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Vidéo Santé mentale des athlètes : Michael Phelps veut "changer la façon dont cette question est prise en compte"

Publié Mis à jour
Article rédigé par Jérôme Val - Thomas Sellin
Radio France

Michael Phelps, invité d'honneur du festival "Demain le sport", s'engage pour la santé mentale des athlètes.

"J'espère que nous pourrons, cas par cas, changer la façon dont cette question est prise en compte", a indiqué le nageur américain Michael Phelps qui était l'invité d'honneur du festival "Demain le sport" organisé jeudi 22 septembre par franceinfo, avec France Télévisions et L'Équipe, à la Maison de la radio et de la musique. Le sportif qui a gagné 23 médailles d’or en quatre Jeux Olympiques entre 2004 et 2016 dont 13 en individuel, s'engage pour la santé mentale des athlètes. "C'est quelque chose pour lequel je me bats", car "je sais ce que c'est que d'être dans un moment sombre et de ne plus vouloir vivre", a-t-il confié.

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franceinfo : Qu'est ce qui vous a amené à vous intéresser à la question de la santé mentale ?

Michael Phelps : C'est quelque chose pour lequel je me bats. Je fais face à la dépression et à l'anxiété presque tous les jours. J'essaie toujours d'apprendre de nouvelles astuces, d'apprendre pour me procurer de nouveaux outils pour m'aider à me frayer un chemin dans la vie. Donc, si je peux aider d'autres personnes qui vivent exactement la même chose, j'ai la possibilité de les aider à s'en sortir. Je sais ce que c'est que d'être dans un moment sombre et de ne plus vouloir vivre. Et je sais qu'il y a des gens qui éprouvent des sentiments similaires.

"Je veux donc essayer de leur apporter de l'aide, l'aide et les soins dont ils ont besoin et qu'ils méritent."

Michael Phelps

à franceinfo

Dans le documentaire "Le Poids de l'or", sorti en 2020, vous dites que beaucoup d'athlètes qui participent aux Jeux olympiques ont pu souffrir de dépression ?

Oui, je dirais certainement que c'est 75% ou plus. Vous savez, je pense qu'une fois que vous escaladez cette montagne pendant quatre ans en essayant de vous rendre aux Jeux olympiques et que votre course peut être terminée en 30 secondes, 20 secondes.. Et que faites-vous ensuite ? Vous avez encore quatre ans pour vous préparer. Le plus souvent, les gens sont aux prises avec une dépression post-olympique. Et oui, je pense que c'est pour moi une sorte de rêve devenu réalité de pouvoir aider les autres à faire face à ce moment difficile. Dans le documentaire Le Poids de l'or, une douzaine d'athlètes de tous les sports sont venus partager exactement la même expérience sur la façon dont nous percevons la santé mentale. C'est donc évidemment réel et j'espère que nous pourrons, cas par cas, changer la façon dont cette question est prise en compte.

Pourquoi a-t-on autant de mal à aborder la question de la santé mentale chez les sportifs de haut niveau ?

Honnêtement, je ne pense pas que les gens savent comment l'aborder. Je ne pense pas que les gens pensent que c'est potentiellement réel. Et je pense tout simplement qu'il n'y a pas eu assez de personnes qui s'ouvrent et parlent de ces choses. Mais je pense que les temps ont définitivement changé. Les sportifs s'ouvrent, ils en parlent, ils essaient de s'aider eux-mêmes. Je pense donc qu'ils doivent commencer à prêter attention à leur bien-être physique, mais aussi à leur bien-être mental. Parce qu'en tant qu'athlètes, si nous avons une main cassée, nous allons la réparer, hein ? On va se faire opérer. Mais si quelque chose ne va pas dans la tête, personne ne sait comment gérer ça. Je pense donc que nous devons simplement continuer à apprendre de plus en plus sur ce sujet pour aider les personnes qui souffrent.

Vous avez souligné l'importance de l'entourage que sont la famille, le coach, les fédérations. Avons-nous besoin d'une meilleure formation pour mieux traiter cet aspect de la vie des athlètes ?

Oui. Je pense que tout le monde doit avoir les outils pour aider ceux qui ont à traverser ces situations. Je ne sais pas si l'entraîneur est la meilleure personne pour intervenir, mais il doit absolument être conscient de ce qui se passe et connaître les bonnes mesures à prendre lorsqu'il voit un athlète en difficulté. Je sais que ça peut aussi être intimidant pour un athlète, ou effrayant, de vivre quelque chose comme ça sans savoir à qui parler. Donc oui, j'encourage les gens à parler à quelqu'un en qui ils ont confiance. Et, vous savez, quand je parle de mon équipe et de mon entourage, mon équipe est restée la même tout au long de ma carrière. Depuis que je suis devenu professionnel jusqu'au moment où j'ai pris ma retraite. Aucun membre de cette équipe n'a changé.

"Vous devez donc trouver des personnes en qui vous pouvez avoir confiance et qui veulent vous aider."

Michael Phelps

à franceinfo

Sur cette question de la santé mentale, est-ce que les choses évoluent dans le bon sens aux États-Unis ?

Les choses ne vont toujours pas bien aux États-Unis. Ils nous dirigent vers un monde meilleur... Je ne sais juste pas quand nous y arriverons ! Parce que, je ne veux plus perdre les membres de ma famille olympique. Certains d'entre eux se sont déjà suicidés, et je ne veux plus en perdre.

Vous dites en tant que champion, vous n'avez pas eu une enfance normale. Vous avez trois enfants. Que leur diriez-vous s'ils vous disaient qu'ils veulent devenir un champion comme vous ?

Je serais enthousiasmé. Si c'est une de leurs passions, je serais toujours extrêmement favorable à tout ce que mon enfant veut faire, parce que c'est ainsi que j'ai pu faire ce que j'ai fait. Vous savez, ma mère m'a énormément soutenue dans tout ce que je faisais, et si j'avais voulu arrêter, elle m'aurait laissé arrêter. Je pense qu'elle m'aurait dit à 100 % : "Oui, tu as raison. Si tu veux arrêter, vas-y". Elle était donc là pour me soutenir. Elle n'était pas là pour me dire que je devais faire ceci ou cela. Je pense que je ferais la même chose avec mes enfants. Je veux que mes enfants apprécient ce qu'ils font et qu'ils visent honnêtement les étoiles, et qu'ils poursuivent les plus grands objectifs qu'ils puissent atteindre, parce qu'encore une fois, c'est ce que j'ai fait. Quel que soit le mode de vie qu'ils choisissent d'avoir, ils l'auront. J'espère qu'ils le feront avec l'intention d'être la meilleure personne possible.

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