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ENTRETIEN. JO 2021 - Natation : "Les Jeux du retour sur Terre pour l'équipe de France", pour Yannick Agnel

À l'heure de raccrocher les bonnets de bain, Yannick Agnel, dresse le bilan de la délégation française dans les bassins de Tokyo.

France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
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Florent Manaudou pose avec sa médaille d'argent sur 50 m nage libre, lors des Jeux de Tokyo, le 1 août 2021. (TETSU JOKO / YOMIURI / AFP)

Double champion olympique en 2012 à Londres et double champion du monde en 2013, Yannick Agnel, consultant France Télévisions, dresse le bilan de la semaine de natation olympique. Avec une seule médaille, l'équipe de France repart de Tokyo avec son pire bilan depuis les Jeux de Sydney en 2000 (médaille d'argent de Roxana Maracineanu sur 200 m dos). 

Franceinfo: sport : Commençons par la fin, à savoir la médaille d'argent de Florent Manaudou sur 50 m nage libre, la seule de la délégation tricolore à Tokyo. Quelle saveur a-t-elle ?
Yannick Agnel : C'est tout simplement grandiose ce qu'a fait Florent Manaudou, grandiose et historique pour la natation française et même internationale car ils ne sont que deux nageurs à avoir remporté une médaille lors de 3 Jeux olympiques différents sur le 50 m nage libre (avec l'Américain Gary Hall Jr). Florent est un immense talent, il a fait preuve d'une grande résilience après son retour dans les bassins et sa saison. Il est fait de la trempe des champions, de ceux qui ne meurent jamais et qui répondent présent quand on les attend. L'or était trop compliqué à aller chercher avec l'extraterrestre Caeleb Dressel. Mais Florent est arrivé à Tokyo avec la bonne attitude positive, il était détendu et il a mis le plaisir au dessus du reste. Derrière, la performance suit.

"Je suis fier de moi." En larmes, Florent Manaudou revient sur le parcours qui l'a mené à la médaille d'argent olympique, sa troisième consécutive sur 50 m nage libre.
Natation : les larmes de Florent Manaudou après sa médaille d'argent "Je suis fier de moi." En larmes, Florent Manaudou revient sur le parcours qui l'a mené à la médaille d'argent olympique, sa troisième consécutive sur 50 m nage libre.

"Un manque d'humilité"

Une performance historique qui masque le reste pour la délégation française. Ces Jeux, c'est un échec ?
On finit sur une bonne note, mais pour le reste, on a eu des résultats en demi-teinte. On pouvait s'attendre à quelques médailles, quand même. On était sur une équipe avec deux générations de nageurs, celle de Paris 2024, qui a surpris, qui a régalé par sa fraîcheur, et qui a attrapé des places prometteuses. Et puis une génération plus expérimentée. Celle-là a déçu avec des résultats pas aussi bons qu'attendus. Et elle m'a déçu aussi par son attitude pas assez combative, un manque d'humilité qu'on ressent depuis un moment. Le but n'est pas d'accabler X ou Y, mais globalement ce sont les Jeux du retour sur Terre pour la natation française. À l'heure de la reprise il faudra retourner humblement dans les bassins vu la distance qui nous séparait des podiums olympiques. D'autant qu'on n'a que trois ans pour se préparer à la suite : Paris 2024.

Quelles sont les raisons d'espérer pour Paris 2024 ?
La jeune génération programmée pour Paris 2024 est allée chercher des finales et des belles places à Tokyo, à l'image de Maxime Grousset au pied du podium du 100 m nage libre pour sa première participation aux Jeux, ou Léon Marchand, Marie Wattel, Yohan Ndoye-Brouard... On a vu de belles choses, ces jeunes ont beaucoup appris, ils ont glané de l'expérience et seront au niveau à Paris. C'est prometteur, de bon augure pour toute cette génération de super nageurs, avec un bon état d'esprit et bien encadrés par Florent Manaudou et Mélanie Hénique, les co-capitaines. Il va falloir revoir des choses au niveau fédéral en terme de management d'ici là, ça risque de changer avec l'arrivée de Jacco Verhaeren, l'illustre manager néerlandais. C'est une bonne nouvelle. Il va falloir replonger parce que 2024, ça arrive vite.

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