Cyclisme sur piste aux JO 2024 : mais qui sont ces motards qui ouvrent la voie aux coureurs du keirin ?

Article rédigé par Gabriel Joly - envoyé spécial à Saint-Quentin-en-Yvelines
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
François Lamiraud et Jérémie Fromonteil, deux volontaires présents sur le site de Saint-Quentin-en-Yvelines pour le cyclisme sur piste des Jeux olympiques avec le derny, le 6 août 2024. (GABRIEL JOLY / FRANCEINFO: SPORT)
En tant que chefs de piste, François Lamiraud et Jérémie Fromonteil vont piloter la mobylette olympique au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines durant les Jeux.

Ce sont des acteurs clés de la course, mais eux sont motorisés. Au vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines, François Lamiraud et Jérémie Fromonteil ont la lourde tâche d'ouvrir la route aux coureurs engagés sur le keirin durant cette deuxième semaine des Jeux olympiques de Paris. Sur trois des quatre tours de piste que dure la course dans cette discipline, les deux Français à moto ont pour mission de faire accélérer les athlètes, en file indienne derrière eux, de 30 à 50 km/h, pour qu'ils puissent ensuite se jouer la victoire lors d'un sprint à pleine vitesse.

"Il faut être frais mentalement, parce qu'il y a de l'enjeu quand même. Certains jouent leur carrière, presque leur vie", pose d'entrée François Lamiraud, ancien cycliste, détenteur du record de France de l'heure entre 2015 et 2022. Comme son collègue, il est désormais conseiller technique sportif envoyé par le ministère des Sports auprès de la Fédération française de cyclisme (FFC). Autrement dit, ce sont des agents de l'Etat, pour qui la moto du keirin n'est pas "le boulot principal", bien qu'il fasse "sortir du quotidien". La mission n'est toutefois pas rémunérée.

Depuis le début de la semaine, les deux hommes sont chefs de piste au vélodrome national. "En plus de piloter, on gère la sécurité lors des entraînements et des compétitions, notamment en cas de chutes", raconte Jérémie Fromonteil, 38 ans, qui fait partie comme tous les entraîneurs au niveau régional, de ceux autorisés à piloter l'engin. A leur actif, plusieurs championnats de France sur leur deux-roues, mais surtout les Mondiaux de cyclisme sur piste, courus à Roubaix en 2021 et à Saint-Quentin-en-Yvelines en 2022. Raison pour laquelle ils ont été choisis pour s'occuper des JO. Leur expérience n'est pas de trop dans une discipline aussi réglementée que le keirin. A chaque tour, ils doivent respecter des temps de passage précis pour lisser l'effort des athlètes durant l'accélération de leur engin.

"Bien penser à charger les motos"

En l'occurrence, une moto électrique toute silencieuse. De quoi trancher avec le romantisme des vieux dernys à essence encore utilisés il y a peu. Aux Jeux de Londres en 2012, on pouvait ainsi entendre le véhicule pétarader son gaz sur les cyclistes en plein effort. "Les dernys, ce sont des objets de collection un peu capricieux au démarrage. Aujourd'hui, on est passés sur de l'électrique pour des raisons écologiques et on ne risque pas de tomber en panne", détaille François Lamiraud, vite coupé par son ami : "Enfin, quand on a pensé à recharger la batterie la veille…"

Le pilote du derny des JO de Londres ouvrant la voix aux coureurs lors de la finale olympique, le 7 août 2012. (LEON NEAL / AFP)

"Mon fils de 3 ans est toujours impressionné par les motos", poursuit François Lamiraud, le teint bronzé, comme tout Marseillais qui se respecte. "Je lui ai dit : 'Papa va passer à la télé', c'est sympa. C'est un moment magique, de se dire qu'on roule sur la piste olympique devant des cyclistes qui vont se disputer l'or... Il ne faut juste pas oublier de s'écarter à trois tours, sinon on est presque sûr de gagner la course", s'amuse-t-il. Il ne croit pas si bien dire, car un athlète qui dépasse la moto en piste est automatiquement disqualifié, d'où la nécessité pour lui de ne pas aller en deçà des vitesses planifiées.

Vespa ou Harley ?

A partir de mercredi 7 août, les deux pilotes vont pouvoir arborer leurs tenues bleu et vert de volontaires sur leurs machines. "Aux championnats du monde, c'est une tenue de l'UCI [l'Union cycliste internationale], mais pour les Jeux, il n'y a rien de prévu donc on mettra en valeur l'ensemble des 45 000 bénévoles", se félicite Jérémie Fromonteil, également heureux de recroiser certains pistards français qu'il a vu grandir dans les équipes de France de jeunes, comme Florian Grengbo et Sébastien Vigier.

Jérémie Fromonteil et François Lamiraud au vélodrome olympique de Saint-Quentin-en-Yvelines durant les JO de Paris, le 6 août 2024. (GABRIEL JOLY / FRANCEINFO: SPORT)

Malgré une forte inclinaison du parquet du vélodrome, il n'y aura a priori pas de difficulté de pilotage, hormis "la lourdeur de la moto sur le premier demi-tour". "Au moins, sur la piste, les cyclistes ne peuvent pas être ailleurs que derrière moi", rappelle François Lamiraud, habitué à se déplacer en Vespa dans une circulation phocéenne qui a ses propres codes.

"La Vespa sur la piste ? Ce serait classe avec le marcel et les lunettes de soleil !"

François Lamiraud, pilote de moto sur le keirin olympique

à franceinfo: sport

"On a déjà ramené six Harley à Roubaix ! Pas sur la course, mais pour l'ouverture de l'événement et on n'était pas très sereins vu le bas de caisse qui frottait", embraye son binôme. S'ils s'attendent à ne plus être autant mobilisés sur les événements planétaires après la fin de l'olympiade parisienne – "à part si Donald Trump regarde la télé, se dit qu'on est incroyables et qu'il nous veut pour Los Angeles" – les pilotes gardent les super Mondiaux de 2027 en Haute-Savoie dans un coin de leur tête… L'occasion d'enfin sortir les grosses cylindrées ?

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