Reportage "Ils ont largement le niveau pour participer" : des enfants lancent une pétition pour que les Jeux paralympiques s'ouvrent aux athlètes trisomiques

Le conseil municipal des enfants de Mornant, dans le Rhône, espère recueillir 500 000 signatures. Ses jeunes élus vont également écrire une lettre à Emmanuel Macron et à des représentants d'instances sportives.
Article rédigé par Christophe Vincent
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Muammer Sinan Kus, un nageur atteint de trisomie 21, s'entraîne dans une piscine à Izmir, en Turquie, le 2 décembre 2022. Image d'illustration. (MAHMUT SERDAR ALAKUS / ANADOLU AGENCY)

Et si les Jeux paralympiques s'ouvraient un jour aux trisomiques, qui en sont exclus ? C'est l'objet d'une pétition lancée par le conseil municipal des enfants de Mornant, dans le Rhône. En début de semaine prochaine, ils vont aussi envoyer une lettre à Emmanuel Macron, à Tony Estanguet et au Comité international olympique (CIO) pour qu'ils soutiennent leur combat.

Tout commence par la rencontre entre les jeunes élus et trois nageurs trisomiques champions du monde de natation adaptée. Les enfants apprennent que leurs nouveaux amis ne disputeront pas les Jeux paralympiques. Pour Maxence, Elie et Ryan, c'est incompréhensible.

"Quand on les a vus nager, on s'est dit : ils sont trop forts !, raconte le premier. Donc on a trouvé ça injuste. Et on a écrit une lettre à Monsieur le Président. Notre défi, c'est d'avoir 500 000 signatures. Ils s'entraînent très dur et ils ont largement le niveau pour participer, il n'y a pas de raison qu'ils ne puissent pas." "Ils ont leur place aux JO bien sûr, il y en a même un ou une qui pourrait gagner les JO", ajoute Elie.

Seuls trois sports acceptent des handicapés mentaux

Aux Jeux paralympiques, trois sports acceptent des handicapés mentaux qui ont réussi les minima. Souvent des autistes, jamais des trisomiques. "En 50 m crawl, je suis le seul trisomique garçon à ne faire que 31 secondes, lance le nageur Amaury Lépine. Un autiste ne fait pas 31, il ne fait que 25 secondes. Et c'est lui qui part aux Jeux paralympiques et pas le trisomique. Je suis plutôt en colère que triste."

"On a des capacités, il faut vraiment ouvrir les yeux et les mentalités des gens sur la trisomie. On a une vie comme les autres."

La nageuse Marie Graftiaux

à franceinfo

À Mornant, les élus adultes soutiennent l'initiative. "Les voir comme ça avec des yeux pétillants, une fierté et une motivation, ça nous encourage à les aider", se réjouit Dorothée Rodrigues. "C'est une combinaison de planètes, observe Pascale Chapot. On a le film Un p'tit truc en plus qui est sorti, les Jeux olympiques cette année, les Jeux paralympiques qui sont beaucoup mis en avant et c'est génial. Tout cela mélangé, on s'est dit que c'était le bon moment. On sait qu'il va falloir certainement un, deux, trois ou quatre Jeux olympiques, on ne sait pas. Pour les enfants, le pire c'est l'injustice."

Clémence y croit ferme. "De tous les projets qu'on a faits dans notre année, c'est celui qui nous a tenu le plus à cœur, insiste-t-elle. Ils étaient très touchés quand ils ont appris qu'on avait écrit cette lettre. S'il y a beaucoup de gens qui signent, l'impact sera plus gros." Comme les sportifs, les enfants jurent : "On ne lâchera rien."

Sur 4 400 sportifs qui vont participer aux Jeux paralympiques, moins de 5% sont porteurs de handicap mental, plutôt léger. Ils concourent dans seulement trois sports : athlétisme, natation et tennis de table. Les minima pour se qualifier sont élevés, ce qui écarte tous les trisomiques.

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