Paris 2024 : les organisateurs des Jeux de Londres en 2012 donnent leurs conseils aux Français

Les Jeux olympiques de Londres avaient été un succès en 2012. À quelques semaines du début de la compétition dans la capitale française, franceinfo détaille les leçons à retenir de cette édition.
Article rédigé par Richard Place
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
La piscine olympique des Jeux olympiques de Londres 2012. (RICHARD PLACE / RADIOFRANCE)

Dans un peu plus d’un mois, le 26 juillet, aura lieu la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Paris sera-t-elle à la hauteur ? Ces JO seront-ils réussis ? Impossible de le savoir pour l'instant mais les conseils sont toujours bons à prendre. Franceinfo est allé en chercher à Londres, la capitale anglaise qui avait organisés les JO de 2012 qui restent un modèle.

Premier conseil à Paris 2024 : soyez réactifs, même pendant les Jeux. Tout était prévu mais évidemment, il y a toujours des surprises. Avec la billetterie par exemple. Howard Dawber s’en souvient très bien. Cet adjoint au maire de Londres met en garde sur le remplissage des sites : "Londres avait vendu tous les billets pour l’ensemble des épreuves, même un Azerbaïdjan - Suède de handball. Tout était vendu. Quand les Jeux ont commencé, on a vu des sièges vides. C’était des places achetées par des entreprises mais elles ne venaient pas. Ça a pris quelques jours mais on les a appelées pour leur dire : 'Si vous ne venez pas, vous rendez les tickets'. Et nous avons invité des jeunes des quartiers autour."

Attention à l'instabilité politique

Tout n’a pas été parfait il y a 12 ans mais l’impression générale reste excellente. Les Anglais sont fiers de leurs Jeux, en particulier de cette cérémonie d’ouverture, parfaitement britannique avec en point d’orgue, évidemment, la Reine qui saute en parachute avec James Bond. Dès qu’ils ont obtenu l’organisation des Jeux, le maire de Londres de l’époque avait dit que ce qui l’intéressait, ce n’était pas les deux semaines de sport mais les projets d’urbanisme qui en découlent. Là aussi, le bilan est plutôt positif. Avec une particularité, c’est que l’essentiel des sites se situait dans une seule et même zone : à Stratford, quartier de l’est de la ville, où une friche a été transformée en parc et en quartier très actif.

L’héritage des Jeux, c’était une obsession pour les organisateurs londoniens et aujourd’hui, la plupart des sites sont rentabilisés. Mais il a tout de même un point noir : le stade olympique, qui coûte toujours de l’argent aux contribuables. La zone olympique continue de se développer, on trouve déjà un immense centre commercial, des logements, des universités qui s’y installent, des studios de la BBC, une salle de danse contemporaine, une antenne du Victoria and Albert Museum…

En face du stade olympique, des studios de la BBC, une salle de danse contemporaine, une branche de l'université et un musée voient le jour. (RICHARD PLACE / RADIOFRANCE)

Autant de projets qui ont été validés bien en amont. Et sur lesquels il a fallu tenir bon, malgré les changements à la tête de la ville et du gouvernement. Laura Citron dirige London and Partners, l’agence de promotion de la ville et de ses entreprises : "Il faut énormément de patience, ce qui n’est pas toujours simple dans le monde politique parce que c’est seulement maintenant, 12 ans après, que l’on commence à voir vraiment l’héritage. Bien sûr, il y a des cycles politiques qui vont beaucoup plus vite que 12 ans ou 20 ans ! Ici, nous avons eu trois maires différents et je ne sais plus combien de Premiers ministres. Il faut établir des structures de la gouvernance autour de l’héritage, que des changements politiques ne peuvent pas affecter."

Partager les risques et les bénéfices

Pour construire et développer le parc olympique, Londres 2012 a évidemment travaillé avec le secteur privé. De grosses entreprises du bâtiment, de l’immobilier, avec lesquelles les négociations sont parfois âpres. En 12 ans, Rosanna Lawes, qui dirige l’agence publique chargée du développement, a beaucoup appris et gagné en fermeté : "Comment vous travaillez en partenariat ? Ça a été une grande leçon. Nous avons choisi de créer une entreprise en co-gestion où l’on partage les risques à 50/50 mais où l’on a aussi 50% des bénéfices. Nous avons mis des milliards de livres d’argent public dans ce parc alors pourquoi le service public ne bénéficierait pas des avantages et des profits ?" De l’argent public, il y en a eu beaucoup. Le budget de départ était fixé à 2,4 milliards de livres sterling. Les Jeux de 2012 ont finalement coûté 8,7 milliards.

Un dernier petit conseil pour Paris 2024, méfiez-vous des médias et de leur calendrier. Nous sommes parfois prévisibles. Dans quatre ans, juste avant les Jeux de Los Angeles, sur franceinfo on vous racontera ce que les Jeux de Paris ont rapporté, ce qui marche, ce qui ne marche pas. Évidemment, on reviendra sur l’héritage de ces JO. Cet aspect-là, Londres 2012 l’avait anticipé. C’est ce que raconte Gavin Poole, PDG de Here East. Dans les anciens centres de presse olympiques, il a développé un immense campus destiné à l’innovation, un catalyseur économique.

Aujourd’hui, 6 500 personnes y travaillent. Un projet annoncé avant le début des Jeux de Londres : "Nous nous sommes imposé une date limite. Après 2012, on s’est dit : les travaux de rénovation sur ce million de mètres carrés doivent être finis avant les Jeux suivants, ceux de Rio. Pour que les médias ne reviennent pas en disant 'Regardez, c’était de l’argent gaspillé.'" Il y a un mois et demi, Sadiq Khan, le maire de Londres a été réélu. Dans son programme figurait l’étude d’une future candidature à l’organisation des Jeux olympiques. Preuve, s’il en était besoin, que la ville a apprécié l’expérience.

Les organisateurs des Jeux de Londres en 2012 donnent leurs conseils aux Français - Reportage de Richard Place

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