Domination chinoise, progression américaine, les outsiders britannique et ukrainien… Quels sont les pays favoris des Jeux paralympiques de Paris 2024 ?

Comme pour les Jeux olympiques, des pays dominent largement le classement des médailles des paralympiques mais avec certaines différences.
Article rédigé par Thomas Destelle
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Lors des championnats du monde de para athlétisme au stade Charlety à Paris, le 13 juillet 2023. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Une preuve du succès de la compétition. Il y aura en tout 180 délégations qui participeront aux prochains Jeux paralympiques qui se dérouleront dans une semaine, du 28 août au 8 septembre. Sur les 4 400 athlètes, ils seront 230 Français dans 22 disciplines différentes. S'ils espèrent avoir d'aussi bons résultats que leurs compatriotes lors des Jeux olympiques, cette fois l'objectif n'est pas d'être dans les cinq premières nations au tableau des médailles. "On veut atteindre le top 8, ce qui veut dire doubler le nombre de médailles d'or par rapport à Tokyo en 2021", a déclaré Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité paralympique et sportif français. Devant la France, d'excellents élèves du paralympisme sont attendus et ont performé lors des précédents Jeux d'été.

La Chine : une large domination

Une suprématie sans partage. Depuis 2004 et les Jeux olympiques d'Athènes, la Chine n'a pas quitté la première place du tableau des médailles des Jeux paralympiques. Le pays dépasse même les 200 médailles depuis les Jeux de Pékin en 2008. Lors des derniers Jeux à Tokyo, la Chine a cumulé 207 médailles dont 97 d'or, 60 d'argent et 51 de bronze. "Les Jeux paralympiques ont beaucoup plus d'épreuves que les Jeux olympiques du fait des catégories de handicap", rappelle Jean Minier, directeur des sports du Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF).

Une performance dans le handisport mondial spectaculaire alors que le pays n'a développé sa politique sportive paralympique que récemment. Au début des années 2000, le pays développe sa stratégie olympique mais aussi paralympique en vue des Jeux de 2008 qui ont eu lieu à Pekin. "Les Jeux paralympiques, à l'instar des Jeux olympiques, sont aussi un élément de soft power, explique le directeur des sports du Comité paralympique. Les pays développent donc des stratégies pour pouvoir briller aux Jeux paralympiques comme aux Jeux olympiques afin de montrer la puissance d'une nation."

La Chine a donc mis en place un système pour détecter et former les athlètes paralympiques qui reposent sur un centre d'entraînement national réservé au handisport et 225 centres répartis dans les provinces du pays, explique Le Monde. "On dit qu'il y a environ 60 millions de personnes en Chine en situation de handicap, donc c'est la population française comme population de recrutement possible et il y a matière à trouver des pépites", poursuit Jean Minier. Il met en garde sur le "message subliminal" transmis par la Chine sur la situation des personnes en situation de handicap dans le pays : "La réalité sociale est sans doute beaucoup moins reluisante que cette vitrine ne voudrait le laisser penser."

La Grande-Bretagne : le leader européen

La Grande-Bretagne est le principal concurrent des Chinois. Les Britanniques monopolisent les places sur le podium du tableau des médailles des paralympiques. Pour les Jeux de Tokyo, la "Team GB" a cumulé 124 médailles avec 41 en or, 38 en argent et 45 en bronze. Les résultats ont été impressionnants notamment en natation mais aussi en cyclisme, discipline où Sarah Storey avait obtenu une nouvelle médaille d'or. L'athlète paralympique britannique est la plus médaillée de l'histoire avec 17 médailles d'or (cinq fois en natation et 12 en cyclisme). Elle a déjà participé à huit Jeux paralympiques, sa première participation était à Barcelone en 1992 et sera en lice en 2024.

Rien d'étonnant quand on sait que l'histoire des paralympiques a commencé dans un hôpital militaire de Londres à Stoke Mandeville. Les Jeux de 2012 dans la capitale anglaise marqueront un tournant. Les tribunes sont pleines avec 2,7 millions de tickets vendus. "À Londres, les Jeux paralympiques sont revenus à la maison et ont trouvé le sentier les menant vers leur avenir", déclare Sir Philip Craven, président du Comité international paralympique. "Ils ont su surfer sur l'élan populaire de 2012 et conserver cette dynamique, développe Jean Minier. On va voir si cela va durer, car, aux Jeux de Tokyo, ils étaient encore très performants, mais avec une équipe un peu plus vieillissante."

