms et des noms sur des visages. Il y a tous les ingrédients pour qu'il se prenne de passion."

Michaël Jérémiasz, ancien numéro un mondial de tennis fauteuil

à franceinfo: sport

"L'initiative fonctionne à Wimbledon, elle cartonne à l'Open d'Australie, il n'y a donc aucune raison que cela soit différent chez nous", ajoute Michaël Jérémiasz. D'ailleurs, pour le consultant de France Télévisions, tout l'enjeu réside dans "la retransmission des compétitions en direct afin que l'on puisse suivre les athlètes".

Cependant, pour donner l'envie de suivre les athlètes, il faut aligner les bons résultats. Voilà pourquoi la Fédération française de tennis (FFT) a mis en place un programme de préparation paralympique en vue des JO de Paris. Quelques jours avant sa nomination comme ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, alors directrice générale de la FFT expliquait à franceinfo: sport avoir "constitué une équipe" pour "professionnaliser la filière du tennis fauteuil, et travailler notamment sur les paires de double qui pourraient être potentiellement médaillables". 

"La pratique reste confidentielle"

L'augmentation des membres dans les clubs constitue l'autre grand objectif. "Aujourd'hui, la pratique reste confidentielle. On veut que des gamins voient ce qu'on fait et aient envie de faire du sport. On s'en fiche qu'ils soient champions ou non. Quand on est en situation de handicap, le sport est vital, notamment pour lutter contre la sédentarité", clame-t-il. Selon la Banque mondiale, un milliard d’individus dans le monde (soit 15%) sont en situation de handicap, dont 12 millions de Français, précise APF France handicap

Amélie Oudéa-Castera a déclaré vouloir "faire travailler le vivier dans les clubs, pour que l'offre en direction du paratennis continue de se développer, qu'on ait vraiment une belle accessibilité des équipements et qu'on ait une vraie logique d'accompagnement par des éducateurs formés au paratennis et au sport adapté de façon générale". En charge notamment des Jeux paralympiques, l'ancienne joueuse a désormais les moyens d'appliquer sa philosophie au-delà de la seule petite balle jaune.

Si Paris 2024 doit montrer les progrès en la matière, l'enjeu dépasse l'événement sportif en lui-même. "Il faut changer la manière dont on parle du handicap, avec cette vision paternaliste et compassionnelle. Aujourd'hui, on veut juste les mêmes droits, et faire partie du paysage médiatique", conclut Michaël Jérémiasz. 

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