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JO 2022 : l'argent en relais, l'apothéose tant attendue pour les potes du biathlon français

Le relais hommes tricolore n'avait plus glané de médaille aux Jeux olympiques depuis 2006.

Article rédigé par Vincent Daheron, franceinfo: sport - De notre envoyé spécial à Zhangjiakou
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Les biathlètes français après leur deuxième place lors du relais masculin, le 15 février 2022 aux Jeux olympiques de Pékin. (ODD ANDERSEN / AFP)

Lorsque Quentin Fillon Maillet a franchi la ligne d'arrivée du relais, mardi 15 février, Fabien Claude, Simon Desthieux et Emilien Jacquelin ont couru vers lui avant de se tomber dans les bras. Ce dernier a lancé, en rigolant, un grand "yallah !" adressé à ses coéquipiers. Le bonheur simple mais sincère d'un groupe de potes qui a décroché la première médaille aux Jeux pour le relais masculin depuis 2006 grâce à sa deuxième place derrière la Norvège et devant la Russie.

Première médaille pour le relais depuis 2006

Il aura fallu attendre seize ans pour revoir les relayeurs français monter à nouveau sur la boîte. Une anomalie pour le biathlon tricolore et pour Martin Fourcade, qui n'a jamais pu partager de podiums avec ses coéquipiers aux Jeux olympiques. C'est d'ailleurs là le paradoxe ou plutôt l'évolution de cette équipe de France. "Il y avait une bonne équipe avant, mais on avait Martin Fourcade qui était au-dessus. On avait envie de construire un collectif", explique Vincent Vittoz, entraîneur de l'équipe de France masculine de biathlon ému et heureux de cet argent olympique. Certes, Martin Fourcade a connu l'apothéose collective à Antholz-Anterselva, en 2020, avec le titre mondial en relais, le second après 2001. Mais jamais aux JO.

En 2020, lorsque Fourcade a pris sa retraite, le groupe France a perdu son leader mais a récupéré, en contrepartie, une vraie densité. Cette saison, trois des quatre relayeurs tricolores (Fillon Maillet, Jacquelin et Desthieux) sont montés sur le podium en Coupe du monde et ont même, chacun, porté le dossard jaune de leader du classement général. Une forte densité avec, en premier de cordée, Quentin Fillon Maillet, qui a vraiment pris le leadership de l'équipe. C'est notamment lui qui a pris la parole devant ses coéquipiers pour les encourager lors du briefing à la veille de la course.

"Il n'y a pas d'egos"

Depuis quatre ans et l'arrivée du tandem Vincent Vittoz - Patrick Favre à la tête des Bleus, le collectif a pris une part très importante. Dans les discours mais aussi dans la vie quotidienne du groupe. "On essaie de se donner à 100%, de les aider, de les accompagner, explique Vittoz dans le froid polaire. On n'en place pas un plus haut que l'autre. C'est le collectif qui compte et il n'y a pas d'egos." "Je tiens beaucoup à l'équipe", complète l'entraîneur de tir Patrick Favre, qui a souhaité associer à ce succès les remplaçants Antonin Guigonnat et Eric Perrot. Ils ont d'ailleurs passé l'intégralité de la course près des entraîneurs, sur le pas de tir.

A l'arrivée de leur course récompensée d'une médaille d'argent, les relayeurs Fabien Claude et Simon Desthieux ont livré leur satisfaction à Claude Eymard.
Biathlon - Fabien Claude et Simon Desthieux : "On ne pouvait pas rêver d'un meilleur relais" A l'arrivée de leur course récompensée d'une médaille d'argent, les relayeurs Fabien Claude et Simon Desthieux ont livré leur satisfaction à Claude Eymard.

Cette équipe vit bien, et transpire sincèrement la bonne humeur. Les sourires sont légion, la camaderie franche et les chambrages réguliers. En conférence de presse, mardi, après leur médaille d'argent, ils rigolaient à voix haute pendant que Quentin Fillon Maillet répondait aux médias. Dimanche, après la poursuite, les Français chantaient à la gloire du champion olympique de poursuite : "Et pour Quentin allez, allez."

"Il y a des caractères différents. J'ai eu une expérience dans une autre équipe et je peux vous dire que l'ambiance est bonne. On vit de belles émotions."

Patrick Favre (entraîneur de tir)

en zone mixte

Ces derniers jours, Emilien Jacquelin répétait aux médias présents à Zhangjiakou qu'il n'avait qu'une envie : "Gagner une médaille pour se remémorer de bons souvenirs dans 30 ans." "J'ai lancé l'invitation, rigolait l'Isérois juste après le podium, mardi. Quand on sera tous à la retraite, on se retrouvera devant le relais des Jeux olympiques." Quentin Fillon Maillet, du haut de sa cinquième médaille dans ces Jeux, n'en disconvenait pas : "Je suis très heureux de partager la médaille avec mes amis, glisse le Jurassien. Notre équipe s'entend super bien et comme a dit Emilien, j'espère qu'on se retrouvera dans 30 ans pour se remémorer ces bons moments."

Entre les stages, la préparation et la Coupe du monde, les biathlètes vivent presque toute l'année ensemble. D'où l'importance d'un groupe sain, d'autant plus avec les strictes restrictions sanitaires de ces Jeux olympiques particuliers. "Depuis quatre ans, on a passé beaucoup de temps ensemble, plus de 250 jours par an, compte Emilien Jacquelin. On se connaît très bien et on est de vrais amis."

Deuxième relayeur pour l'Equipe de France, Émilien Jacquelin savoure l'argent obtenu et rend hommage aux derniers biathlètes français médaillés sur l'épreuve, en 2006.
Biathlon - Émilien Jacquelin : "Un relais qui reste bon malgré les conditions" Deuxième relayeur pour l'Equipe de France, Émilien Jacquelin savoure l'argent obtenu et rend hommage aux derniers biathlètes français médaillés sur l'épreuve, en 2006.

Les personnalités diffèrent entre le méticuleux QFM, le feu follet Jacquelin, le très réservé Desthieux et Fabien Claude, qui "a toujours attaché de l'importance au collectif", selon Vincent Vittoz. Mais pour autant, ils ne se sont "jamais embrouillés", assurait Emilien Jacquelin après la poursuite, dimanche.

Aucune animosité entre Fillon Maillet et Jacquelin

Sa rivalité sportive en début de saison avec Quentin Fillon Maillet aurait aussi pu prendre le dessus. Il n'en a rien été. Le Jurassien s'est envolé durant ces Jeux mais il n'y a jamais eu d'animosité entre eux. "Ça me fait vraiment rire parfois quand je lis qu'il y a une rivalité entre Quentin et Emilien, souligne Vincent Vittoz. Je peux vous dire qu'ils s'entendent très, très bien."

Mardi, sur la piste froide et lente de Zhangjiakou, les quatre tricolores se sont offert une belle récompense, sportive mais aussi fraternelle. "C'est bien plus grand qu'une simple médaille olympique", conclut Emilien Jacquelin.

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