Une réussite britannique dans le handisport à nuancer selon le directeur des sports du CPSF : "De mon point de vue, ils ont un programme beaucoup moins performant que celui de la France pour tout ce qui est l'accès aux sports pour les personnes en situation de handicap dans les clubs. Ils sont très performants pour amener des gens au haut niveau, mais en revanche pour permettre au plus grand nombre d'accéder à un sport de son choix à côté de chez lui, dans de bonnes conditions d'encadrement quand il est en situation de handicap, c'est pour moi beaucoup plus complexe. Ils n'ont pas du tout le même système associatif que nous."

Les États-Unis : une remontée en vue ?

Si on cumule les résultats depuis les Jeux paralympiques de 1960 à Rome, considéré comme les premiers, les Etats-Unis sont en tête du classement des médailles. Les Américains ont notamment dominé les Jeux paralympiques pendant 20 ans, monopolisant la première place des Jeux de Montréal en 1976 à ceux de 1996 à Atlanta. Mais après, les Américains n'ont plus atteint la deuxième place et sont parfois au pied du podium international. "On ne peut pas dire qu'ils sont à la traîne, prévient Jean Minier. Ils sont dans le Top 3 du tableau des médailles régulièrement. L'armée américaine a notamment un programme de recrutement et de réhabilitation par le sport de leurs blessés qui sont nombreux parce qu'ils sont sur beaucoup de théâtres d'opérations."

Les États-Unis peuvent-ils disputer la tête du classement des médailles à la Chine lors des Jeux de Paris 2024 ? En tout cas, Team USA est très présente dans les épreuves de paranatation et para-athlétisme. En basket fauteuil, les hommes sont les doubles champions paralympiques et tenteront de défendre son titre. Les résultats en sports paralympiques sont souvent liés aux moyens disponibles dans les pays. "Le paralympisme reste un sport de riche, souligne Jean Minier. Cela nécessite d'avoir des sociétés dans lesquelles on a suffisamment de moyens pour accompagner les personnes en situation de handicap vers les loisirs et vers le sport." Beaucoup de pays en développement "sont beaucoup plus en difficulté" que lors des Jeux olympiques "et sont presque exclus de fait de tous les sports en matériels comme les sports fauteuils".

L'Ukraine : un modèle d'excellence

Ils sont apparus sur le devant de la scène médiatique à Pékin en 2022. Lors de ces Jeux paralympiques d'hiver, les athlètes ukrainiens avaient d'excellents résultats, notamment en biathlon, alors que la Russie venait, une semaine plus tôt, d'envahir leur pays. En raison de ce conflit, le CIP a d'ailleurs finalement exclu les sportifs russes et bélarusses de la compétition. Après avoir envisagé un boycott de Paris 2024 pour protester contre la présence d'athlètes russes et biélorusses sous bannière neutre, l'Ukraine reste résolue à défendre ses couleurs à Paris. 

Il n'y a pas qu'au Jeux d'hiver que l'Ukraine cultive l'excellence aux paralympiques. L'Ukraine cultive de longue date un vrai professionnalisme sur l'accompagnement des sportifs handicapés. "Le pays a démarré son protocole de développement du paralympisme au tout début des années 1990 parce que la catastrophe de Tchernobyl en 1986 a généré une génération entière d'enfant née avec une situation de handicap, développe Jean Minier. Ils ont mis en place un programme pour pouvoir faire face à cette catastrophe humaine et humanitaire. Et derrière, ils ont mis les moyens nécessaires pour pouvoir y parvenir."

Au niveau du tableau des médailles, le pays est souvent dans le top 10 et même sur le podium en 2016 à Rio. L'Ukraine finit souvent devant les pays européens comme l'Italie et les Pays-Bas ou des grandes nations sportives comme l'Australie. Pour Jean Minier, la délégation brésilienne, composée de 300 athlètes et d'une centaine de coachs sportifs, est notamment à surveiller lors de ces Jeux paralympiques. Le Brésil "est actuellement en train de construire et de bâtir une politique de sport de haut niveau, dans l'élan des Jeux qu'ils ont organisés en 2016, qui me semble intéressante à suivre".

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