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Jeux paralympiques 2021 : la boccia, un sport de stratégie dans lequel les Français espèrent briller pour la première fois

Les épreuves de boccia débutent samedi à Tokyo et la France pourrait y glaner des médailles. Franceinfo: sport a rencontré deux des trois représentants tricolores dans cette discipline, proche de la pétanque. 

Article rédigé par Hortense Leblanc, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Rodrigue Brenek et l'équipe de France de Boccia visent l'or à Tokyo. (Hortense Leblanc)

"Mets la grande rampe, descends, plus à droite, balle n°2"... Dans son vaste salon peu aménagé pour lui permettre de circuler en fauteuil roulant et de s'entraîner, Samir Vanderbeken a été rejoint par Rodrigue Brenek. Les deux coéquipiers en équipe de France de boccia entament une partie, aidés par un assistant, Thomas, à qui ils donnent leurs consignes pour régler la rampe de lancement des balles.

À quelques jours de s'envoler pour Tokyo, ils se retrouvent à Saint-Quentin (Aisne), où vit Samir Vanderbeken (27 ans), pour répéter leurs gammes et travailler de nouvelles techniques. "Je n'ai pas mis de meubles, comme ça je peux m'entraîner. Ici je dispose de six mètres environ, ce ne sont pas les 10 mètres d'un terrain classique mais c'est bien suffisant pour s'entraîner. Puis pendant le confinement, c'était pratique de pouvoir rester chez soi", explique le quadruple champion de France. 

Première pour l'équipe de France de boccia à Tokyo

Pour la première fois depuis l'inscription de cette discipline au programme paralympique en 1984, des athlètes français défendront leurs chances en boccia. "C'est beaucoup de fierté, surtout si on devient les premiers à ramener une médaille. En France, on a attendu presque 40 ans pour se qualifier", s'exclame Rodrigue Brenek (25 ans). Dans leur catégorie BC3, destinée aux athlètes ayant une limitation des mouvements du tronc et des membres et qui s'aident d'une rampe de lancement, les trois représentants tricolores ont une réelle chance de médaille. 

Samir Vanderbeken est atteint d'une myopathie des ceintures, qui provoque une dégénération progressive de ses muscles. Rodrigue Brenek est né avec une paralysie cérébrale, qui l'empêche notamment de marcher. Tous les deux ne peuvent pas lancer eux-mêmes les balles de boccia et se servent donc d'une rampe, dirigée et ajustée par un assistant, selon les consignes des deux athlètes. Une fois le tout placé, ils n'ont plus qu'à pousser la balle à l'aide d'une sorte de baguette. "On est la tête, il est les bras", résument-ils.

Dans la catégorie BC3, les joueurs donnent leurs consignes à un assistant qui ajuste la longueur et la direction de la rampe de lancement, puis y place la balle.   (Hortense Leblanc)

Un aspect stratégique prépondérant

La boccia est un sport mixte uniquement paralympique, qui se rapproche de la pétanque. Chaque joueur dispose de six balles qu'il doit tenter de rapprocher du "jack", le cochonnet de la boccia. La rencontre se dispute en quatre manches, et le joueur qui a obtenu le plus de points à l'issue de ces manches est déclaré vainqueur. Contrairement à la pétanque, les balles de boccia sont en cuir et de densités différentes (molles, semi-molles et dures), ce qui ajoute un aspect stratégique avec des balles plus appropriées pour l'attaque ou la défense d'une position. "C'est un jeu de mise en échec, de stratégie, il faut avoir beaucoup de technique et être concentré", explique Samir Vanderbeken. 

Rodrigue Brenek et lui se sont rencontrés au club handisport de LADAPT Cambrai, après avoir pratiqué la sarbacane dans un premier temps. "Mais il n'y a pas d'équipe de France de sarbacane, donc je me suis mis à la boccia", explique le second, qui a tout de même été six fois champion de France dans sa première discipline. "Le matériel se développe et on commence à avoir de meilleures rampes", ajoute Rodrigue, qui s'exerce au rythme de trois entraînements de deux heures par semaine. 

Samir ne s'entraîne lui que deux à trois heures par semaine. "Mais derrière, je fais de la préparation mentale, qui m'aide dans ma routine d'avant-match avec beaucoup de travail sur la respiration et la concentration", nuance-t-il. Tous les mois, les deux joueurs retrouvent le reste de l'équipe de France de boccia pour des stages d'entraînement.

L'or à portée de balles

Pour les deux joueurs nordistes, participer aux Jeux paralympiques est déjà un rêve : "Je suis très fan de mangas donc j'avais toujours eu très envie d'aller au Japon, et avec les Jeux, je réalise deux rêves en un", raconte Rodrigue Brenek. Avec leur coéquipière Sonia Heckel, ils disputeront l'épreuve par équipe et mettent la barre haute dans leurs ambitions paralympiques : "On a été champions d'Europe en 2019 en battant les Grecs, numéros 1 mondiaux, donc on se donne l'objectif de la médaille d'or", expliquent-t-ils. 

Passée la frustration du report des Jeux, ils se sentent prêts à défendre leurs chances de sacre paralympique : "On a eu un an de plus pour travailler de nouvelles techniques, et même s'il n'y avait pus de compétitions, on a eu la chance d'avoir des stages tous les mois donc on se sent de mieux en mieux", relativise Samir Vanderberken, qui disputera aussi l'épreuve individuelle en espérant "aller le plus loin possible et se faire plaisir". Ensemble, ils comptent bien faire découvrir leur sport, assez méconnu en France, avant de revenir et de participer à Paris 2024, déjà dans le viseur. 

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